Alger: le château “hanté” de Raïs Hamidou a discrètement changé de vocation

Alger: le château “hanté” de Raïs Hamidou a discrètement changé de vocation

Le château « hanté » des Deux Moulins de Raïs Hamidou va-t-il subir le même sort que le château « Les Tourelles » de Bologhine ? La dite-bâtisse, dont les travaux de restauration s’inscrivaient dans le cadre du « projet d’expansion touristique » de la côte Ouest de la baie d’Alger, sera plutôt transformée en « résidence des hôtes de la wilaya », a appris ce mercredi 15 février 2017 le Huffington Post ALGÉRIE auprès du Président de l’assemblée populaire communale (P/APC) de Raïs Hamidou, Djamel Bellemou.

Délaissé pendant un demi-siècle, le château des Deux Moulins était visiblement concerné par les travaux d’aménagement de la Baie d’Alger (2010-2029). Et selon des représentants de la commune de Raïs Hamidou, sa restauration, annoncée en 2012 mais entamée trois années plus tard, est « inscrite dans un projet d’expansion touristique » de la côte Ouest de cette baie.

Ce projet, disaient-ils, visait à transformer « une superficie de « 3.000 m2 en complexe touristique comprenant des hôtels, piscines, restaurants, parkings et des aires de plaisance ».

Toutefois, les autorités restaient particulièrement discrètes sur le destin de ce château. Qu’allait-il devenir ? La wilaya a bel et bien publié des images sur sa page Facebook montrant le début des travaux de restauration en juin 2016 mais n’avait publié aucun détail supplémentaire.

Une visite « surprenante »

Une visite du wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, accompagné uniquement de son chauffeur, repéré un vendredi après-midi par des habitants du quartier a suffi pour susciter de vives interrogations. Cette inspection n’est-elle pas officielle ? Que projettent les autorités à cette bâtisse?

La visite en solitaire du chef de l’exécutif de la wilaya a surtout rappelé aux riverains l’affaire du château « Les Tourelles » à Bologhine, situé à quelques kilomètres à peine de Raïs Hamidou.

Abdelkader Zoukh avait été suspecté en octobre 2015 par les habitants de la commune de vouloir s’approprier cette ancienne crèche, le poussant à sortir de son silence et à démentir cette information. Il avait ainsi annoncé à la presse que cette bâtisse avait été transformée en « résidence des hôtes de la wilaya »

La suspicion des habitants de Raïs Hamidou est d’autant plus grande que ce chantier, interdit d’accès à défaut d’une autorisation wilayale, ne dispose d’aucune plaque réglementaire informative sur la nature du projet, l’identité du maître d’ouvrage, du maître d’oeuvre et la durée des travaux.

« Cette bâtisse sera transformée en résidence des hôtes de la wilaya », fait ainsi savoir M. Bellemou. Le président de l’APC de Raïs Hamidou a expliqué que ses servies « ignoraient par contre le taux d’avancement et le délai de livraison », dans un entretien téléphonique à notre rédaction, rajoutant que la wilaya « est le maître d’ouvrage, chargé ainsi des financements et des suivis ».

« Le devenir du château n’est pas encore décidé »

Contacté à son tour par le HuffPost ALGÉRIE, le chef du cabinet de la wilaya, Mohamed Amrani, n’a ni confirmé ni infirmé cette information. Il a plutôt affirmé que le « devenir de ce château, une fois restauré, n’est pas encore décidé ». « Nous sommes actuellement en phase de réhabilitation. Nous déciderons plus tard ce que ferons de cette bâtisse ».

M. Amrani a rajouté que la réhabilitation de ce projet entrait de le cadre de la campagne de réhabilitation et de restauration du vieux bâti, lancée par la wilaya d’Alger cela fait quelques années.

« Nous avons commencé par restaurer le Milk-Bar situé devant la placette de l’Emir Abdelkader (A la rue Larbi Ben M’hidi, NDLR) et le restaurant de la faculté centrale, actuellement baptisé « El Meida », a-t-il expliqué. Le chef du cabinet du wali Abdelkader Zoukh a rajouté que d’autres projets semblables ont également été lancés, dont l’hôtel des Négociants, situé également à la rue Larbi Ben M’hidi.

Il a également évoqué l’acquisition récente d’une dizaine de parking, dont ceux de la Place des Martyrs et El Kettani, d’une capacité de plus de 1000 places chacun.

Invité à confirmer ou infirmer l’information révélée par le P/APS de Raïs Hamidou, Mohamed Amrani a répliqué que « ces communes abandonnent de nombreux sites historiques, des perles archéologiques qui finissent squattées ou abîmés mais ne s’en rappellent qu’une fois les travaux de restauration entamés par les services de la wilaya », regrettant que « certains ne voient que du négatif dans les entreprises de la wilaya ».

À propos du château « hanté », il a rajouté que les travaux « avancent bien. Même les planchers étaient détruits au début de la restauration. Nous les avons reconstruits et les ouvriers se penchent désormais sur les fondations ».

Le même responsable a affirmé que la campagne de restauration, de réhabilitation mais également d’embellissement et d’acquisitions d’infrastructures abandonnées se poursuivra par les autorités algéroises.