Comment la réalité virtuelle nous permet déjà d’explorer l’intérieur d’une cellule cancéreuse

Comment la réalité virtuelle nous permet déjà d’explorer l’intérieur d’une cellule cancéreuse

imagerie_vr_cancer.jpgGrâce à la réalité virtuelle, il nous est désormais possible de nous introduire dans le corps humain et de nous y promener comme si nous ne faisions que la taille d’une cellule. De quoi peut-être mieux comprendre certaines pathologies.

Après des générations passées à étudier des cellules au microscope, les scientifiques pourraient bien désormais s’y promener.

Explications : John McGhee, directeur du laboratoire 3D Visualisation Aesthetics à l’université de New South Wales (UNSW), en Australie, a développé une technologie pour permettre aux chercheurs d’entrer en contact visuellement avec une cellule cancéreuse mammaire. Et quelle technologie, puisque lui-même l’apparente à de la « science-fiction ».

En exploitant les données fournies par un microscope électronique en haute-résolution mis à disposition par l’université du Queensland, l’expert est parvenu à reproduire ce type de cellule en réalité virtuelle. Dans un entretien accordé à Mashable Australia, il explique s’être servi de « Unity », une célèbre plate-forme de développement de jeux vidéo, pour tisser le maillage 3D de la cellule, lui ajouter une certaine texture, une couleur, une luminosité et d’autres effets encore.

En s’équipant d’un casque de réalité virtuelle HTC Vive, les scientifiques peuvent ainsi mettre littéralement les pieds dans la boîte de Pétri – le réceptacle utilisé en laboratoire pour la mise en culture de micro-organismes – et observer les nanoparticules des traitements médicamenteux lors de leur absorption par la cellule cancéreuse. Une manette de contrôle leur permet également de se diriger dans l’espace virtuel lors de l’expérience.

HTC Vive cancer
UNSW

Pour le moment, cette technique n’est exploitée que dans un cadre éducatif. « Une fois le casque sur la tête, il est beaucoup plus aisé de s’immerger dans ces processus cellulaires compliqués que depuis un simple écran », poursuit John McGhee. « Ça permet vraiment de se plonger dans de la data d’une façon totalement nouvelle. »

La VR pour mieux comprendre l’AVC

En utilisant cette fois l’Oculus Rift, McGhee exploite également la réalité virtuelle dans le processus de rééducation de certains patients ayant été victime d’un AVC.

Steven Faux, le directeur du service de rééducation à l’hôpital St Vincent, à Sydney, travaille avec McGhee depuis presque trois ans maintenant. Ensemble, ils récupèrent les résultats des IRM ou des scanner à rayons-X (CT Scan, pour « Computed Tomography ») de certains patients et tentent de déterminer quel mécanisme est entré en jeu lors de leur accident cérébral. Un neuroradiologue gomme ensuite tous les éléments superflus de l’image et transmet les données à McGhee. Et c’est ici que la magie intervient : le directeur de laboratoire les transforme en champs de vaisseaux sanguins à explorer virtuellement.

« On se promène dans les vaisseaux avec le patient et on récrée l’AVC »

« On se promène dans les vaisseaux avec le patient et on récrée l’AVC », explique Faux. « S’il a été question d’une lente obturation des canaux, nous lui montrons. Si c’est un caillot venant du cœur qui a fini par bloquer l’un de ses vaisseaux majeurs, nous lui montrons aussi. L’expérience a presque des airs des ‘Aventuriers de l’Arche perdue’. »

S’il est possible de s’en sortir quasi-indemne, un accident vasculaire cérébral auquel on survit peut toutefois laisser de lourdes séquelles – jusqu’à la perte de fonctions basiques comme le langage ou la capacité d’écriture. Mais McGhee l’assure, pour certains patients, visionner la reconstitution de son AVC en réalité augmentée peut accélérer grandement le travail de rééducation et faire grandir leur motivation à se battre. « Car c’est parfois la première fois qu’ils comprennent vraiment ce qui leur est arrivé », assure Faux.

Cancer 3D VR
UNSW

« Nous avons déjà fait tester la technologie à quatre ou cinq patients mais il faut avouer que l’un d’entre eux a plutôt mal réagi », a confié le rééducateur. « Il s’agissait d’un jeune homme de 18 ans qui avait subi une hémorragie cérébrale en jouant au football. La simulation l’a un peu choqué. Il était bouleversé de voir à quel point son AVC avait été violent et dévastateur. »

Vocations multiples

Faux assure que l’outil pourrait servir dans de nombreux domaines, y compris dans la formation de praticiens et dans le secteur de la santé préventive. Néanmoins, l’embûche principale au projet reste aujourd’hui les financements, difficiles à trouver.

Dans les années à venir, McGhee, de son côté, compte observer le potentiel impact de la visualisation 3D sur la recherche : il espère fortement que les scientifiques verront, grâce à elle, certaines choses sous un nouveau jour. Il travaille également à l’ajout de la notion du temps du passe – pour l’instant, le temps est statique – afin de mieux observer ses effets sur la cellule. Et il imagine déjà la suite : un monde virtuel où l’on pourrait simplement observer comment les cellules cancéreuses se déplacent à travers le corps.