Grèce : Attentat à la bombe à Athènes

Grèce : Attentat à la bombe à Athènes

h_9_ill_1215603_grece-attentat.jpgUn attentat à la bombe vient à nouveau de secouer le centre d’Athènes. Un signe de plus de la routine terroriste qui frappe le pays depuis le sursaut contestataire de sa jeunesse en décembre 2008, après la mort d’un adolescent tué par un policier.

L’attaque a sérieusement endommagé, vendredi 3 juillet, un bâtiment abritant des bureaux du fisc et un restaurant McDonald’s.

C’est la dixième action d’ampleur imputable en un semestre à des groupes affichant pour la plupart une idéologie d’extrême gauche.

En 2008, une demi-douzaine d’actions du même type a visé notamment police, administrations et banques.

Ce vendredi, un inconnu avait prévenu des médias de l’imminence de l’explosion, permettant un bouclage préventif du quartier visé d’Ambelokipi, densément peuplé.

Ces précautions alimentent une certaine indifférence, voire une tolérance des Grecs envers le phénomène.

Dans l’attente d’une revendication, la police estime que le coup a été porté par Lutte révolutionnaire (EA) qui, selon les experts, entend combler le vide laissé par le groupe d’extrême gauche « historique » du 17-Novembre (17-N), actif de 1975 à 2000, initialement en lutte contre la dictature des Colonels.

Anarcho-autonomes

Inscrit sur les listes noires des Etats-Unis et de l’Union européenne, EA a signé treize actions depuis son apparition en 2003, dont un spectaculaire attentat à la roquette en 2007 contre l’ambassade américaine et le mitraillage de policiers en janvier à Athènes – un blessé grave.

Le groupe, qui a aussi pris pour cible des bureaux de la banque américaine Citibank, a invoqué « la lutte de masse » pour « faire de la crise économique le tombeau du capitalisme ».

Un autre groupe, la Secte des révolutionnaires, ne s’embarrasse pas de considérations idéologiques et se limite à vouloir frapper tout détenteur d’autorité, forces de l’ordre ou journalistes.

Apparue le 3 février avec le mitraillage d’un commissariat, la Secte a criblé de balles, le 17 juin, un policier antiterroriste de garde devant le domicile d’un témoin.

Enquêteurs et analystes se perdent en conjectures sur les liens qui uniraient, ou non, ces deux groupes, ainsi que d’autres formations aux apparitions sporadiques.

Ils s’inquiètent de leur agressivité, et des risques d’émulation, sur fond de ralentissement économique et de désaveu envers une classe politique incapable de lutter contre le clientélisme et la corruption.

Des activistes anarcho-autonomes, notamment, sortent requinqués des mobilisations de décembre.

Les attentats incendiaires à la cartouche de gaz ou au cocktail Molotov imputés à cette mouvance depuis des années sont désormais quasi quotidiens : plus audacieux, ciblés et organisés, bien que sans victimes jusqu’à présent.

Quelques minutes après l’explosion d’Ambelokipi, un incendie criminel a ainsi endommagé, dans le quartier chic de Kolonaki, un institut de recherche sur l’immigration dépendant du ministère de l’intérieur.

La veille, c’est la voiture du nouveau président du Conseil d’Etat qui avait brûlé en centre-ville, après quantité de mises à feu de postes de police, de banques, de permanences politiques, de domiciles de hauts magistrats, et même d’églises.