Si tu vas à Grenade: L’Alhambra, rêves, génie et harmonies

Si tu vas à Grenade: L’Alhambra, rêves, génie et harmonies

“Quien no ha visto Granada, no ha visto nada.” “Celui qui n’a pas vu Grenade n’a rien vu”, dit le dicton espagnol.

De nombreux Algériens se rendent chaque année en Espagne. Plages, farniente et shoping. Combien sont-ils à pousser leurs pérégrinations jusqu’à l’incontournable palais de l’Alhambra, l’un des monuments les plus visités au monde ces dernières années?

entrée de lalhambra

Partir en Andalousie et manquer l’Alhambra, ce pur joyau d’architecture islamique en Espagne, c’est indéniablement rater son voyage voire commettre une faute de mauvais gout. Car il faut y aller et voir. Ne pas voir Grenade et l’Alhambra, c’est effectivement comme si on n’avait rien vu.

Aux pieds de la Sierra Nevada, se dresse cette vaste forteresse symbole de l’apogée mais aussi du déclin de la présence musulmane dans la péninsule ibérique. L’Alhambra, c’est ce qui a été construit de plus beau en Andalousie, trois siècles avant la chute du dernier royaume. Celui des nasrides à Grenade. C’est aussi le lieu où s’est déroulée la capitulation de son dernier roi, Abu Abdillah Mohamed (Aboabdil).

alhambra

Une fois escaladée el Cerro (colline) del Sol, surgit au milieu d’une végétation luxuriante bordée par les eaux du Xénil (Genil) et du Darro, ceinte de doubles murailles, el palacio. Le Palais qui fait aujourd’hui la fierté de l’Espagne et fait rêver les visiteurs en général et les connaisseurs de l’histoire de l’Andalousie musulmane en particulier.

Orgueil du dernier royaume musulman en Espagne, l’Alhambra, C’est la « roja » en espagnol ou « الحمراء » en arabe, à cause de la couleur des matériaux qui ont servi à sa construction. C’est là, dans cette colline du soleil que les sultans ont bâti ce palais, ou plutôt ces palais, qui surplombent la ville

« Les Nasrides voulaient créer une autre ville fortifiée indépendante à l’intérieur de Grenade pour se protéger des chrétiens qui avaient récupéré plusieurs de leurs royaumes et ils étaient en cette ère précise entourés d’ennemis », expliquent les guides touristiques.

Luxe, calme et volupté

À l’intérieur des murs de l’Alhambra on distingue les jardins paradisiaques, la résidence d’été appelée el Generalife, Alcazaba, avec des tours cubiques visibles du centre-ville de Grenade, les palais nasrides et la médina.

Se dresse aussi cet insolite palais de Charles Quint, structure massive qui casse l’harmonie des lieux mais qui exprime lourdement le changement de pouvoir après le Reconquista, ainsi que l’église de Santa Maria, une mosquée transformée par les rois catholiques après la conquête.

Le Generalife

C’est le paradis et l’enfer de nombreux monarques des lieux : certains y ont été assassinés, d’autres destitués et d’autres intronisés tout au long de ces 300 années que dura le règne de Nasrides à Grenade.

el generalife

El Generalife ou « Janat el Arif  » en arabe, était, par excellence, le lieu de détente et de loisirs des rois Nasrides et de leurs familles.

Avec les sommets de la Sierra en toile de fond, il est facile de laisser l’imagination voguer sur la vie, les drames et les plaisirs de ses occupants, les plus illustres comme les servants inconnus, tous ceux qui ont habité et animé ces lieux exceptionnels. Le visiteur de ces luxuriants jardins arabes, un véritable Eden, sont rapidement envahis par la majesté, la sérénité et la finesse des lieux.

la résidence été des rois nasrides

Bruissements de l’eau, jeux de lumière sur l’eau et les plantes, arôme de ces plantes typiques, senteurs des rosiers et des jasmins, couleurs et élégance de la décoration de la résidence… Tout contribue à faire de ce passage un moment magique qui ferait presque oublier que l’on est en marche vers l’entrée des palais nasride, autre source d’émerveillement pour les yeux et l’imagination.

el generalife

Les palais de l’Alhambra

« L’Alhambra ! L’Alhambra, palais que les génies ont doré comme un rêve et rempli d’harmonies » avait déclamé Victor Hugo émerveillé par ce joyau de Grenade.

L’auteur américain, Washington Irving, lui a consacré un ouvrage au lendemain de son séjour dans ces palais laissés à l’abandon perdu au milieu des montagnes. « Contes de l’Alhambra », souvenirs et légendes, s’entremêlaient suscitant la curiosité et l’envie de restaurer les lieux.

cambre où avait séjourné irving washington

Pouvait-il en être autrement ? Dès que l’ont franchi la porte du Mechwar (Mexuar), on est accroché par ses pierres travaillées en dentelles. Poèmes, versets coraniques et autres écritures tapissent les murs de ces palais médiévaux.

murs des palais

En tout 10 000 inscriptions en langue arabe taillées finement dans la pierre ornent les murs des palais de l’Alhambra et rivent les yeux des visiteurs jusuqu’aux toits. On ne peut aussi que lire, des dizaines ou centaines de fois, sur ces murs, « Et il n’est de vainqueur qu’Allah » en arabe.

inscriptions de murs des palais

L’oratoire du Mexuar, ressemble vaguement à la résidence d’été du Generalife. Des quatre balcons, des fenêtres de sa principale pièce, s’offre aux yeux une imprenable vue de Albayzín. La Chambre dorée, summum du raffinement a un effet époustouflant sur les visiteurs dont les regards passent sans relâche des colonnes, au sol aux fenêtres et aux murs.

la chambre dorée

Toutes les pièces sont compartimentées par des colonnes de marbre aux chapiteaux et abaques très finement ouvragés. Les arcs sont en ogive ou outrepassés et les murs finement décorés avec des poèmes en calligraphie koufi gravés avec des entrelacements de végétaux dans le stuc. Les parties inférieures des murs sont souvent recouvertes de céramique.

murs des palis de alhambar

Au palais de Comares, la cour des Arrayanes est, sans doute, un des lieux les plus prodigieux de l’Alhambra. Le bassin immobile et miroitant ajoute une touche avérée à l’harmonie des lieux.

Le système d’écoulement permanent de l’eau créé pour ce bassin par les artisans musulmans de l’époque permet un débit doux qui ne trouble pas la quiétude mais qui ne trouble pas non plus le reflet de la tour de Comares dans l’eau. Un miroir parfait.

le mexuar et la tourde los comores

On accède alors au salon grandiose des Ambassadeurs, avec son impressionnante coupole de bois sculpté représentant les sept cieux.

la coupole du salon des ambassadeurs

Le palais des Lions comprenant la cour des Lions, ses colonnes et sa fontaine centrale avec 12 sculptures de lions en son pourtour. C’est dans les salles de cette zone de l’Alhambra que les voûtes sont les plus travaillées et raffinées.

le palais des lions

De palais en palais, du Generalife à la Alcazaba on se rend compte de l’étendue du génie des bâtisseurs de ces lieux autrefois. Si les musulmans ont forcé l’admiration avec leurs palais, forteresses, châteaux, mosquées, tours et bains, ils avaient indéniablement du génie pour l’irrigation, l’horticulture et les sciences.

jardins de lalhambra

Les trois millions de touristes qui arpentent tous les ans ce monument, le plus visité d’Espagne, en conviennent. Les quatorze euros dépensés pour le billet ne sont rien à côté des plaisirs offerts aux yeux, des senteurs qui accompagnent le parcours et surtout de ses choses que l’on imagine en ces lieux uniques.

espace des femmes de lalhambra

L’Alhambra, on y vient, on y revient. Et pour un musulman de passage, elle est un lieu de réflexion exemplaire sur le temps, la gloire, l’apogée et le déclin des civilisations.

lalhambra de nuit