Wi-fi dans les avions : Eutelsat attaque Inmarsat

Wi-fi dans les avions : Eutelsat attaque Inmarsat

Le français accuse le britannique de distorsion de concurrence.

La tension monte entre Eutelsat et Inmarsat. A quelques jours du début du Salon du Bourget, le 19 juin, Rodolphe Belmer, le patron de l’opérateur satellite français, prend la parole pour dénoncer certaines pratiques de son concurrent britannique, qu’il juge illégales, concernant les services de connexion haut débit à bord des avions.

Le wi-fi dans les avions européens est en plein développement. 80 % des passagers européens souhaitent avoir une connexion haut débit pendant leur vol, selon l’institut GfK. Et le marché mondial est prometteur : il se chiffre à 4 voire 5 milliards d’ici à 2025, dont 1 milliard pour les opérateurs satellite. Toute position forte acquise aujourd’hui par un acteur est donc très structurante pour l’avenir.

Or, Eutelsat estime qu’en la matière Inmarsat ne respecte pas les règles du jeu. « Inmarsat va déployer en Europe le système ATG pour amener du wi-fi dans les avions majoritairement par bornes terrestres. Mais il va le faire en utilisant des fréquences qui lui avaient été attribuées pour un tout autre usage », plaide Rodolphe Belmer, pour qui cela induit clairement une « distorsion de concurrence ».

Eutelsat affirme s’être joint à son partenaire ViaSat

La bande de fréquences en question, c’est la bande S (qui va de 2 à 4 gigahertz) qu’Inmarsat s’est vu attribuer par la Commission européenne en 2009. « Elle devait, à l’origine, servir à réduire la fracture numérique en Europe par le satellite, en amenant des services à plus de 50 % de la population », rappelle Rodolphe Belmer. Pour lui, Inmarsat en fait « un usage perverti » en l’employant, avec son partenaire Deutsche Telekom, pour apporter le wi-fi dans les avions.

Eutelsat affirme s’être joint à son partenaire ViaSat qui prépare une action devant le tribunal de l’Union européenne. Il a par ailleurs engagé des discussions avec les régulateurs locaux, comme l’Arcep en France ou encore l’Ofcom en Grande-Bretagne.

Ce que fait Inmarsat constitue aussi un frein à l’innovation

Ceux-ci pourraient être compétents sur la question dans la mesure où l’usage terrestre est dévolu aux autorités nationales. « Ce que fait Inmarsat constitue aussi un frein à l’innovation, reprend Rodolphe Belmer, car leur système offre des capacités assez limitées, vingt fois moins performantes que ce que nos satellites VHTS seront capables de faire après 2021. »

Le sujet est sensible car toutes les compagnies aériennes cherchent à s’équiper en wi-fi. Air France et KLM ont par exemple lancé récemment un appel d’offres pour la sélection de leurs fournisseurs de solutions de connectivité embarquée. Pour les opérateurs satellite, c’est un contrat à ne pas manquer.