La pratique journalistique à l’ère du web social.

La pratique journalistique à l’ère du web social.

Qu’est ce qu’un bon journaliste ? Le web est-il l’ennemi de l’information ? Comment être crédible ? Sont les questions auxquelles a tenté de répondre  le journaliste italien, Ugo Tramballi, au cours d’une conférence organisée le lundi 13 mars dernier à l’école nationale supérieure de journalisme de Ben Aknoun (Alger). L’intervenant est correspondant et éditorialiste, spécialiste des questions internationales, au quotidien italien Il Sole 24 Ore. Il est également membre de l’Institut des affaires internationales de Rome et du Centre pour la paix au Moyen-Orient-Milan.

Se considérant comme un journaliste du XXe siècle, le web représente, pour lui, un réel danger pour le métier. Pour développer son point de vue, il se base sur des arguments plus ou moins rationnels. Selon lui, à cause de cet outil technologique, «le journaliste n’a plus de relation directe avec les événements ». Pour expliquer son opinion, il va même jusqu’à dire que le web avait déjà « kidnappé son temps ». L’internet est également responsable de « la mort d’un élément fondamental de notre profession, c’est la vérification des sources, fondamentale pour être crédible », s’est-il désolé.

« Il faut laïciser la profession »

S’adressant à un public plus ou moins varié -âgés moyennement entre 25 et 60 ans- l’éditorialiste a énuméré les qualités que tout journaliste devrait avoir : le courage, l’honnêteté, et l’esprit critique. « Le web par exemple ne doute jamais, il nous donne toutes les vérités, et les solutions des problèmes. Douter est bon pour la santé du journaliste », a-t-il expliqué.

Quant aux tares​ ​dont un​ bon journaliste devraient ​se prémunir​, il ​s’agit​ : du journaliste protagoniste, du journaliste prêtre, et du journaliste qui sauvera le monde.

Pour la première catégorie, l’illustre conférencier la compare aux acteurs de cinéma. « Le message des protagonistes c’est : la nouvelle c’est moi, parce que je suis là en train de risquer ma vie, je suis très fort. Dans la politique, le journaliste protagoniste va s’improviser politicien, et pourra devenir politicien, ou même rentrer en compétition avec le politicien ».

Pour la seconde catégorie, il s’agit du journaliste prêtre. Ugo Tramballi indique que ces journalistes se croient intouchables,  « ils sont là pour vous donner la vérité. Sauf que notre travail est une profession, et non pas une religion ». Pour parer à cette erreur, il propose de « laïciser cette profession », pour faire du bon journalisme.

Enfin, il évoque la catégorie « sauveur du monde ». Pour expliquer ce profil, ​il cite une anecdote des plus éloquente : « Je vais répéter ce que m’avait dit mon rédacteur en chef quand j’avais commencé cette profession, ‘’si tu veux sauver le monde va travailler chez les Nations-Unies’’ ».

« Le journal papier est destiné à mourir »

Quant à l’avenir du journalisme il évoque le cas du journal américain New York Times. « Si tu passes du papier au web tu peux survivre, comme le New York Times, ils peuvent survivre uniquement avec de la publicité ». Tout en expliquant que « si tu amènes tout le groupe industriel du NYT dans le web, en maintenant l’édition sur papier, tu ne peux pas résister ». Et d’enchérir : « Tu dois payer le web aussi. Parce que le coût industriel du journal (NYT, ndlr) est tellement lourd que tu ne peux pas survivre ». D’ailleurs, dans le même contexte, il déclare amèrement qu’« un jour tous les journaux en papier sont destinés à mourir ».