1 million de tonnes de blé commandé par l’Algérie

1 million de tonnes de blé commandé par l’Algérie

La course vers le stockage du blé pourrait conduire à l’augmentation de son prix sur le marché mondial.

L’Algérie est en train de jouer à la fourmi en se prémunissant grâce aux réserves importantes de blé. En effet, le site d’info en continu «algerie-plus.com», révèle que l’Algérie a acheté environ 1 million de tonnes de blé en quinze jours à peine! 600.000 tonnes ont été commandées rien que pour la journée de mardi, révèle la même source.

Cet accroissement des commandes de l’Algérie en blé s’explique en partie par les dernières émeutes de l’huile et du sucre qui ont secoué le pays. Mais c’est surtout par peur d’une contagion de la Révolution tunisienne. Ces paramètres d’instabilité poussent «vraisemblablement le pays à constituer suffisamment de stocks pour éviter un scénario «à la tunisienne» alors que les tensions sont déjà vives dans le pays», analyse, pour sa part, le site spécialisé «plein champ.com». Cependant, la Révolution du «jasmin» n’inquiète pas que l’Algérie.

Tous les pays du Maghreb, achètent en masse des céréales pour éviter d’éventuelles émeutes de la faim, au risque d’accroître encore davantage les prix des produits alimentaires dans le monde. Michel Portier, directeur du cabinet de conseils spécialisé Agritel confie à l’AFP qu’il a été «constaté une forte accélération des achats de céréales et d’huile des pays du Maghreb: Maroc, Libye, Algérie et aussi du Soudan». Il précise que «ces achats portent essentiellement sur des produits alimentaires de base comme le blé, le maïs, les oléagineux, l’orge». La Libye a emboîté le pas à l’Algérie, en achetant 100.000 tonnes de blé sur le marché international. Même le Maroc s’est mis de la partie en lançant le 12 janvier, un appel d’offres portant sur l’achat d’environ 255.000 tonnes de céréales, dont 154.500 tonnes de blé et 100.000 tonnes d’orge.

Malheureusement, cette ruée des pays d’Afrique du Nord sur les produits agricoles risque d’affecter des stocks européens déjà serrés, redoutent les analystes. Cette baisse des réserves européennes pourrait créer un effet domino qui se répercutera négativement sur pratiquement tous les pays du monde. La France pourrait être l’un des pays les plus touchés.

En se retrouvant dans une «situation extrêmement tendue» en mai-juin, période de fin de la récolte en cours, assure M.Portier. Agritel, craint qu’il «n’y ait plus rien à vendre avant l’arrivée de la nouvelle récolte en juillet». Le seuil maximum des exportations françaises de blé fixé à 11,8 millions de tonnes de blé devrait de ce fait, être largement dépassé dès le printemps.

Cette forte demande pourrait avoir un effet papillon en faisant monter «les prix intérieurs. Elle sera inflationniste», ajoute le cabinet. D’autant que les aléas climatiques pourraient perturber les récoltes dans d’autres gros pays producteurs comme l’Australie, frappée par des inondations exceptionnelles, et la Russie, touchée par la sécheresse. Surtout qu’il faut rappeler que le prix de la tonne de blé, qui a dépassé les 250 euros, pourrait atteindre dans les prochaines semaines les 300 euros, niveau historique franchi lors de la crise alimentaire de 2008. Le sucre, lui, se rapproche des 34 cents la livre, record atteint en 1981.

Walid AÏT SAÏD