Organisation patronales: Le coût de l’exclusion

Organisation patronales: Le coût de l’exclusion

Le FCE reste très faiblement présent à l’échelle régionale et internationale.

Ces derniers temps, le FCE a pris une telle ampleur qu’il fait de l’ombre à toutes les autres organisations patronales qui, pourtant, étaient là bien avant sa naissance. Occupant le terrain à travers diverses actions, souvent relayées massivement par les médias, multipliant les initiatives, il s’est érigé, 14 ans à peine après sa création, en partenaire incontournable du gouvernement. Cette ascension fulgurante peut être expliquée par le charisme et le poids de Omar Ramdane et de Réda Hamiani, mais pas seulement. Car, les autres organisations ont aussi à leurs têtes des hommes charismatiques et au long parcours comme Habib Yousfi et Nait Abdelaziz. Mais seul le FCE a bénéficié des largesses du pouvoir qui en a fait quasiment son unique interlocuteur patronal, notamment depuis l’arrivée de Ali Haddad à sa tête.

Ce mariage entre le gouvernement et le FCE est sans nul doute un mariage de raison puisque, compte tenu de la conjoncture de crise, notamment depuis 2012, le gouvernement a voulu recentrer ses politiques sur les problématiques économiques pour diversifier l’économie nationale, consolider ses structures et la dynamiser. Pour cela, il y avait un grand besoin de s’appuyer sur un patronat dynamique et ambitieux.

L’idée était bonne et les observateurs n’ont pas manqué d’applaudir le rapprochement entre le gouvernement et le FCE non plus sur une base d’allégeance comme auparavant mais sur un agenda économique. Néanmoins, tout le monde avait critiqué, dans les coulisses pour certains et publiquement pour d’autres, la tournure hégémonique prise par le FCE. «N’y a-t-il d’organisation patronale que le FCE» s’interrogeait-on avec dépit. Pourtant, à regarder de près, bien qu’il réunisse plusieurs pontes des affaires en Algérie, cumulant ainsi environ 30 milliards de dollars comme chiffre d’affaires annuel, le FCE reste très faiblement présent à l’échelle régionale et internationale.

A l’inverse, la Cgea par exemple, en plus des accords bilatéraux qui la lient à plusieurs autres organisation patronales à travers le monde, notamment en Afrique et en Méditerranée, est membre aussi bien de l’Organisation mondiale des employeurs, de la Confédération panafricaine des employeurs qu’elle a présidée durant deux mandats, du Bureau international du travail ainsi que du patronat méditerranéen (Business Med) dont elle a la vice-présidence.

La Confédération algérienne du patronat est, elle aussi, membre du BIT et de l’Union maghrébine des employeurs dont elle est membre fondateur. L’Union nationale des investisseurs compte elle aussi quelques partenaires à l’échelle régionale et internationale, notamment Maghreb Business Networking, l’UK Algérie Business Council (Ukabc), et le Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises.

Toutefois, la plus-value que ces organisations auraient pu apporter à la démarche du gouvernement à travers leurs réseaux de partenaires dans les rencontres d’affaires qui se tiennent constamment depuis un certain temps et, tout particulièrement lors du Forum africain d’investissement et d’affaires sur lequel et le gouvernement, et les opérateurs économiques ont beaucoup misé, personne ne semble en avoir besoin. D’une part, le FCE se considère à la fois comme étant l’unique voix du patronat algérien, ce qu’atteste le titre «de patron des patrons» qu’endosse royalement son président, que comme plaque tournante des politiques économiques du pays.

D’autre part, l’équipe gouvernementale trouve bien son compte dans cette démarche du FCE qui la décharge, du moins partiellement, des responsabilités qui lui sont dévolues dans le domaine de l’économie.

Le résultat est sans appel: le processus d’intégration de l’économie algérienne à l’économie mondiale peine à avancer et toutes les tentatives de déploiement, y compris en Afrique, buttent sur des échecs.

De quoi parlera le FCE le 17 décembre

La réunion du Bureau exécutif du Forum des chefs d’entreprise à laquelle a appelé Ali Haddad va tourner, selon une source proche de l’organisation, autour de deux points principalement: le bilan de l’année 2016 et les perspectives pour l’année 2017. Le Forum africain d’affaires et d’investissement qui s’est tenu du 3 au 5 décembre occupera sans nul doute la part belle des discussions. Toutefois, il n’est pas exclu que l’affaire Haddad, qui a pris des proportions politiques importantes, soit évoquée.