100 familles menacées en deux semaines,La campagne des expulsions est de retour

100 familles menacées en deux semaines,La campagne des expulsions est de retour
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Le comité «SOS Expulsions» propose que «les victimes d’expulsion soient relogées avant la période hivernale» et que «des mesures d’accompagnement soient prises, telles que la mise à leur disposition de chalets».

Les expulsions sont de retour. Des dizaines, voire des centaines de familles risquent de se retrouver à la rue les prochains jours. Au jour d’aujourd’hui, 720 familles ont été expulsées ou en voie de l’être à travers le territoire national.

Pour les deux dernières semaines, ce sont quelque 100 familles à avoir saisi le comité «SOS Expulsions». Leur drame et leur désarroi se justifient pour beaucoup d’entre elles par le «manque de transparence» dans les procédures d’expulsion, a expliqué le président du Comité «SOS expulsions», Salmi Hakim.

Il cite le cas de la jeune maman qui s’est immolée par le feu avant-hier dans la wilaya d’Oran. On croit savoir que cette mère de famille était dans son droit et on aurait pu éviter cette tragédie. Notre interlocuteur a exprimé sa crainte de voir d’autres cas se produire à l’avenir, d’autant que les autorités publiques ne prévoient aucune mesure pour venir en aide à ces familles.

LG Algérie

«Des enfants scolarisés se sont retrouvés à la rue, après l’expulsion de leurs familles», a-t-il indiqué, regrettant que leur cursus scolaire soit sérieusement menacé. Selon M. Salmi, la campagne des expulsions a cessé quelques mois et vient juste de reprendre. Une halte qu’il a justifiée par «la visite effectuée dernièrement par la rapporteuse de l’ONU sur le logement». «Maintenant qu’elle est partie, les autorités ont repris les opérations de délogement, sans que la situation sociale des concernés ne soit prise en considération», a-t-il expliqué, ajoutant : «Des familles se sont divisées ou séparées et des enfants ont été sérieusement perturbés et affectés après s’être retrouvés, du jour au lendemain, sans domicile fixe».

Notre interlocuteur a dénoncé le recours systématique à l’expulsion sans que des solutions concrètes et salutaires ne soient proposées, du moins pour sauvegarder la scolarité des élèves, préserver la dignité des familles et éviter le trottoir à des personnes malades. Ainsi, il propose que «les victimes d’expulsion soient relogées avant la période hivernale» et que «des mesures d’accompagnement soient prises, telles que la mise à leur disposition de chalets».

Aussi, le comité «SOS, Expulsions» insiste sur la nécessité de revoir la législation relative aux expulsions, notamment la création de cellules d’enquêtes sociales et de suivi au niveau des tribunaux, comme il revendique l’intégration, en priorité, des familles expulsées ou en voie de l’être dans des programmes d’accès au logement social. Interrogé sur l’interdiction d’expulsion des familles de leurs logements, en hiver ou à la rentrée scolaire, notre interlocuteur dira qu’aucune loi ne le stipule ouvertement.

Pour preuve, «une famille de Bouzaréah a été jetée, au mois de décembre dernier à la rue, alors qu’il pleuvait averse». «Une autre famille a été mise dehors et habite actuellement dans une tente sur la voie publique, sans le moindre égard aux enfants scolarisés». Des cas parmi beaucoup d’autres qui témoignent d’une tragédie que rien «ne peut justifier», s’indigne notre interlocuteur. Il précisera par ailleurs que le nombre réel des familles expulsées ou menacées d’expulsion est méconnu et devrait dépasser de loin celui communiqué par son comité.

Par Aomar Fekrache