Etat D’Urgence En Turquie: La CEDH croule sous les plaintes

Etat D’Urgence En Turquie: La CEDH croule sous les plaintes

Depuis le 15 juillet, les autorités turques ont lancé des purges inédites qui ont visé tous les secteurs de la société, de l’éducation et la presse à l’armée et la magistrature.

La Cour européenne des droits de l’homme (Cedh) est confrontée depuis environ deux semaines à un afflux «sans précédent» de plaintes émanant de Turcs visés par les purges menées depuis le putsch avorté en juillet, a indiqué, l’AFP hier, selon un porte-parole. «Nous en sommes à plus de 40.000 requêtes. C’est un afflux énorme, inattendu et inédit», a dit ce porte-parole, précisant toutefois qu’on «ne sait pas encore quelle proportion seront considérées au final comme recevables».

Avant l’arrivée de ces 40.000 plaintes, quelque 74 000 dossiers étaient en instance devant la Cour européenne, concernant l’ensemble des 47 pays membres. Sur ce nombre, 7750 concernaient la Turquie (et, à titre d’exemple, environ 300 la France). Le secrétaire général du Conseil de l’Europe – dont dépend la Cedh -, Thorbjørn Jagland, s’est inquiété hier de cette explosion récente des requêtes venues de Turquie. «Même dans une situation d’état d’urgence, tous les Turcs gardent le droit d’accéder à la Cour», a-t-il souligné lors d’un point presse au côté de la Première ministre norvégienne Erna Solberg.

«C’est pourquoi nous discutons de la façon dont la Turquie peut traiter tous ces problèmes, afin d’éviter que des milliers de requêtes arrivent à la Cour (…) après la tentative de coup d’Etat manqué», a-t-il ajouté. Si les autorités turques n’agissent pas «conformément à la Convention» européenne des droits de l’homme, la quantité d’affaires pendantes devant la Cedh ne pourra qu’augmenter drastiquement, a-t-il prévenu. Début octobre, le commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, avait déjà appelé Ankara à mettre fin «dès que possible» à l’état d’urgence instauré après le coup d’Etat avorté.

La semaine dernière, il avait également jugé «déplorable» l’arrestation du rédacteur en chef et de plusieurs journalistes de Cumhuriyet, principal quotidien d’opposition en Turquie. Depuis le 15 juillet, les autorités turques ont lancé des purges inédites qui ont visé tous les secteurs de la société, de l’éducation et la presse à l’armée et la magistrature. Plus de 35 000 personnes ont été arrêtées depuis la mi-juillet, selon des chiffres annoncés fin octobre par le ministre de la Justice.

Ces derniers jours, les autorités ont donné un nouveau tour de vis, en faisant interpeller une dizaines de députés du principal parti pro-kurde de Turquie, dont ses deux coprésidents. Les pays occidentaux ont vivement réagi à ces nouveaux développements, disant de plus en plus clairement que le président Erdogan se sert de l’état d’urgence pour réprimer, au-delà des comploteurs, toutes les voix critiques.