Grandes annonces et petites phrases

Grandes annonces et petites phrases

Markets-2014-08-05-p01i-382x189.jpgLes réformes dans le secteur des TIC ont-elles abouti aux résultats escomptés ? Certains en doutent. Les plus optimistes parlent de légers progrès mais l’Algérie avance à petits pas sur cet échiquier. « Le digital va bouleverser le monde même si nous sommes hors-monde, il nous atteindra», me confie un ami sur Facebook. Il marque un temps d’arrêt et poursuis : «la stratégie du gouvernement n’est en fin de compte que des petits projets mis bout à bout. Je ne crois pas que l’on va inventer le fil à couper le beurre. La stratégie gouvernementale doit permettre au citoyen de vivre, de mieux vivre, et cela se décline toujours en petits projets». Mais, il y a des projets qui datent du siècle dernier et qui peinent à être concrétisés.

Mohand Laïd Mahloul, DG d’Algérie Poste, a reconnu d’ailleurs lors d’une récente conférence-débat organisée par le journal DK News sur le thème «Algérie Poste à l’heure des TIC» un usage timide des  moyens de paiement et de retrait via la carte magnétique au niveau des bureaux  de poste. Azouaou Mehmel, Président Directeur Général d’Algérie Télécom, avait affirmé lors d’un message à l’occasion du nouvel an 2014 : «Aujourd’hui, en effet, face à la pression du marché et l’agressivité de la concurrence, Algérie Télécom se doit, sans délais, de regagner en confiance et en crédibilité». Alors que le débit internet reste modeste dans les maisons, il fait une autre annonce : la 4G LTE pour les cybercafés ! L’objectif étant de répondre à la demande croissante en matière de haut et très haut débit et de consolider le positionnement d’Algérie Télécom en tant que leader technologique. Alors que la tendance mondiale est à la mobilité, chez nous, on axe les efforts sur les cybercafés, en déclin.

Côté opérateurs, Djezzy a enfin lancé en grande pompe sa 3G dans 7 wilayas (Alger, Constantine, Oran, Ouargla, Bechar, El Oued et Skikda). Il a fait dans le symbole pour marquer les esprits : lancement le 5 juillet et a fêté récemment ce lancement dans un hôtel emblématique de la capitale, El-Aurassi, autour d’un sympathique f’tour. Une occasion aussi de remettre au gout du jour les jeux de mots. «Djezzy n’est pas en retard, mais ce sont nos concurrents qui se sont précipités dans le lancement de la 3G », dira le Directeur Exécutif de l’opérateur, Vincenzo Nesci. Des attaques à peine voilées contre Mobilis et Ooredoo. La coexistence est loin d’être pacifique. Dans ce grand tohu-bohu, force est de constater que le gendarme du marché, l’ARPT, se fait d’une rare discrétion.

D’autre part, Joseph Ged, directeur général d’Ooredoo, a fini par reconnaître ce qu’il a lui-même qualifié «d’absence de visibilité commerciale dans certains supports médiatiques», évitant de prononcer ouvertement le mot publicité.

La raison ? «Une nouvelle stratégie de redéploiement dans les médias sur laquelle nous travaillons actuellement et qui sera mise en œuvre dans un proche avenir». Un proche avenir ? Voilà qui est vague comme déclaration, quoique Ooredoo est devenu une marque internationale et donc de ce fait, elle est gérée d’une autre manière qu’une marque ‘locale’. Il faut préciser aussi que l’expression «certains supports médiatiques», ne concerne en fait principalement que la presse papier. Les quelques sites web continuent à en bénéficier, même aux comptes gouttes, alors que les chaînes de télévisions ont été inondées de publicité. Ooredoo ne pouvait pas se permettre d’être absent du petit écran en période de Coupe du monde de football au Brésil et pendant le ramadhan. Joseph Ged voulait-il éloigner la thèse des pressions politiques?

Entretemps, Saâd Dama, PdG de Mobilis, rêve de faire passer à son entreprise un autre cap, en devenant le numéro 1 du mobile – 3G – en Algérie et en tentant de devenir le sponsor principal de l’équipe nationale de football. Mobilis a fait, nous dit-on, une offre intéressante dans ce sens en attendant le verdict final.