L’homo algérianicus

L’homo algérianicus

Kateb Yacine : Nous ne sommes même pas capables d’appeler notre pays par son nom. L’Algérie n’est pas son vrai nom. C’est un terme touristique. Ldjazair, c’est quoi? Tassadit Yacine : les îles.

Nous commençons cet article par le cri de Kateb Yacine sur le nom de l’Algérie pour illustrer la vacuité de l’appellation.(1) Il ressort que la traduction française d’Al Djazaïr est le reflet d’une vision élaborée par les géographes et historiens musulmans. La centralité de la Mecque comme épicentre de l’islam a certainement contribué à la création d’une mappemonde où les terres entre la mer Méditerranée et le Sahara, devait convenir à l’ilottage d’une contrée nouvellement conquise par l’Islam.

C’est cet aspect que dénonce l’écrivain algérien. La férocité de ses propos ne se résume pas uniquement à la vision inaugurale de l’islam impérial mais aussi à l’acceptation par les autochtones d’être nommés ainsi ou au pire de se faire appeller de la sorte. Sur la question de la traduction du nom, il y a eu une série d’études d’etymologie sans qu’il ait une profonde reflexion sur l’onomastique nord-africaine et saharienne comme par exemple; l’usage des termes Ifricos, figure mythique et historique de l’Ifriqiya (Tunisie), le Maghreb al Aqsa (Maroc), axe d’orientation du levant et de l’occident, Al Djazair, territoire insulaire d’une île imaginaire, la Libye qui garde l’antiquité du nom et ses vieilles subdivisions (la Tripolitaine, la Cyrénaique et le Fezzan) calculées sur une ancienneté retrouvée qui loin s’en faut n’est pas neutre eu égard aux événements du début de l’islam au Nord de l’Afrique et enfin, la Maurétanie (Maures) qui s’offre une ethnisation du nom. Toutefois durant la période coloniale, l’Algérie comme nom fournit à beaucoup d’intellectuels, la possibilité de se doter d’une idéologie pour justifier la domination politique.

Avant d’illustrer notre propos, nous allons examiner pour l’essentiel le problème de la langue et celui de l’histoire. En plus des différents travaux de sociolingustique maghrébine, deux livres qui portent sur l’histoire, ont été édités respectivement par M. Lacheraf en 1965 et celui dirigé par H. Remaoun en 2000.(2) Puis, nous essayerons à partir du livre collectif codirigé par S. Bergaoui et H. Remaoun, de dégager les grandes orientations de l’historiograPhie maghrébine contemporaine. (3)

1- La langue

C’est certainement le domaine qui suscite autant de querelles politico-idéologiques et de débats intellectuels. La question de la langue berbère et du parler des Maghrébins trop longtemps marginalisés par l’élite maghrébine à cause respectivement de la pseudopolitique kabyle de la France et de la sacralisation de l’arabe, occupe une place centrale dans les études linguistiques. Il faut rappeler que des erreurs monumentales ont été commises par beaucoup de commentateurs sur ladite politique kabyle qui était, reconnaissons-le, beaucoup plus favorabe à l’arabe. Pour preuve, la consultation des enquêtes montrent bien que la pratique du berbère a nettement reculé durant la période coloniale au profit de l’arabe.(4) Le cas des Aurès en est l’illustration parfaite de l’avantage accordé à l’enseignement et à la pratique de l’arabe même si quelques décennies plus tard au Maroc, la puissance coloniale opte pour la juridiction traditionnelle des qanouns connue sous la rubrique du dahir berbère. (5) En effet, la conclusion de K. Haoui est un peu hative eu égard aux écrits des anthropologistes de l’époque. ((6) A proprement parler, il est certain que la-dite valorisation du « Berbère » par la société d’anthropologie de Paris, est raciale et non pas linguistique parce que la langue berbère n’était pas enseigné et ce ne fut pas le cas de l’arabe.(7) Nous tenons pour preuve toute l’attention accordée par le premier cercle des anthropologistes( Général Faidherbe et compagnie) de la société savante parisienne aux écrits arabes.

Mis à part la haine de soi, symptôme d’une identité linguistique dont nous parle les sociolinguistiques algériens (8), il est indéniable que l’état de la langue des Algériens tel qu’il a été observé par Taleb-Ibrahimi Khaoula, contient ce qu’il y a de plus conforme à la réalité sociale qui est hélas plus au moins inopérante dans l’exercice analytique de cette dernière.(9)

Pour résumer, en partant d’un constat de fait du multilinguisme pour rendre compte de l’imbrication des variétés en présence, elle prend acte des: exemples (qui) foisonnent (et) qu’ils sont autant de manifestations et d’indices de la faculté qu’ont les Algériens à s’adapter et à traduire la réalité de leur vie quotidienne en mettant à profit les possibilités que leur offre cette réalité dans la pluralité et dans adiversité. » (10) Nonobstant, les caractéristiques propres des parlers des Algériens ou des Maghrébins, énumérés par la sociolinguistique maghrébine, la définition de la diglossie pose problème. (11)

En effet, le contact des langues (berbère, arabe et français, etc.) fait traverser les barrières pour donner aux locuteurs la possibilité pour exprimer dans la vie quotidienne qui est par ailleurs fortement influencée par la réalité d’un monde globalisé. Faute de mieux, les linguistes la nomment soit lingua franca soit le créole. Il faut reconnaître que sur ce point précis du plurilinguisme, sauf un court article de S. Chaker (La situation linguistique dans le Maghreb antique: le berbère face aux idiomes extérieurs, Libyca no 28/29, Alger, 1980/81) il n’existe pas à notre connaissance des études comparatives entre l’actuelle modernité et l’antiquité, période similaire aux temps présent des locuteurs Algériens ou Maghrébins. Il reste à remarquer que la transposition des mots d’une langue à une autre est transversale et crée de facto, des positions de domination par l’impact de la politique des Etats qui favorise en Algérie, l’arabe et minorise le berbère et les dialectes. (12) Toutefois d’un point de vue de la linguistique historique, il est nécessaire de prendre en compte l’influence du berbère sur toutes autres langues étrangères ou assimilées pour comprendre les conditions historiques des emprunts linguistiques sous toutes leurs formes. De ce point de vue, nous nous dégageons des travaux de A. Elimam qui sont insuffisament documentés pour expliquer la survie du punique alors que les historiens disent qu’il s’est éteint d’une mort certaine et que l’étymolgie ne suffit pas à faire valoir que le maghribi a pour « origine » seulement le punique. (13) D’autant que ce dernier ne s’est pas beaucoup intéréssé à la berbérisation du phénicien pour donner un peu plus de crédit à sa thèse. (14) Et plus grave, il reste outrageusement dépendant de l’orientalisation des consciences. Quant aux travaux de Salem Chaker, elles comportent quelques « anomalies idéologiques » largement empruntées à la géopolitique ancienne et font hélas, du berbère de par son ancienneté, un conservatoire linguistique de la Méditérranée.(15)

De toute façon, la diglossie ne se résume pas à l’emploi des isolats lexicaux mais elle est fondamentalment imprégnée par l’interpénétrabilite ou ce que appellent les linguistiques contemporains, interférence linguistique qui influe sur l’économie de la parole des locuteurs. D’après, M. Kahlouche: » c’est la loi de Zipf qui exprime en effet l’équilibre, dans l’esprit du locuteur, entre la tendance à l’économie d’efforts et la tendance à être aussi précis que posible, indique bien pourquoi le bilingue opte pour l’interférence. » (16) Les exemples qu’il donne du locuteur kabyle par l’effet d’épuisement lexical de sa propre langue qui cherche les mots en français, doivent être étendus aux autres situations linguistiques datées historiquement pour comprendre la transformation du langage des autochtones. Cette situation linguistique met en face à face, ceux qui parlent l’arabe dialectal et le français, le kabyle et l’arabe et toute une chaine descendante conjointement associée à une extension géographique qui embrassent toutes les langues de contacts avec la langue berbère. L’histoire en témoigne par la formation de la langue punique, de l’arabe dialectal maghrébin ou le hassania et d’autres langues aux contacts des langues européennes, orientales et sub-africaines (zenaga, etc.).(17) Toujours est-il que les études de sociolinguistique ne suffisent pas si le problème de l’écriture n’est pas pris en compte. Quelques linguistiques en parlent lorsqu’ils soulèvent la question de la standardisation du berbère et le choix des signes arabes ou latins pour l’enseignement de la langue amazighe. Ce problème suscite un vif intérêt chez la plupart des préhistoriens et des historiens et attirent la curiosité de quelques linguistes maghrébins.(18)

Ainsi, il en est que le problème de l’écriture libyque est circonscrit à la classification des appartenances linguistiques et de sa remontée difficile d’après l’expression de L. Galand et on oublie trop souvent la nécessité de la rénovation du Tifinagh. Nous avons pour preuve le recours à différents époques historiques aux écritures exogènes (phénicien, grec, latin et arabe et français pour transcrire la réalité sociale et politique. (19) La tentative d’innovation des signes alphabétiques par Mohand Amokrane Kheliffati ne doit surtout pas être considérée comme un obstacle insurmontable mais juste comme une expérience non concluante sur quoi les savants doivent de nouveau se pencher afin de relever le défi des signes alphabétiques.(20)

2- L’histoire

L’histoire occupe une place de choix dans les études nord-africaines et saharienne. Néanmoins d’un point de vue méthodologique, la remarque de E. Frezouls n’a pas beaucoup intéressé les chercheurs. (21) L’avertissement sous forme de principe méthodologique des « sociétés qui n’ont pas voulu écrire leur propre histoire » nous plonge dans un désarroi intellectuel où l’aporie resurgit à chaque instant où des progrés ont été faits dans le sens du déchiffrage de « l’inconnu en histoire ». Sur ce point précis, l’article de M. Tilmatine n’est d’aucune utilité heuristique et que mis à part E. Frézouls, deux auteurs contemporains se distinguent par l’originalite de leurs travaux (22) Toutefois, en lieu et place des grandes synthèses historiques ( S. Gsell et Ch; André Julien), de la particularité de « l’histoires des Berbères » d’Ibn Khaldoun, des mystérieux Lubri Punici ou de l’ethnographie des Arabes élaborée par Juba II, G. Camps qui est natif de la région d’Oran, reste le maître incontesté de la discipline à tel point que J. M. Lassère lui attribue le titre officiel d’historien des Berbères.(23)

Cela dit, l’intervalle qui sépare la publication des deux livres de M. Lacheraf et H. Remaoun, explique en partie les enjeux idéologique et politique que connait l’Algérie. l’écriture de M. Lacheraf s’inscrivit dans la continuité de la recherche de la nation algérienne en écho peut-être à la fameuse intérrogation de Ferhat Abbas. En effet, il écrit ceci: Quoi qu’il en soit, nation-Etat ou nation communauté ou simple patrie solidairement agissante, et par cela même « nationale, quelque chose a existé qui a permis à l’Algérie de s’opposer, au cours de 130 ans, à une grande puissance impérrialiste.. » (24) Cette phrase en dit long sur l’incertitude des concepts employés par l’auteur pour parler de la résistance de la population locale. Le flou qui entoure les concepts comme nation-Etat, nation-communauté, complique l’idée de la naissante de  » l’Algérie, nation et société. » Il va de soi que pour les anthropologues, la ou les communautés « tribales » ont procédé la construction de l’Etat algérien et de l’émergence de la société civile. Les quelques reflexions qu’il fait sur le nationalisme algérien affleurent timidement la question de la langue. il est plus préoccupé par le problème de l’analphabétisme.(25) Donc, il faut reconnaître que la problèmatique de M. Lacheraf s’incrivit dans la droite ligne du projet nationaliste algérien dominé par l’idéologie arabo-musulmane. Si on prend en compte le combat des Berbéristes au sein du MNA que ne pouvait ignorer M. Lacheraf, la question berbère est renvoyée aux calendes grecques. A peu de choses près, le livre dirigé par H. Remaoun porte presque le même titre et à la seule différence que ce dernier a rajouté la culture alors que M. Lacheraf en fait un chapitre intégré sous forme de réflexion. Le seul texte du livre qu nous intéresse à la suite de celui de Taleb-Ibrahimi Khaloua sur la langue, est celui de M. Ghalem.(26) On peut d’ores et déjà signaler que l’option synthétique choisie par l’auteur ne favorise pas l’introspection historique et que les généralités induites de facto par l’immensité du sujet, nous conduisent à reprendre quelques points essentiels contenus dans le texte.

Premièrement, la périodisation est symptômatique d’une vision de l’histoire qui renforce la dépendance vis-à-vis de l’historiographie classique (gréco-latine et arabo-mausulmane).

Deuxièment, les références de la Préhistoire sont lacunaires pour discuter des enjeux épistémologiques de la discipline et à fortiriori de l’impact qu’elle a sur l’idéologisation de la théorie du peuplement de l’Afrique du Nord et du Sahara.(27) De ce point de vue, il y a nécessité de la prise en compte des connaissances récentes de l’école préhistorique d’Alger surnommée par nos soins, la Nouvelle Ecole d’Alger en écho aux travaux de Gabriel Camps et de ses élèves.

Troisièment, l’auteur se contente de répéter la sempiternelle histoire qui débute au début du Ier millénaire avec l’arrivée des Phéniciens en Afrique en Nord du Nord et il ignore l’existence des guerres libyques du 2e millénaire avant J.-C qui ont opposé les Libyens aux Pharaons. Loin s’en faut pour nous de croire que cette date marque définitivement l’entrée des Amazighs dans l’Histoire-Monde mais tout le contraire est envigeable sauf que d’intenses relations ont été nouées entre les Pharaons et les Libyens au temps des toutes premières dynasties égyptiennes.(28) Eu égard à la proximité géographique des « deux peuples » qui étaient liés par des alliances matrimoniales, rien absolumpent rien ne certifie une même origine ethnique comme le suppose B. Lugan (29). A plus fortes raisons, l’appropriation de Schechong par les activistes berbéristes pour dater le rythme « des jours et des nuits amazighs » nous semble relèver d’une excroissance de l’historiograhie de l’Egypte antique et réprésente une limitation de la durée historique des habitants de l’Afrique du Nord.(30)

Pour finir et sur la base d’une probable filiation directe entre l’Homo Sapiens et les Proto-Berbères, il est urgent de dater l’histoire des Amazighs à partir de 18000 ans, une durée minimale de l’histoire de l’homme moderne, évaluée à 200.000 ans.(31) Les préhistoriens s’accordent à rallonger en général, la durée des hommes préhistoriques et singulièrement celle de l’homo sapiens. Toutefois, cette remontée est périlleuse parce que les enjeux noologiques sont d’une importance capitale pour donner, un tant soit peu, une définition de l’être amazigh et à fortiriori celle de l’Algérien comme idée de la modernité politique.

F. Hamitouche

Notes:

1- T. Yacine, Aux origines des cultures populaires, entretien avec K. Yacine, Awal no 9, 1992.

2- M. Lacheraf, Algérie, nation et société, SNED, Alger, 1965, 1978.

– H. Remaoun, Algérie, histoire, société et culture, Casbah Editions, Alger, 2000.

3- S. Bergaoui et H. Remaoun, Savoirs historiques, constructions et usages, CRASC Editions, Oran, 2006.

4- Cartes de A. Hanoteau (1896), E. Doutté et E. F. Gautier, (1913), A. Bernard et P. Moussard, (1924), Gouvernement général de l’Algérie (1934), G. Camps (1988), M. Benabbou et P. Behnsthedt (2003).

5- E. Masqueray, Notes sur les Aouled-Daoud, Mont Aurès, A. Jourdan, Alger, 1879, p 27.

A. Bonfour, Quelques réflexions sur les débuts du Mouvement culturel amazigh marocain, Studi Maghebini, no 4, 2006.

6- Cité par, Yelles-Chaouche Hédia, les images et réprésentations des indigènes, les collections algériennes du musée de l’homme, MNHN, Paris, 2002.

7- Ch. R. Ageron, La France a-t-elle eu une politique kabyle, Revue historique, T.223.Fasc.Paris, 1960. L’objectivité de l’auteur est relevée par beaucoup d’auteurs même parmi ceux qui ne sont pas engagés dans le combat idéologique.

8- M. Benrabah, L’arabe algérien véhicule de la modernité, SUDLA no 22, 1993. Cet auteur emprunte à la psychologie amaéricaine le concept de self hatred….

Nous pensons que la symptomatisation de soi est une psychologisation excessive qui n’apporte pas des éléments nouveaux parce que les locuteurs et non les moindres c’est à dire tous ceux qui utilisent la glottophagie dans un but politique pour minorer la langue berbère ou le parler algérien, sont eux-mêmes utilisateurs de ces idiomes. Donc, nous croyons que le problème est beaucoup plus complexe et qu’il recurrent et qu’il ne relève pas que de la sociolinguistique mais c’est un fait historique voire ontologique. Dans cette perspective, nous préférons employer la terminologie de la négation de soi, pour illustrer la folklorisation des « langues maternelles » ou de leur interdiction. Pour le Maghreb, il y a deux chefs d’Etat qui ont interdit la pratique du berbère. Pour l’Algérie, Houari Boumédiene qui de plus croit-on savoir qu’il a comme langue maternelle, le chaoui une variante du berbère, a refoulé la langue de sa mère pour embrasser la langue de l’Etat qui est l’arabe. Mouammar El Gueddafi le Libyen, en plus de l’interdiction de la langue berbère, a carrémment fossilisé les Berbères ses ancêtres.

9- Taleb-Ibrahimi Khaloua, les Algériens et leur(s) langue(s), Editions Hikma, Alger, 1995 et 1997.

10- Idem, L’Algérie, langue, cultures et identité, dans H. Remaoun, Algérie, histoire, société et culture, p 69.

11- Idem, Note, 1, p, 68.

12- R. Khalouche, Diglossie, norme et mélange de langues. Etudes de comportements linguistiques de bilingues, berbère (kabyle:français) SUDLA, no 22, 1993.

– F. Laroussi, processus de minorisation linguistique au Maghreb, SUDLA, no 22, 1993.

– A. Dourari, Pratiques langagières effectives, SUDLA no 22, 1993.

13- A. Elimam, Le maghribi, alias « el derija » (la langue consensuelle du Maghreb), Editons Frantz Fanon,Tizi Ouzou, 2015.

-W. Marçais, Saint Augustin et la survie du punique, RAF, Alger, 1950.

– Ch. Saumagne, La survivance du punique en Afrique du Nord aux Vè et VIè siècle, Karthago,T IV, Tunis 1953.

– M. Simon, Punique ou berbère, Mélanges Isidore Levy, Bruxelles, 1955.

14- Sur ce point précis, notre article sur Apulée recèle quelques éléments du langage chez Emilianus, le grand rival d’Apulée dans l « Apologie » qui indiquent la transformation du phénicien au contact du berbère tout au moins d’un point de vue socio-économique des Phénico-Libyens. Par ailleurs, la consultation des travaux de M. Ghaki (Recherches sur les rapports entre les Phénico-Puniques et les Libyco-Numides, thèse de doctorat, EPHE, Paris, 1980) ne nous a pas permis d’élucider la question.

15- S. Chaker, Résistance et ouverture à l’Autre: le berbère, une langue vivante à la croisée des échanges méditerranéens, L’interpénétration des cultures dans le bassin méditerranéen, Paris, 2001.

16- M. Kahlouche, Diglossie, p 81.

17- Il existe quelques études sur les contacts du libyque avec l’égyptien ancien (F. Colin, 1996-1998), le grec (Coltelloni-Trannoy, 2003) et avec les langues africaines (F. Nicolas,1953, Ch. Monteil- l’Azer, langue issue du soninké et du berbère- 1913, C. Taine-Cheikh -le zenaga-, 2005- et M. Meouak, 2015)

18- S. Chaker et S. Hachi, A propos de l’origine de l’âge de l’écriture libyco-berbère, Etudes berbères et chamito-sémitiques, Mélanges offerts à K.G. Prasse, Editions Peeters, Bruxelles, 2000.

– G. Camps, Recherches sur les plus anciennes inscriptions libyques de l’Afrique du Nord et du Sahara, Bulletin archéologiquedu CTHS, nouvelle série, fasc 10-11, Paris, 1977.

M. Hachid, Le contexte archéologique et historique de l’apparition de l’alphabet libyque. Retour sur la date de l’inscription rupestre d’Azzib n’Ikkis (Haut Atlas) et sa toublante convergence avec celles du Shata central, Actes du colloque international d’Alger, haut commissariat à l’amaghité, Alger, 2007.

19- D. Lengrand, Langues en Afrique antique, identités et cultures dans l’Algérie antique, Université de Rouen, 2003. A l’encontre de ce que dit A. Elimam, D. lengrand reconnaît que l’usage de l’écriture néopunique se perdit au IIè siècle, et avec lui l’accès à la littérature phénico-punique. Il étaye sa thèse de la façon suivante: « Lorsque, ensuite, des habitants de tripolitaine voulurent écrire à nouveau le punique, ils durent adoptent les alphabets grec et latin. » p, 122. Nous remarquons que la période et le lieu dont parle D. Lengrand correspondent aux situations décrites par Apulée dans l’Apologie. Toutefois, comme il ne s’agit que de l’écriture, cela confirme en quelque sorte le processus de la disparition du punique et son remplacement par la latin qui s’éteindra un peu plus lorsque Abdelmoumn décida d’interdire son usage au XIè siècle. Cela revient à évoquer l’échec de la translitération des textes islamiques en berbère au temps d’Ibn Tumart alors que la liturgie musulmane se faisait en berbère tout au moins dans les campagnes. A ce sujet les historiens sont muets pour faire nous savoir si ce n’est pas Abdelmoumem, premier chef d’Etat almohade, qui a été à l’origine de cet échec et non pas les Hilaliens à qui on fait joué un rôle déterminant dans l’arabisation du Maghreb alors qu’ils n’étaient que de simples suppôts des Fatimides d’Egypte ennemis des Zirides, dynastie régnante au Maghreb.

– R. Vries, Langues et écritures en Méditérranée, Karthala, Paris, 2006.

– Débuts de l’écriture au Maghreb, Actes du colloque de Casablanca, 2002.

20- A. Ouerdane, La question berbère dans le mouvement national algérien, Editions Dar El Ejtihad, Alger, 1993, Annexe 2, Alphabet berbère.

21- E. Frezouls, les Baquates et la province romaine de Tingitane, BAM T2, 1957

22- M. Tilmatine, Du Berbère à l’Amazighe, du texte militant au creux de l’histoire, net

– M. Benabou, La résistance africaine à la romanisation, Editions Maspéro, Paris, 1996.

Y. Moderan, Les Maures et l’Afrique romaine, Ecole française de Rome, Editions Boccard, Paris, 2003.

23- J. M. Lassère, La tribu et le monarque, A Gabriel Camps, l’Historien des Berbères, Antiquités Africaines, vol 37, no 1, Paris, 2001.

24- M. Lacheraf, p 9.

25- Idem, réflexions sociologiques sur le nationalisme et la culture en Algérie, pp 322-346.

26- M. Ghalem, Histoire de l’Algérie des origines à 1830, dans H. Remaoun, Algérie histoire, société et culture.

27- Notre Autre histoire et la transformation linguistique, le quotidien d’Oran, 2015.

28- Nouvelle revue d’anthropologie, Paris, 1993.

29- B. Lugan, Quant l’Egypte était amazigh, net.

30- Voir, notre calendrier berbère, texte inédit.

31- La préhistoire nord-africaine et saharienne est immanquablement tributaire des moyens mis à la disposition des chercheurs. Elle est caractérisée par une discontinuité des civilisations préhistoriques qui est en soi, un problème épistémologique majeur pour la recherche scientifique.