Une base pour drones de l’US Army à 300 km des frontières algériennes !

Une base pour drones de l’US Army à 300 km des frontières algériennes !

Depuis deux ans maintenant, au gré des révélations, le sujet revient de manière quasi-récurrente, tant il ne recueille pas toutes les faveurs, loin s’en faut !

En effet, l’édification de l’une des plus importantes bases pour drones de l’armée américaine au Niger, à Agadez plus précisément, ne fait pas l’unanimité depuis que le projet a été dévoilé pour la simple raison qu’il participe encore plus à la militarisation d’un continent qui a beaucoup plus besoin d’aide économique que d’autre chose.

Par le truchement de la publication américaine indépendante The Intercept, le sujet est revenu à la Une de l’actualité aux Etats-Unis et par ricochet dans de nombreux pays de notre sous-région, et en Afrique globalement, le continent étant la convoitise clairement affichée des grandes puissances dans le cadre global du nouvel ordre mondial qu’elles entendent instaurer depuis des années maintenant. La publication américaine est en fait revenue sur le sujet pour faire état du coût faramineux induit pour la construction de la base 201 sur les terres nigériennes, à Agadez, 300 kilomètres au sud des frontières avec l’Algérie.

C’est, dans les faits, le plus important complexe militaire que va s’offrir l’armée US à l’étranger, selon un porte-parole de l’US Air Force qui s’est confié à The Intercept dans son édition datée du 21 août pour révéler que cette base est tellement imposante qu’elle va éclipser celle d’Al-Dhafra aux Emirats arabes unis et celle de Phan Rang, au sud du Viêtnam, édifiée en 1969 pour accueillir pas moins de 150 avions. Un ordre de grandeur dont les Américains ont décidé de payer le prix jusqu’à dépasser le quart de milliard de dollars à son achèvement total en 2024, entre autres, contrairement à ce qui était prévu et déclaré devant les élus du Congrès. La publication annonce également que les drones de l’US Army devraient être opérationnels à partir du Niger dès 2019. Des drones qui, au départ du projet, devaient être utilisés par l’armée américaine pour l’observation, mais il s’est avéré finalement que la base d’Agadez détient tous les attributs pour servir à des drones armés, les «célèbres» MQ-9 Reaper à multiples fonctions.

Agadez à défaut de Tamanrasset

Il n’est pas inutile de rappeler que le Pentagone a jeté son dévolu sur le Niger et la région d’Agadez par défaut après des pourparlers en 2015, comme le révélaient des documents sortis sur la presse américaine, dont The Intercept, il y a maintenant deux ans. Comme le révélait Akram Kharief, le spécialiste algérien des questions de défense, l’idéal pour les Américains aurait été de s’installer au sud de l’Algérie. Ils ont tout entrepris pour ce faire, soutenait-il dans un article publié dans Middle East Eye il y a près de deux ans en reprenant les affirmations d’un journaliste russe qui avait relaté les étapes des tractations entre responsables américains et algériens au sujet de la location de la base aérienne de Tamanrasset, la mieux indiquée pour la couverture et la surveillance de la région allant du Sahara au Sahel. Une base, qui plus est, construite par Brown and Root Condor (BRC), selon les normes édictées par l’OTAN.

Le spécialiste algérien attitré des questions de défense affirmait dans son article que les Américains avaient entamé leurs démarches auprès des Algériens de façon «sérieuse» durant l’hiver 2009 avec l’idée de convaincre les nôtres d’intensifier «la coopération contre le terrorisme, ou plutôt d’adhérer à la vision de la guerre américaine contre le terrorisme». Ce n’est qu’à la mi-février 2010 que les négociateurs américains ont perçu chez les Algériens la disposition d’accéder à leur vœu d’obtenir la location de la base de Tamanrasset pour leurs drones. Mais il fallait compter sans le Printemps arabe, des contingences qui ont commandé aux Algériens, comme le dit Akram Kharief, de changer radicalement de ton et refuser officiellement de discuter de location de bases militaires, au début de l’année 2012.

De là sont nées les recherches des Américains ailleurs pour aboutir à la location pour dix ans de la base aérienne d’Agadez qui viendra, ainsi, étoffer la massive présence militaire étrangère dans la région en particulier et en Afrique en général, où ce ne sont pas tous les pays qui ont les moyens d’assurer leur propre sécurité, en dehors de l’Armée égyptienne qui arrive à contenir l’Etat islamique et toute autre menace, l’alliance entre les armées nigériane et camerounaise contre Boko Haram, et bien entendu l’ANP avec la menace terroriste au sud du pays et les résidus de groupes ayant sévi au Nord.

Azedine Maktour