Lakhdar Brahimi : »Assad est un homme rationnel et il n’est pas suicidaire »

Lakhdar Brahimi : »Assad est un homme rationnel et il n’est pas suicidaire »

bragdr.jpgPrès d’un an après la fin de sa mission, l’ancien émissaire de l’ONU et de la ligue arabe chargé du dossier de la Syrie, Lakhdar Brahimi se livre à une lecture critique du dossier syrien et de l’échec des efforts diplomatiques pour mettre fin à ce conflit sanglant alors que des voix se font entendre pour souligner que la crise ne pourra être résolue sans inclure Bachar el-Assad dans les négociations.

Dans une interview accordée au site d’information Orient XXI , le diplomate algérien estime qu’après des années de guerre, « tout le monde se rend un peu plus compte » du fait que le problème syrien est « extrêmement sérieux ». « Mais il semble que les gens qui ont les moyens d’y mettre fin ne soient pas prêts à faire les concessions nécessaires à une solution », souligne-t-il.

Revenant sur sa mission comme émissaire de l’Onu et de la Ligue arabe, Brahimi impute notamment son échec à l’obstination des protagonistes, régime et opposition, ainsi que leurs soutiens respectifs dans la communauté internationale. Tout le monde, selon lui, ne visaient qu’une « victoire finale ». « Ni (le régime) ni (l’opposition) n’envisageait une autre solution que celle consistant à imposer son point de vue », déplore-t-il.

Lakhdar Brahimi, qui a rencontré plusieurs fois le président syrien lors de sa mission, le décrit comme un homme « rationnel ». « Il n’est pas suicidaire mais il a une certaine conception de l’Etat, du pouvoir », estime-t-il. Le diplomate ajoute que le Bachar el-Assad est « très bien informé » de la situation et que rien ne lui est caché.

Dans l’entretien à Orient XXI, M. Brahimi revient également sur le rôle joué par les pays occidentaux depuis le début du soulèvement et estime qu’ils se sont tous trompés. « Enfin, nous nous sommes tous trompés. Tout le monde s’est trompé lamentablement à chaque fois, pas seulement en Syrie », dénonce-t-il.

A la différence des Occidentaux qui misaient sur un effondrement rapide du régime syrien, poursuit le diplomate, « les Russes ont dit depuis le début que la Syrie était différente des autres pays et que le régime allait résister ». Selon lui, Moscou analysait mieux la situation car les Russes sont « bien implantés en Syrie », contrairement aux Occidentaux, qui n’avaient avant la crise qu’une « présence superficielle » dans le pays.

e par la Coalition internationale contre l’EI en Irak et en Syrie, M. Brahimi estime que cette mission est vouée à l’échec « si les bombardements aériens ne font pas partie d’un véritable plan politique » pour les deux pays. « Dans une certaine mesure, on est en train d’aider Bachar el-Assad », remarque-t-il.

Et Lakhdar Brahimi d’affirmer : « Il faut qu’il y ait un changement en Syrie, et qui ne soit pas seulement cosmétique. Quand et comment cela va arriver, je ne le sais pas, mais j’ai l’impression que cela arrivera ».