Ahmed Attaf sur Radio M: «C’est toujours par temps de crise que l’Algérie redécouvre l’Afrique».

Ahmed Attaf sur Radio M: «C’est toujours par temps de crise que l’Algérie redécouvre l’Afrique».

Le ministre des affaires étrangères du Président Zeroual, qui est aujourd’hui secrétaire général du BP de Talaie Al Houria et membre d’une sorte de « Shadow cabinet » regroupé autour de Ali Benflis, juge avec une très grande sévérité la « politique africaine » de l’Algérie qui, assure t-il, « redécouvre toujours l’Afrique par temps de crise ». Ahmed Attaf affiche son scepticisme à l’égard du concept d’« Afrique, profondeur stratégique de l’Algérie » qui sert de socle au prochain forum organisé sur ce thème au début du mois de décembre prochain à Alger. « On n’a pas réussi dans les années 80, ni dans les années 90 .On ne réussira pas davantage aujourd’hui » affirme le diplomate algérien .

« Nous n’avons rien à exporter ».

Cet échec programmé tient selon Ahmed Attaf à une raison fondamentale : « Les marchés africains se sont profondément transformés. Ce sont aujourd’hui des marchés modernes et il faut pour les conquérir des produits compétitifs. Ceux qui parlent de diplomatie économique sont ceux qui n’ont rien à exporter ». L’Algérie est elle dans ce cas ? Oui répond sans hésiter le conseiller d’Ali Benflis qui ajoute que « Ce sont les entreprises performantes et les produits de qualité qui ouvrent les marchés. Regarder le Maroc, Attijariwafa Bank a réussi à supplanter les grandes banques françaises dans toute la zone franc et même au delà en se développant aujourd’hui en Afrique de l’Est ».

Pour Ahmed Attaf ,l’émergence récente de quelques champions nationaux dans le secteur privé en Algérie n’a pas fondamentalement changé la donne qui était déjà celle des années 90 : « nous avons organisé un grand Forum à Bahrein en 1997. Les pays du golfe voulaient connaître les possibilités de commerce et d’investissement dans notre pays. Nous avons invités des hommes d’affaire algériens. Ils n’avaient rien à proposer. La situation est la même aujourd’hui si on excepte quelques entreprises qui se comptent sur les doigts de la main. Le premier exportateur hors hydrocarbures dans notre pays est encore Sonatrach » .

Une instabilité juridique chronique

En sens inverse notre pays est-il au moins capable d’attirer les investisseurs du continent ? Pas davantage assure Ahmed Attaf qui estime qu’on mets la charrue avant les bœufs. « Le climat des affaires en Algérie n’est pas attractif pour les hommes d’affaire. La plupart du temps ceux qui sont venus sont repartis ». Les raisons de cette désaffection ? « Pas de réformes de structure, une bureaucratie qui reste envahissante et une instabilité juridique chronique » diagnostique le diplomate algérien.

Ahmed Attaf réserve une mention particulière dans ce domaine à la règle du 51 /49. « Il faut faire preuve d’humilité, assure t-il, ces problèmes d’attraction de l’investissement étranger ont été réglé dans pratiquement tous les pays du monde. Nous n’avons aucune raison de nous singulariser. Il faut identifier quelques secteurs stratégiques ainsi que ceux ou les rentes sont particulièrement juteuses et ouvrir tous le reste de l’économie aux IDE sans imposer de restrictions. Mais ou est la liste des secteurs stratégiques dont on nous parle depuis des années ?» conclut Ahmed Attaf.