Équipe nationale : ou comment faire d’un cheval de course un âne

Équipe nationale : ou comment faire d’un cheval de course un âne

Le cheval de course était prêt, tous les plis étaient enlevés du tapis de selle, les sabots étaient curés et graissés et la sangle bien resserrée. Il manquait juste à le monter. Il suffisait de choisir le bon jockey, un jockey qui sache valoriser son cheval, le respecter et faire corps avec lui.

De cette merveilleuse équipe nationale qui a fait rêver tous les amoureux de l’assiduité et du beau jeu, il y’avait tous les ingrédients : des joueurs expérimentés et amoureux des couleurs, comme l’ont été leurs glorieux prédécesseurs, de la fameuse équipe du FLN, avec une ossature de stars formés en France mais qui ont définitivement choisis la cause de leurs ancêtres : Makhloufi, Zitouni, Bentifour , Rouai et j’en passe sont venus porter une nation et faire monter l’emblème national le plus haut possible. Medjani, Feghouli, Slimani, Soudani et autres ont été la locomotive qui a su prendre le relais de la précédente génération, aussi digne elle aussi où les leaders avaient pour noms : l’extraordinaire Antar Yahia, le très pragmatique Ziani et le vaillant Bougherra.

Beaucoup de managers, de techniciens et de spécialistes vous diront qu’une équipe quelle que soit sa stature se construit par deux choses essentielles :

Une colonne vertébrale très forte techniquement, tactiquement et physiquement et des leaders sur le terrain qui peuvent guider le potentiel technique existant vers un palier supérieur. En citant plus haut les exemples de joueurs différents dans de différentes générations, je voulais mettre le doigt sur l’extrême importance des leaders sur le terrain, particulièrement quand ils sont au dessus de tout reproche. Medjani, susnommé a été un élément primordial depuis quelques années dans tout ce qui concerne les tenants et les aboutissants de cette équipe nationale, lui qui non seulement est un leader dans le vestiaire mais aussi un élément capital dans la colonne vertébrale technico-tactique. Sachant qu’une équipe ne peut se construire en 15 jours et qu’un leader ne sort pas d’un chapeau de magicien, écarter le premier et le deuxième capitaine d’une sélection à quelques encablures d’une phase finale d’une compétition aussi importante que la coupe d’Afrique est un suicide. Les deux joueurs sacrifiés n’ont aucune responsabilité dans les deux derniers échecs. L’erreur de casting Rajevac et le potentiel limité de Leekens sont des choix de Fédération Algérienne de Football, comme l’inexistence d’un vrai organigramme. L’intronisation de Bougherra et d’un énième entraîneur adjoint ne suit aucune logique. Mansouri, premier démineur est associé à Bougherra pour le même et unique rôle : coordonner entre entraîneurs et joueurs pour expliquer les choix qui n’ont été fait ni par les uns, ni par les autres. Parler d’une décision technique en ce qui concerne Medjani est une aberration, quand on sait qu’au sein de cette équipe qui a tenu tête à l’Allemagne, on retrouve un arrière central de 2ème division suisse, un Belkaroui très limité, un Benyahia qui ne va jamais fouler les pelouses Gabonaises et un Meftah qu’on découvre à 30 ans mais surtout un excellent Bensebaini qu’on s’est acharné à ne pas faire jouer et qui n’a eu sa chance qu’à la deuxième mi-temps d’un insignifiant match Algérie – Mauritanie et ce, après une énième bourde de Belkaroui. À une semaine de la coupe d’Afrique, le monde a « remarqué» le potentiel de ce joueur marginalisé pour des raisons idiotes alors qu’il aurait été plus judicieux de le mettre dans le bain depuis longtemps.

Des choix aléatoires suivant des recommandations mégalomaniaques ont emmené à se débarrasser de deux joueurs clés qui avaient juste exprimé tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Des boucs émissaires plus grands suivant la grandeur des dernières bourdes décisionnelles. Nous ne pouvons diriger une sélection nationale comme on dirige une équipe de quartier. De tous les adjoints du sélectionneur, plusieurs ont les mêmes prérogatives sans qu’il y ait un raisonnement scientifique. Que fait-on avec deux entraîneurs de gardiens? Pourquoi deux coordonateurs? Quel est le rôle de Neghiz après la nomination de De Wilde? Au lieu de blinder une direction technique nationale (presque) inexistante et qui aurait sûrement trouvé mieux que la Mauritanie comme sparring-partner par exemple (Leekens a bien voulu nous faire avaler que le jeu de la Mauritanie est très semblable à celui du Zimbabwe mais soyons sérieux! Ni l’histoire des deux pays, ni leurs situations géographiques, ni les profils de leurs entraîneurs ne sont semblables), L’instance dans un souci de colmater des brèches, cumule des postes inutiles dans un staff limité à quelques jours de la joute africaine.

De cette génération de footballeurs, on avait tout ce qu’il fallait. Des joueurs d’expérience : Medjani et ses 54 sélections, Feghouli et son attachement indéfectible aux couleurs nationales, Slimani et son ardeur hors concours et quelques autres Soudani et Mandi. Une colonne vertébrale de niveau mondial : Mandi, Bentaleb, Mahrez et Slimani qu’aucune équipe africaine ne se targue d’avoir l’équivalent, ainsi que quelques joueurs à la technique avérée : Ghezzal qui monte comme une flèche, Hanni qui n’était même pas dans la liste des 31 annoncée par la FAF en premier lieu et qui a sûrement été l’homme du match contre la Mauritanie, Ghoulam qui ne laisse personne indifférent, Brahimi aux « désarticulants » grigris…

Le cheval de course avait tout ce qu’Il fallait et n’avait besoin que d’un bon jockey de niveau appréciable à qui on fait entièrement confiance, qu’on laisse travailler et qu’on entoure de véritables compétences au lieu de cela, la dictature aux sensibilités irrationnelles a décidé d’en faire un âne. B.H