Abdelmalek Sellal en Arabie Saoudite: l’Algérie est-elle en guerre au Yémen ?

Abdelmalek Sellal en Arabie Saoudite: l’Algérie est-elle en guerre au Yémen ?

L’Algérie aurait-elle abandonné ses principes de non-ingérence? Tout porte à le croire, puisque Abdelmalek Sellal l’a déclaré (*) lors de sa conférence de presse, organisée en marge de la visite qu’il effectue depuis deux jours en Arabie Saoudite.

« Soyez sûr que non seulement l’armée algérienne interviendra si les Lieux Saints sont ciblés, mais tout le peuple algérien déferlera comme un seul homme pour défendre la Mecque ». Avant de tempérer: « Dieu merci, il y a une coordination totale actuellement dans ce sens ».

Principe de non-ingérence, seule ligne directrice respectée du régime

La visite d’Abdelmalek Sellal vient donc arrondir les coins et adoucir des relations bilatérales tendues entre Alger et Ryad. La pomme de la discorde aura été presque toujours diplomatique. Faut-il rappeler que la situation était longtemps restée conflictuelle depuis le refus de l’Algérie de rejoindre la coalition arabe dans son offensive contre Saddam Hussein en 1990. La réponse de Ryad, à l’époque, fut sordide puisqu’elle recevait les dirigeants du Front islamique du salut dans son ambassade et laissait émettre des fatwas meurtrières à notre encontre.

L’intervention militaire saoudienne au Yémen en 2015 a fait ressurgir les vieux démons que les relations d’amitié qu’entretenait Abdelaziz Bouteflika avec la monarchie wahhabite, avaient quelque peu domptés. Le refus d’Alger de participer à un OTAN arabe contre les Houtis a fini par fâcher Ryad, d’autant plus que la majorité des chefs d’État de la ligue arabe avaient accépté d’en faire partie.

Après moult tractations et une intense activité diplomatique, les relations semblent revigorées. D’abord par l’accord d’Alger arraché aux Saoudiens lors de la réunion de l’OPEP le mois dernier, ensuite par l’organisation d’une visite officielle de deux jours qu’entame le premier ministre Abdelmalek Sellal.

Cependant, jusqu’à présent le sacro-saint principe de non-ingérence n’a jamais été remis en cause par les autorités algériennes, et Ramtane Laamamra, dépêché par Bouteflika en 2015, déclarait à Ryad que l’Algérie voulait des relations pacifiées avec tous les pays frères (arabes) dans le respect du principe de non-ingérence. Un principe qui a été respecté lorsque les Saoudiens, levaient une autre coalition afin de combattre Bachar Al Assad. Mais il y a lieu de croire que la multiplication des réceptions de Sellal à Ryad laisse croire à d’éventuelles concessions. Sinon comment expliquer cette rencontre avec le patron du renseignement saoudien ? Car de quoi un premier ministre peut-il parler avec un patron du renseignement autrement que de questions militaires ?

Le côté obscur d’une lune de miel

Cette rencontre qui survient sur fond de crise pétrolière sévère et des bouleversements géopolitiques importants, marqués par l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis semble revêtir une grande importance pour Ryad.

L’Arabie Saoudite qui prend part à plusieurs conflits, doit gérer des situations peu confortables comme avec Abdelfattah Al Sissi, et l’éternel conflit avec les ennemis Iraniens! Les Saoudiens qui ne veulent sûrement pas ouvrir d’avantage de fronts de discordes cherchent des alliés, mais pas à n’importe quel prix.

Quant à Abdelmalek Sellal, il voit dans sa visite une opportunité de faire des affaires, et probablement d’amadouer des créanciers saoudiens pour faire face à la situation économique morose que traverse le pays. Cette rencontre est aussi une opportunité de gagner les faveurs du second plus grand producteur du pétrole mondial afin de réussir la prochaine rencontre de vienne, et maintenir l’espoir d’un baril de pétrole à 50 dollars.

Reste à connaître le prix à payer pour que Ryad et ses 10 millions de baril/jours, respecte les engagements pris à Alger de baisser sa production. Aussi, il serait bon de savoir la manière dont participera l’Algérie de Bouteflika à la guerre au Yémen, la première à l’extérieur du pays, depuis celle du Sinaï en octobre 1973.