900 journalistes turcs licenciés en quatre mois

900 journalistes turcs licenciés en quatre mois

1022085712.jpg

Les statistiques fournies par la société Press For Freedom sur la liberté de la presse en Turquie sont accablantes: depuis le début de l’année, plus de 100.000 sites bloqués, 200 agressions et des dizaines de cas de poursuite judiciaire de représentants des médias.

La liberté de la presse en Turquie suscite des inquiétudes: depuis janvier, 894 journalistes ont été licenciés, stipule le rapport préparé dans le cadre du projet turco-britannique Press For Freedom.

« Au moins 160 journalistes ont été licenciés en Turquie en avril, portant le bilan à 894 personnes depuis le début de l’année. Deux journaux et une agence de presse ont été +étouffés+, des prétendues +preuves tangibles+ confirmant leur lien avec le prédicateur islamique Fethullah Gülen opposé au pouvoir et résidant aux Etats-Unis ayant été présentées. Les médias en question ont été par la suite confiés à des administrateurs externes. 104.904 sites ont été bloqués », indique le document.

Le rapport souligne également un niveau croissant de violence envers les journalistes, qui depuis le début de l’année ont été agressés environ 200 fois. L’animateur télé syrien Mohammad Zahar al-Shurgat a été assassiné en avril dans le sud-est de la Turquie par l’Etat islamque.

33 journalistes ont été interpellés, 12 se sont présentés devant la justice et 12 autres ont été accusés d’ »injure contre le président turc ». Les auteurs du rapport évoquent également le sort des journalistes du journal d’opposition Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül, condamnés à la prison pour avoir divulgué des secrets d’Etat.

Ceux-ci menaient une enquête sur la livraison d’armes aux djihadistes syriens par des services spéciaux turcs. Les deux journalistes ont été respectivement condamnés à cinq ans et dix mois et à cinq ans de prison par un tribunal turc. A peine sorti de la salle le jour du procès, M. Dündar a été agressé.

« Les journalistes cherchent des sujets. Traiter les journalistes qui recueillent des informations de +terroristes+ ou d’ +espions+ témoigne de l’état des libertés dans le pays », observe le rapport.

Le document critique également le manque de sécurité pour les journalistes qui travaillent dans le sud-est de la Turquie, où se poursuit l’opération contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

En outre, début mars, la juridiction d’Istanbul a désigné un administrateur chargé de diriger l’agence Cihan. Une gestion externe a été également introduite pour le journal Zaman, plus gros tirage de Turquie, son ton critique ayant ensuite radicalement changé.

L’union des journalistes de la Turquie a condamné la pression exercée par les autorités sur les médias d’opposition et a qualifié l’introduction d’administrateurs de nouvelles méthodes de censure.

Fin 2015, les autorités ont fermé les chaînes de télévision privées Kanalturk et Bugun TV, les journaux Bugun Gazetesi et Millet Gazetesi, ainsi que la radio Kanalturk Radyo, qui faisait partie du groupe Koza-Ipek. Les autorités turques ont expliqué leurs démarches par la non-rentabilité de ces médias.

Le site de l’agence Sputnik est bloqué en Turquie depuis fin avril. Un tribunal d’Ankara a jugé valide la décision prise par la Direction turque des télécommunications concernant le blocage d’une série de sites dans le pays, y compris Sputnik-Turquie.

Le gouvernement turc a récemment interdit d’entrée en Turquie Tural Kerimov, rédacteur en chef de Sputnik Turquie, sans fournir aucune explication. Son accréditation et son permis de résidence ont été annulés.

Les autorisé turques ont également interdit d’entrée Volker Schwenck, correspondant de la chaîne de télévision allemande ARD, le photographe grec Giorgos Moutafis, collaborateur de Bild et David Lepeska, qui travaille pour le New York Times et Al Jazeera.(Sputnik)