Avril 1987. Il commence à peine à faire jour sur les Hauts Plateaux de l’ouest du pays. En cette matinée printanière, il fait si doux dans les chaumières. Seuls les agriculteurs sont déjà aux champs.
Les villages qui longent la RN 14, engourdis, ont de la peine à se lever en ce vendredi, pourtant ensoleillé. La ville de Tiaret dort encore quand elle est tirée de son sommeil par une procession de voitures qui entrent, avertisseurs sonores, déployés à fond. Ce sont les supporters de l’USMH qui, par milliers, déferlent sur la ville et remplissent les artères dans un vacarme assourdissant.
Cet après-midi, l’USM El-Harrach affronte l’ES Guelma dans le cadre des demi-finales de la coupe d’Algérie. Archis favori, le club harrachi est accompagné par des dizaines de milliers de ses supporters. En un rien de temps, Tiaret est vêtue toute de jaune et noir. L’ambiance est indescriptible, admiratifs devant cette déferlante harrachie plutôt joyeuse, les Tiaretis prennent fait et cause avec la formation algéroise. Le match débute dans une ambiance folle et haut en couleur
. Profondément convaincus de la victoire de leur équipe, les dizaines de milliers de supporters harrachis donnent de la voix et ne s’arrêtent pas un seul instant. Sur le terrain, cela ne se passe pas comme prévu. Les Guelmis quadrillent le terrain et réduisent les espaces, le match est comme bloqué. Mais dans les gradins les Harrachis croient dur comme fer en leur bonne étoile et ne cessent pas leurs encouragements. Une étoile filante traverse le ciel, un coup de génie, un coup de rein, une feinte, une frappe et but.
Abdelkader Meziani, le capitaine harrachi, l’homme providentiel de l’USMH, met le feu au stade. Les travées du stade Kaïd Ahmed s’enflamment, le ciel tiareti devient subitement jaune et noir. La légende dit qu’au moment même où les 25 000 Harrachis ont crié en chœur «Il y est !», les clameurs qui sont montées du stade ont été entendues à Sougueur, à Dahmouni, à Guertoufa et même des Cascades de Mina.
C’est dire toute la joie du peuple harrachi qui était rentré le soir même à Alger dans une procession interminable de voitures, klaxons à fond. Cette folle ambiance de l’année 1987, les anciens la racontent encore aujourd’hui, et tous très fiers disent à leurs cadets «Oui j’y étais.» Aujourd’hui, le vieux stade Lavigerie aura de la peine à contenir la grande foule harrachie qui va, une fois de plus, tenter de porter très fort son onze pour rêver une fois de plus encore à ce trophée si convoité.