Le nombre de 1 668 507 bulletins nuls recensés lors des élections législatives de jeudi dernier s’explique-t-il par l’indécision des électeurs face à la pléthore des listes de candidatures ?
Parmi les résultats préliminaires des élections législatives de jeudi dernier, un chiffre attire l’attention. C’est le nombre de 1 668 507 bulletins nuls recensés. Un nombre que les politologues, juristes et autres observateurs considèrent élevé, rapporté aux autres résultats électoraux, notamment le nombre des suffrages exprimés (7 509 549) et aux 12 486 292 abstentions constatées. Mais quelle signification apporter à l’acte de cet électeur de Naciria (Boumerdès) qui a déposé dans l’urne une enveloppe contenant l’inscription suivante : Vive François Hollande, Sarkozy bon débarras ? Une inscription faite au stylo et qui a de facto entraîné la nullité du bulletin, conformément à la réglementation. Quel sens donner à cet autre électeur qui a déposé une enveloppe contenant plusieurs bulletins déchirés ou cet autre qui a mis dans l’urne une enveloppe vide ? Une signification sur laquelle plusieurs chefs de parti et observateurs s’interrogent, avançant quelques hypothèses. Pour certains observateurs, notamment le juriste et avocat Me Brahimi, le nombre de bulletins invalides «c’est beaucoup». Toutefois, ce juriste ne pense pas que cet acte relève d’une «volonté délibérée» des électeurs, mais peut-être par leur «inexpérience». Et d’autant que 9 178 056 Algériens ont préféré participer au scrutin plutôt que s’abstenir, exerçant leur droit constitutionnel, civil et civique. Et que les votants devaient choisir parmi une pléthore de listes de candidatures dont plusieurs inconnues du grand public, dont l’entrée sur la scène politique est toute récente. Or, l’incertitude, l’indécision des électeurs explique-t-elle à elle seule ce nombre de bulletins nuls qui représente plus de 20% des suffrages exprimés (7 509 549) mais supérieur au demeurant à celui des élections similaires de 2007 (961 751 bulletins) ? Peut-être même si pour l’universitaire et juriste Souilah Boudjemaâ, les électeurs qui ont déposé ces bulletins ont choisi ce moyen pour s’exprimer, voire exprimer leur mécontentement, sans opter pour l’abstention. Tout en estimant que ce choix électoral n’a pas d’impact et n’a pas de lien de causalité avec le mode de scrutin mais doit être apprécié à l’aune des mœurs politiques citoyennes. Mais aussi en relevant que l’usage du bulletin blanc est assez répandu de par le monde. Relevons dans ce sens que les récentes élections présidentielles en France ont été marquées, outre les 9 056 183 abstentions au second tour et 9 451 687 au premier tour, par un nombre de 2 147 173 bulletins nuls ou blancs au second tour. Motivé certainement par l’indécision des Français quant au choix du candidat socialiste François Hollande, un nombre qui représente le triple des bulletins nuls déposés lors du premier tour (700 119) et qui doit être apprécié par rapport aux 34 869 809 suffrages exprimés au second tour (35 885 739 au premier tour). Et dans le contexte où le corps électoral français (46,073 millions d’inscrits) représente plus que le double du corps électoral officiel de l’Algérie (21 664 348 inscrits).
C. B.