Après une période de léthargie de onze années, Alliance Assurance, société privée algérienne, a réussi à introduire la troisième cotation dans l’histoire de la Bourse algérienne dont la création remonte à 1993.
Après les actions de Saidal, entreprise publique de production de médicaments, et celle de l’Hôtel Aurassi, entreprise relevant du secteur du tourisme, c’est au tour de cette société de relever le défi de la cotation. Alliance Assurance qui avait eu, le 8 août 2010, le visa de la Cosob pour cette opération, a ouvert la souscription début novembre et au bout d’un mois, en fait «19 jours ouvrables», l’opération a été clôturée avec succès.
C’est M. Khelifati, PDG de la société, qui le dit. Dans une rencontre d’évaluation, il avance le chiffre de 1.440.213.514 DA de fonds levés, soit 1.804.511 actions souscrites auprès de 5.518 actionnaires. Pour le patron d’Alliance Assurance, «c’est une réussite à plus de 143% des objectifs» puisqu’il y a eu, dit-il, «des appels de souscripteurs même après la période de clôture». Ces résultats ont été validés le 21 décembre dernier par le comité de suivi. Le titre sera coté en Bourse, en février prochain.Les responsables de la compagnie devront déjà, avant de réunir l’assemblée des actionnaires, se pencher sur la révision des procédures juridiques et des statuts puisque les montants engrangés serviront à de nouveaux projets et à l’augmentation de capital, exigée par la loi.
Essayant de tirer des conclussions de cet appel à l’épargne via la Bourse, premier du genre, pour une entreprise privée, le responsable d’Alliance Assurance s’est montré content qu’il ait pu «démythifier la Bourse». Il s’est dit «surpris par l’engouement des personnes physiques vis-à-vis de l’opération» (79,1%), à telle enseigne qu’on a dû «réviser les quote-parts des autres candidats, tels les institutionnels, les agents généraux». Le marché quand il est rassurant «peut donner des signaux positifs», conclut-il.
Pour les responsables financiers, il ne fait pas de doute que cette opération va faire «rebondir la Bourse», «accroître les titres en circulation et la capitalisation boursière» qui devra passer de 7 milliards DA à 12 milliards, soit une croissance de 62%», dira M. Mustapha Ferfera, PDG de la Société de gestion des valeurs boursières (SGVB).Mais pourquoi notre Bourse locale est-elle aussi amorphe alors que dans beaucoup de pays tels la Jordanie, l’Egypte, ou encore le Koweït, il y a entre 275 à 300 titres introduits ? La réponse nous vient du président de la Cosob (Commission de surveillance des opérations en Bourse). M. Noureddine Smail explique d’abord que la Bourse d’Alger a déjà 20 ans et qu’elle a été créée selon «une vision futuriste».
BOURSE D’ALGER, «UN CADRE LÉGAL NON ACHEVÉ»
Ce schéma «nous pose beaucoup de problèmes», dit-il. Il y a du coup «une situation d’attente» que tout «le monde nous reproche, observateurs étrangers et pouvoirs publics». En plus, «le cadre légal est non achevé». M. Smail qui regrette que la privatisation par exemple «se soit faite en dehors de la Bourse», pense qu’il y a aujourd’hui «des facteurs encourageants». D’abord, la constitution de grands groupes d’entreprises, la modernisation des banques algériennes et leur familiarisation avec les techniques d’appel à l’épargne…Le nouveau système financier et comptable sera l’autre élément qui pousse à la transparence, à la sincérité de l’information et donc favorise l’ouverture de l’entreprise algérienne.
Un programme de réflexion sur le fonctionnement de la Bourse est prévu en 2011. Sous l’autorité du ministère des Finances, «une unité de gestion des projets» sera créée et travaillera durant une année sur tous les aspects de la modernisation de Bourse et poser des «problèmes de fonds», dira le président de la Cosob.Il ne suffit plus de dresser comme par le passé les entreprises à entrer en Bourse, il faut les identifier. On avance à ce titre un grand potentiel évalué à «une centaine d’entreprises qui sont éligibles à la Bourse».
• M. Ferfera DG de la SGVB : «Le marché boursier en augmentation en 2010 par rapport à 2009»
Le DG de la Société de gestion des valeurs boursières a estimé que le marché boursier algérien est «en augmentation en 2010 par rapport à 2009». Ainsi, ces résultats sont dus à l’augmentation des deux seuls titres en cotation, l’action de Saidal dont le cours passe de 450 DA à 520 DA alors que celle de l’Aurassi a connu une stabilisation. En revanche, les échanges ont enregistré un resserrement en raison de «l’arrivée à échéance de l’emprunt obligataire d’Air Algérie», explique M. Ferfera. Les détenteurs de ce titre préfèrent, semble-t-il, le garder en prévision de son appréciation.