Amnesty International: “L’état algérien ne facilite pas le travail des militants”

Amnesty International:  “L’état algérien ne facilite pas le travail des militants”

La situation des droits humains en Algérie est toujours aussi préoccupante, selon la section locale d’Amnesty International (AI). Hier, lors d’un petit déjeuner de presse organisé au siège de l’organisation, à Alger, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, la directrice de la section algérienne d’AI, Hassina Oussedik, a révélé que l’ONG est “déçue par le non-respect des droits humains”, et ce, en dépit de la révision constitutionnelle.

“Amnesty International constate que malgré quelques avancées, il existe un certain nombre de lacunes”, a-t-elle déclaré, non sans rappeler les “interprétations très larges” d’une certaine législation, notamment l’artiste bis qui, sous le prétexte de “constantes et de valeurs des institutions”, ouvre la voie aux arrestations de journalistes et de militants des droits humains.

Pour Mme Oussedik, le constat est “grave, d’autant que la déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme a été adoptée à l’unanimité par les États, y compris par l’Algérie”.

D’ailleurs, sur le registre des “atteintes” aux droits humains et des “restrictions des libertés fondamentales”, la responsable a cité nommément les cas du militant des droits de l’Homme et journaliste, Hassan Bouras, qui a passé 3 mois de détention provisoire, en 2015, du journaliste Mohamed Tamalt, condamné à 2 ans de prison, et de Mohamed Talmat, bloguer et journaliste, arrêté en juin dernier et condamné à 2 ans de prison, ainsi que le cas du directeur général de KBC, Mehdi Benaïssa, de la fonctionnaire Nora Nedjaï, et des militants de Tamanrasset.

“Leur seul tort est d’avoir soit exercé leur travail, soit exprimé leur opinion de façon pacifique”, a précisé la directrice d’AI.

Cette dernière a estimé que “l’État algérien ne facilite pas le travail des défenseurs des droits humains”, sans omettre de rappeler les autres anomalies, à l’exemple de la loi “contraignante” sur les associations ou encore “l’interdiction de manifester notamment à Alger, alors que l’état d’urgence a été levé en Algérie”.

Plus loin, Hassina Oussedik s’est également exprimée sur les arrestations, le 1er décembre dernier, de près de 1 400 migrants sur décision du wali d’Alger, dans plusieurs quartiers de la capitale, les présentant comme “une violation des droits de l’Homme”. Elle a déploré l’absence d’étude “au cas par cas” et celle d’une “protection particulière” des personnes vulnérables : les femmes, les enfants et les malades.

“La guerre de Libération nationale a bénéficié du soutien des pays africains, avec l’espoir que la décolonisation de l’Algérie sera celle de tout le continent”, a souligné l’intervenante, invitant État et société à “manifester notre solidarité” envers ces réfugiés se trouvant sur le territoire national et à respecter leur “dignité”.

Interpellée sur la part de responsabilité des États occidentaux concernant la tragédie actuelle des migrants, elle a répondu qu’il s’agit de “la crise des États”, auxquels elle impute “l’entière responsabilité”, tout en reprochant aux “États riches”, tels que les États-Unis et la France, de “ne pas assumer leurs engagements en matière de financements et d’accueil”.

Mme Oussedik a, en outre, accusé “les vendeurs d’armes” qui alimentent les conflits armés, de même que les semeurs de pollution à l’origine des “déplacements internes des populations qui ne peuvent plus cultiver leurs terres”.

Comme elle a dénoncé ces États et ces médias qui entretiennent “le racisme” contre les migrants “par peur de les accueillir”. Pour la responsable de la section algérienne d’AI, “la régression en matière de droits humains touche le monde entier”. La preuve, dira-t-elle, des États “bafouent les libertés fondamentales au nom de la lutte antiterroriste et de la sécurité” et “pratiquent des injustices économiques et sociales”.

H. A.