10 mois après la chute de Ben Ali : 90 islamistes siègeront à l’Assemblée constituante

10 mois après la chute de Ben Ali : 90 islamistes siègeront à l’Assemblée constituante
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Les résultats définitifs sont tombés. Avec 90 sièges sur 217 à l’assemblée constituante, le parti islamiste Ennahda distance largement les partis de gauche, très loin derrière avec 30 et 21 sièges.

Des habitants de Sidi Bouzid, la ville d’où est partie la révolution qui a balayé Ben Ali en janvier 2011 ont déclenché des violences. Depuis l’annonce de leur victoire, les islamistes multiplient des déclarations visant à rassurer les opinions tunisiennes et internationales qui craignent l’instauration d’une régime islamique.

Le parti islamiste Ennahda a remporté les élections du 23 octobre en Tunisie avec « 41,47% des sièges » de la nouvelle assemblée constituante, selon le résultat final provisoire annoncé jeudi soir par la commission électorale (Isie). Ennahda obtient ainsi 90 sièges dans l’assemblée qui comprend 217 membres.

Le parti Ennahda, durement réprimé sous l’ancien régime de Ben Ali, et légalisé après la révolution, fait ainsi une entrée par la grande porte sur la scène politique tunisienne et pèsera sur toutes les grandes décisions concernant l’avenir du pays.

LG Algérie

Il devance le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) avec 30 sièges (13,82%) et Ettakatol (gauche), avec 21 sièges (9,68%), a précisé le président de la Commission M. Kamel Jendoubi, quatre jours après les premières élections libres dans l’histoire du pays.

Le milliardaire londonien se retire

La liste surprise de ces élections, « La pétition populaire pour la justice et le développement » d’Hechmi Haadmi, un richissime homme d’affaires tunisien basé à Londres, se positionne en quatrième

De Londres d’où il a fait campagne sans mettre les pieds en Tunisie via sa chaine satellitaire «al-Mostakilla», M Haamdi est soupçonné d’avoir acheté des votes, d’avoir enfreint la législation sur le financement des partis politiques. En raison de cette invalidation, il a annoncé à l’AFP qu’il se retirait de l’assemblée.

L’annonce de cette mesure a provoqué une vague de violences à Sidi Bouzid, ville du centre de la Tunisie où avait commencé la révolution en décembre 2010, et dont M. Haamdi est originaire. Des groupes de jeunes ont notamment mis à sac le local d’Ennahda et jeté des pierres sur les forces de l’ordre.

Tractations

Peu après le scrutin de dimanche dernier, les islamistes et les principaux partis de gauche ont engagé des tractations pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale souhaité par Ennahda.

Le numéro deux du parti islamiste, Hamadi Jebali, 62 ans, a indiqué qu’il se porterait candidat à la direction du prochain gouvernement et fait part de son intention de composer avec les principales formations de gauche.

Toutefois, le nouveau chef du gouvernement ne pourra être désigné que par le prochain président de la république par intérim, qui, lui-même, sera élu par la future assemblée constituante. L’ensemble du processus devrait s’étaler sur plusieurs semaines.

Discours rassurants

Pour dissiper la vive appréhension que suscite sa prochaine accession au pouvoir, Ennahda multiplie les déclarations selon lesquelles la future Constitution, l’une des priorités de la prochaine assemblée issue de l’élection, ne pourra voir le jour « sans un consensus avec les partis et les partenaires qui y sont représentés ».

Il n’est pas question, pour le numéro deux d’Ennahda, d’ « imposer une Constitution (…) qui abroge certaines libertés comme la liberté de croyance, les libertés individuelles, la situation juridique de la femme et sa place dans la société ».

Tunisie libre et indépendante

Les droits des femmes et de tous ceux qui n’ont pas d’appartenance religieuse affirmée seront protégés en Tunisie, a promis le dirigeant islamiste Rachid Ghannouchi après la confirmation de la victoire de son parti.

« Nous allons poursuivre cette révolution pour atteindre l’objectif d’une Tunisie libre, indépendante, en développement et prospère dans laquelle les droits de Dieu et du prophète, des femmes, des hommes, des croyants et des non croyants seront garantis parce que la Tunisie appartient à tous», a-t-il dit.

« Il n’est en outre pas question, a-t-il insisté, de faire revenir la femme au foyer comme cherchent à le propager des ennemis » d’Ennahda, ni de remettre en cause les acquis du secteur touristique qui représentait 7% du PIB tunisien en 2010, mais a subi une chute spectaculaire depuis la fin du régime de Ben Ali en janvier dernier.

L’alcool ne sera pas interdit

« Est-il raisonnable, a lancé M. Jebali, de paralyser un secteur vital comme le tourisme en interdisant les boissons alcoolisées et le port de maillots de bains ou autres pratiques ? Ce sont des libertés individuelles garanties aussi bien pour les étrangers que pour les Tunisiens », a-t-il martelé.

De même, selon M. Jebali, Ennahda n’a nullement l’intention de démanteler le système financier en vigueur en Tunisie ni de restreindre les activités des hommes d’affaires.

Avec AFP et Reuters