1ᵉʳ déficit commercial depuis 2021 : l’Algérie repasse au rouge à cause de ces produits importés

1ᵉʳ déficit commercial depuis 2021 : l’Algérie repasse au rouge à cause de ces produits importés
Balance commerciale 2025 – Rapport ONS

Au premier semestre 2025, le commerce extérieur de l’Algérie s’enfonce dans une zone rouge. Les exportations reculent, les importations grimpent, les prix bougent dans des directions opposées… et pour la première fois depuis quatre ans, la balance commerciale bascule à nouveau dans le déficit.

Dans un contexte marqué par la volatilité des marchés et une pression croissante sur les finances publiques, les données dévoilées par l’Office national des statistiques (ONS) esquissent le portrait d’une économie mise à l’épreuve.

Derrière les courbes et les pourcentages, un fait domine. Le déficit commercial atteint 711,5 milliards de dinars. Une situation qui interroge sur la trajectoire du commerce extérieur algérien, encore largement influencé par les performances de son secteur énergétique.

Les importations s’envolent, les exportations fléchissent : l’ONS dresse le portrait de la balance commerciale au 1er semestre 2025

La première moitié de 2025 dévoile une dynamique contrastée. Malgré une baisse moyenne de 2,8% des prix à l’importation, les volumes importés grimpent fortement. L’ONS indique que les importations atteignent 3 767 milliards de dinars, soit une hausse de 28,4% en volume et 24,8% en valeur par rapport à l’année précédente.

Du côté des exportations, la tendance inverse se confirme. Les prix s’effritent de 7,4%, les volumes diminuent légèrement de 1,2%, et la valeur totale des ventes à l’étranger tombe à 3 055,6 milliards de dinars, en recul de 8,5%. Conséquence directe, un déséquilibre qui pèse mécaniquement sur la balance commerciale.

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Les principales variations relevées :

  • Importations : +28,4% en volume
  • Exportations : -1,2% en volume
  • Valeur des importations : +24,8%
  • Valeur des exportations : -8,5%
  • Déficit commercial : 711,5 milliards de dinars
  • Taux de couverture : 81,1%

Quelles marchandises tirent les prix vers le bas… ou vers le haut ?

Les évolutions des prix à l’importation montrent un marché fragmenté où certaines catégories se replient nettement, tandis que d’autres flambent.

Catégories en baisse :

  • Articles manufacturés divers : -14,6%
  • Produits chimiques : -10,7%
  • Machines et matériel de transport : -6,4%
  • Matières brutes non alimentaires : -4,5%
  • Boissons et tabacs : -0,4%

Catégories en hausse :

  • Combustibles minéraux et lubrifiants : +28,1%
  • Huiles, graisses et cires d’origine animale ou végétale : +16,3%

Cette opposition souligne une structure d’importation toujours dépendante des variations internationales, notamment dans l’énergie et les intrants industriels.

Hydrocarbures en repli, mais exportations hors pétrole en progression

L’évolution des prix et volumes d’exportation s’explique largement par la contreperformance du secteur des hydrocarbures. L’ONS précise que les prix du pétrole et du gaz ont reculé de 8,2%, tandis que les volumes exportés chutent de 2,1%.

À l’inverse, les exportations hors hydrocarbures se renforcent :

  • +8,6% en volume
  • +3% en prix
  • +11,8% en valeur

Un mouvement encourageant, même s’il reste insuffisant pour compenser le recul du secteur énergétique.

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Catégories en hausse dans les exportations hors hydrocarbures :

  • Machines et matériel de transport : +27,6%
  • Matières brutes non comestibles et huiles/cires : +5,4%
  • Articles manufacturés divers : +4,4%
  • Produits chimiques : +3,5%
  • Boissons et tabacs : +0,2%

Une seule catégorie bascule dans le rouge :

  • Produits alimentaires et animaux vivants : -8,4%

Déficit commercial en 2025 : termes de l’échange en baisse et indicateurs sous pression

Le recul des prix relatifs entre exportations et importations se reflète dans la baisse des termes de l’échange, passés de 131,4% à 125,3% en un an. Ce glissement indique que les produits exportés rapportent moins en comparaison du coût croissant des marchandises importées.

L’ONS rappelle que ces indices reposent sur des données douanières exprimées en valeurs et quantités, classées selon la nomenclature du Système harmonisé. La période de référence pour les comparaisons est fixée à 2019.

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Le premier semestre 2025 révèle une situation commerciale tendue pour l’Algérie. L’augmentation rapide des importations, conjuguée au recul des exportations énergétiques, plonge la balance commerciale dans un déficit marqué pour la première fois depuis quatre ans.

La progression des exportations hors hydrocarbures offre une lueur positive, mais elle ne suffit pas encore à inverser la tendance générale. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour mesurer l’impact des nouvelles mesures de régulation appliquées au commerce extérieur.