VIDEO. Algérie : pourquoi l’après-Bouteflika est tabou

VIDEO. Algérie : pourquoi l’après-Bouteflika est tabou

Francois-Hollande-et-Abdelaziz-Bouteflika-en-juin-dernier_pics_390.jpgGRAND ANGLE DIPLO – La future succession d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie préoccupe ses partenaires internationaux. Les déclarations françaises sont empreintes d’une immense prudence et même d’autocensure.

Les déclarations publiques des responsables français sur les préparatifs de la succession d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie sont empreintes d’une immense prudence et même d’autocensure. A l’exception de Nicolas Sarkozy cette semaine qui n’a pas hésité à parler d’un problème considérable. Faut-il crever l’abcès ou au contraire faire comme si de rien n’était. Ce n’est pas si simple…

Les officiels qui se succèdent à Alger sont porteurs de deux messages. D’abord pour dire que la relation avec l’Algérie est capitale pour les européens compte tenu des temps que nous traversons avec le terrorisme au Sahel, en Libye et en Tunisie, tous à la frontière de l’Algérie. Et ensuite pour dire que la succession du président Bouteflika ne nous regarde pas, que c’est l’affaire des algériens et qu’il est très difficile de prévoir ce qui va se passer compte tenu de l’opacité du régime et des clans qui codirigent le pays. Bien entendu, ces mêmes responsables de pays voisins, qu’il s’agisse des français ou des marocains par exemple, souhaitent ouvertement que la transition soit la plus paisible possible mais ne cachent pas leur embarras ou leur effroi sur les éventuelles conséquences d’une crise. Et tous de confier que la chute des revenus du pétrole et du gaz, mais surtout l’absence de stratégie de diversification, est des plus inquiétantes compte tenu du fait que jusqu’à présent les revenus considérables de cette manne ont permis d’acheter un minimum de paix sociale.

Spectre d’un retour en force des terroristes

Mais cela n’empêche pas de profiter de cette période d’attente pour poser des questions et installer un débat que la presse algérienne et les forces vives de ce pays souhaitent constructif.

Même s’il existe un scénario constitutionnel qui prévoit un intérim assuré par le président du Conseil de la Nation, l’équivalent de notre Sénat, les algériens se demandent si les institutions pourront tenir le choc et si les cercles concentriques autour de la présidence pourront s’entendre sur un candidat de consensus. Le nom du premier ministre Abdelmalek Sellal est souvent cité, mais d’autres personnalités semblent déjà en précampagne, comme l’atteste le retour au pays de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil, pourtant mis en cause dans de graves affaires de corruption.

Ce qui préoccupe les partenaires de l’Algérie, ce n’est pas tant le nom du futur président que les circonstances qui entoureront ce changement. La crise migratoire, le spectre d’un retour en force des terroristes, une surenchère dans le dossier du Sahara occidental entre le Maroc et l’Algérie, tout cela est examiné de près et l’on devine, à écouter les diplomates, que le souhait de la stabilité l’emporte sur celui des risques du renouveau. On n’en est pas encore là, mais vu la virulence sur ce sujet des réactions algériennes, qu’elles viennent de la société civile ou du pouvoir, on se dit que l’affaire ne se réglera pas facilement.