L’humiliation du 4 juin à Marrakech semble avoir fouetté les esprits des responsables de la FAF qui se sont réunis, hier, au CNTF, sous la présidence de Mohamed Raouraoua, afin de répondre très vite à l’attente des supporters et d’atténuer leur profonde déception. Le résultat ne s’est pas fait attendre, puisque le compte rendu de cette réunion a révélé les intentions de Raouraoua et de son équipe.
Un appel à candidature, une première
A commencer par l’engagement officiel de la part de la FAF de lancer un appel à candidature «afin que soient choisis un sélectionneur et des techniciens parmi les plus compétents», comme l’assure le communiqué de la fédération. Recruter un sélectionneur sur la base d’un appel à candidature est une première dans les annales de la FAF, mais cela s’explique par le souci de M. Raouraoua de ne pas commettre d’erreur. Avoir un large panel de techniciens lui permettra sans doute de bénéficier des meilleures compétences. Dernier délai de l’envoi des CV : le 30 juin. Cela veut dire qu’avant cette date, le nom du futur sélectionneur national ne sera pas rendu public.
L’entraîneur local voué aux gémonies
«La Fédération avait toujours privilégié les techniciens algériens en leur donnant leur chance pour exercer au plus haut niveau, comme elle a mobilisé l’ensemble des moyens nécessaires à une gestion optimale de notre Equipe nationale. Le Bureau fédéral a pris acte de l’échec de cette option et au vu des importantes échéances qui attendent l’Equipe nationale, privilégie désormais, le recrutement d’un staff technique de haut niveau international», dit encore le communiqué fleuve de la FAF. Une manière de vouer aux gémonies les compétences locales, alors que les meilleurs résultats de l’Equipe nationale, y compris la dernière qualification en Coupe du monde, ont été réalisés par des techniciens nationaux.
Rabah Saâdane taclé
«La défaite essuyée par notre Equipe nationale au Maroc a profondément déçu, au même titre que les supporters, le président de la FAF et les membres du Bureau fédéral, d’autant qu’elle hypothèque les chances de qualification de l’Equipe nationale à la Coupe d’Afrique des nations 2012 prévue conjointement au Gabon et en Guinée équatoriale. Il y a lieu de rappeler que ces qualifications ont très mal débuté depuis le match nul concédé à domicile face à la Tanzanie, faisant perdre à l’Equipe nationale deux précieux points.» A travers l’analyse faite par le Bureau fédéral de la fédération, il est clair que c’est Rabah Saâdane qui est visé, puisque c’est lui qui était sur le banc à Annaba face à la Tanzanie. Une manière aussi de remercier Benchikha d’avoir démissionné sans réclamer le reste de son dû.
Regarder l’Egypte pour se consoler
«Des cycles négatifs peuvent intervenir dans la vie des équipes nationales, les exemples ne manquent pas. L’Egypte, triple champion d’Afrique, le Cameroun et le Nigeria, pourtant dotés d’un palmarès prestigieux, subissent à l’instar de notre Equipe nationale des revers inattendus lors des mêmes qualifications pour la CAN 2012.» Les membres du Bureau fédéral étaient sans doute «satisfaits» d’apprendre que l’Egypte a été éliminée de la CAN et que le Cameroun et le Nigeria sont sur le point de lui emboîter le pas. Cela leur permet aujourd’hui d’atténuer un tant soit peu la déception du peuple algérien. Sauf que ni l’Egypte, ni le Cameroun, ni le Nigeria n’ont perdu par 4 buts à 0.
Le ministère sur la touche
«Si par le passé, les ressources financières ne permettaient pas cette option (Ndlr , celle de l’entraîneur étranger de renom), il n’en est pas de même aujourd’hui, la Fédération étant en mesure de payer les salaires, grâce à sa politique marketing.» Un clin d’œil au ministère de la Jeunesse et des Sports dont les rapports avec la fédération ne sont pas au point et qui n’aura aucun droit de regard sur le choix du nouveau sélectionneur, puisque la FAF possède les ressources financières nécessaires pour engager un entraîneur étranger avec un CV respectable et qui sera capable de remettre de l’ordre dans la maison Equipe nationale.
Des joueurs risquent de sauter
«Quant aux joueurs, même si la sélection dispose d’un potentiel important qui sera renforcé en permanence, il incombera au seul futur staff technique de procéder à une réévaluation technique de l’ensemble de sa composante, et ce, dans le but d’entamer un nouveau cycle dans les meilleures conditions possibles.» Tout en affirmant qu’il y aura aucune immixtion dans le travail technique du futur sélectionneur, le rédacteur du communiqué de la FAF glisse deux mots lourds de sens : «nouveau cycle». Cela veut dire que des changements sont prévus avant même que le sélectionneur ne soit installé dans ses nouvelles fonctions. Des joueurs qui vont sauter ont déjà été remerciés pour services rendus, comme le dit le communiqué : «Cependant, il y a lieu de rappeler que les joueurs évoluant à l’étranger se sont sacrifiés pour l’Equipe nationale en se rendant disponibles, malgré les réticences, les sanctions sournoises que leur infligent leurs clubs respectifs, sans oublier les risques liés à leur emploi.»
La sélection s’éloigne encore pour les locaux
«L’analyse du football national démontre que la gestion obsolète des clubs et le niveau technique médiocre des compétitions nationales ne produisent plus des joueurs de haute qualité technique. Ceci est une vérité, puisque les sélectionneurs ont à chaque fois injecté dans le groupe Algérie quelques joueurs issus du championnat national qui malheureusement, à quelques exceptions près, ont été un échec. Pour y remédier, la FAF a lancé, vaille que vaille, le professionnalisme dans l’espoir de contribuer à l’élévation du niveau des joueurs». Il est clair, à travers l’analyse des responsables de la fédération, que le joueur local ne peut pas prétendre à une place en sélection dans un avenir proche. Sauf peut-être ceux qui auront la chance de signer en Europe, comme Halliche ou… les gardiens de but remplaçants.
4 matchs au nouveau sélectionneur pour connaître l’équipe
«L’Equipe nationale va entamer un nouveau cycle avec la programmation de deux matchs amicaux en août et en novembre 2011 qui s’ajouteront aux deux matchs officiels programmés dans le cadre des éliminatoires de la CAN-2012 (Tanzanie et République centrafricaine). Ces matchs serviront de support aux futures et importantes échéances de l’Equipe nationale que sont les qualifications à la CAN 2013 et à la Coupe du Monde, Brésil 2014, qui débuteront à l’aube de l’année 2012.» Si l’on comprend bien, les responsables de la fédération ont tiré un trait définitif sur la qualification à la CAN-2012, alors que mathématiquement, il reste encore des chances d’y être. Il ne sera donc pas demandé au nouveau sélectionneur de qualifier l’équipe à la prochaine Coupe d’Afrique, mais plutôt de la diriger pendant quatre matchs pour mieux la connaître et préparer les prochaines échéances dans les meilleures conditions.
Des chiffres trompeurs
«A titre indicatif, la réussite de notre Equipe nationale lors des dernières importantes compétitions, à savoir la CAN-2010 et la Coupe du monde-2010, a été concrétisée malgré le bilan suivant établi sur les derniers dix-huit mois avec 4 victoires, 4 nuls et 10 défaites.» C’est vrai que depuis la fin de la CAN-2010, l’Equipe nationale a multiplié les mauvais résultats, mais avant -pendant le rendez-vous angolais- elle avait réalisé ses meilleurs résultats depuis des décennies. Si les responsables de la FAF étaient revenus un an en arrière, ils auraient eu un bilan plus élogieux avec 5 victoires, une défaite et un nul au cours de l’année 2009.