5700 équipements sont en panne. 1887 autres achetés et non installés. 2100 installés et non utilisés.
Djamel Ould Abbès crève l’abcès au sujet des équipements hospitaliers. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a révélé hier, que près de 10.000 équipements hospitaliers périssent dans nos hôpitaux.
«Nous avons recensé 10.000 équipements hospitaliers non exploités pour des raisons diverses», a dévoilé le ministre hier dans une déclaration à la presse, en marge de l’exposé du projet de loi de finances 2011 à l’APN. Un chiffre qui a intrigué même le ministre. «Vous vous rendez compte?», s’est-il interrogé. Et de s’exclamer: «C’est énorme!».
Le matériel en question constitue, pourtant, le maillon faible des hôpitaux nationaux. Il s’agit des scanners, des appareils de radiologie, de laboratoire et d’ophtalmologie. Le ministre revient, par la même occasion, sur les raisons de la «non-exploitation» de ce matériel. Plus de 5700 équipements sont à l’état d’abandon, à cause des pannes.
Le ministre a précisé que de grands équipements se trouvent en panne depuis des années et que les responsables n’ont pas pris la peine de réparer. «J’ai trouvé des équipements à Annaba en panne depuis 7 ans!», a indiqué le ministre. Outre ceux qui sont en panne, plus de 1887 autres équipements ne sont pas encore installés. «C’est inconcevable d’acheter un équipement dédié à la santé publique, mais on ne l’exploite pas», dit révolté le ministre. Et d’ajouter que 2100 équipements sont installés, mais non utilisés! «Je me demande pourquoi on a acheté des équipements qu’on n’utilise pas!»
Par ailleurs, le ministre s’est demandé pourquoi les responsables locaux ont-ils acquis un matériel sophistiqué, alors que leurs hôpitaux ne disposent pas de service pour exploiter ce matériel. Et de citer le cas d’une centaine d’appareils d’ophtalmologie achetés et qui moisissent dans les hôpitaux. Qui est responsable de cette situation?
«Je n’accuse personne et je ne remets pas en cause mes prédécesseurs», a répondu le ministre. Et de souligner que ses services mènent une enquête dont les résultats seront connus d’ici la fin de l’année. «Ce n’est pas le ministre de la Santé qui avait fait la commande, mais ce sont les responsables locaux. Je dis plutôt, qu’il y a un problème de culture de l’Etat.
Le ministre doit assumer sa responsabilité lorsqu’il est nommé à la tête d’un secteur», a-t-il précisé. Tout en reconnaissant que «cette affaire dérange, et je le sais très bien». Pour le ministre, il est inconcevable que l’Etat paie des factures en devises pour l’acquisition d’équipements ultrasophistiqués qui finissent par rouiller parce que inexploités.
«Des salaires de misère pour nos médecins»
Sollicité sur la révision de la grille des salaires des médecins et spécialistes de la santé publique, le ministre a promis que cette situation sera réglée. «J’ai exposé le problème des salaires maintes fois, aussi bien avec les syndicats qu’au sein du gouvernement», a-t-il répondu. Et de reconnaître que les médecins algériens sont les sous-payés au Maghreb.
«Je le dis avec sincérité, nos médecins, nos spécialistes, nos infirmiers sont très mal payés. J’ai reçu les syndicats et je leur ai bien fait comprendre que leurs revendications sont légitimes», a-t-il précisé. Et d’ajouter: «J’ai donné un tableau comparatif sur ce que nous donnons comme salaires à nos médecins et ce qu’on donne chez nos voisins du Maghreb», il y a une très grande différence. M.Ould Abbès s’est dit sensible à cette question au même titre d’ailleurs, que le président de la République et le Premier ministre.
«J’ai bien dit à M.le Président Abdelaziz Bouteflika, qui était très attentif à ce problème, qu’il est anormal que nos médecins soient sous-payés. J’ai dit la même chose au Premier ministre qui s’est montré, à son tour, très sensible sur le fait qu’on doit réviser les salaires de nos spécialistes», a-t-il dévoilé.
Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière promet que le gouvernement trouvera une solution pour que les spécialistes de la santé publique aient un salaire «digne de la blouse blanche et digne de la mission qu’on lui confie».
«Il est inimaginable que nos spécialistes qui finissent leurs études à l’âge de 32 ans, touchent des salaires de misère et indignes de la profession», avoue-t-il convaincu. Concernant la réglementation des cliniques privées, le ministre a réitéré que ses services renforceront «sans arrêt, le contrôle sur le terrain». Le ministre promet que cette augmentation interviendra à partir du mois de janvier prochain.
Récemment, le ministère de la Santé a déclenché, rappelle le ministre, une opération annuelle de contrôle et les cliniques qui ne respectent pas le cahier des charges seront fermées. «J’ai reçu des plaintes de la part des citoyens et des médecins. Les cliniques qui n’auront pas le minimum requis en matière d’équipements ou dont les travailleurs n’exercent pas dans la légalité de la loi, assumeront leur responsabilité», a-t-il averti en conclusion.
Tahar FATTANI