Comment nos smartphones peuvent contribuer à la recherche contre le cancer?

Comment nos smartphones peuvent contribuer à la recherche contre le cancer?

Des scientifiques japonais ont lancé un appel aux dons pour le moins inhabituel : plutôt que de récolter de l’argent, ils souhaitent que chacun mette à disposition la puissance non utilisée de son téléphones pour aider la recherche. Explications.

Des scientifiques japonais réclament notre aide pour faire avancer la recherche contre le cancer chez l’enfant. Ils ne demandent pas notre argent, ni notre temps mais… la contribution de nos téléphones.

Les chercheurs du Smash Childhood Cancer (SCC), qui ont leur quartier à l’hôpital Koseika, à Saga, au Japon, souhaitent utiliser une technique, celle du calcul distribué. Ne fuyez-pas devant ce terme barbare : il s’agit simplement de potentialiser la puissance de calcul cumulée de nos téléphones et de nos ordinateurs pour effectuer des simulations afin de mettre au point un médicament capable de traiter les cellules cancéreuses.

Pour illustrer l’efficacité du processus, Akira Nakagawara, le responsable du SCC, raconte une anecdote à propos d’une précédente recherche : »Un calcul qui aurait pris 55 000 ans s’il avait été effectué par un ordinateur ordinaire a pu être terminé en deux ans [grâce à ce projet] », explique-t-il dans le quotidien japonais Asahi Shinbun.

La contribution se veut totalement indolore et n’affecte en rien l’utilisation de votre précieux téléphone. « L’application se met en marche seulement si vous avez plus de 90 % de batterie et attend que vous soyez connecté au Wi-Fi pour ne pas consommer de données mobiles », explique à la BBC Juan Hindo, gestionnaire de programme chez IBM Corporate Citizenship qui gère l’application. Elle a été conçue pour ne pas vous déranger et ne pas être intrusive. »

Des résultats contre la dengue et le Zika

Ces chercheurs, qui combattent le cancer infantile, s’appuient sur une initiative globale lancée en 2004 par l’entreprise IBM. Ce projet, le World Community Grid, vise à mettre à disposition de projets de recherche à vocation humanitaire une infrastructure technique facilitant les simulations en exploitant la fameuse technique du calcul distribué expliquée plus haut. Depuis son lancement, il a déjà permis de faire avancer des projets pour lutter contre la dengue, le sida ou encore le virus Zika.

« Le World Community Grid met sa technologie à disposition des seules organisations publiques ou à but non lucratif pour qu’elles l’utilisent dans des recherches humanitaires qui, autrement, risqueraient de ne pas aboutir en raison du coût élevé de l’infrastructure informatique nécessaire en l’absence d’infrastructure publique », explique IBM sur le site du projet.

Initialement, le logiciel – qui répond au charmant nom de BOINC – n’était capable d’utiliser que la puissance de calcul des ordinateurs. Depuis 2013, il s’est ouvert aux smartphones et aux tablettes, tournant sous Android. En revanche, on attend toujours qu’Apple modifie ses règles afin qu’il arrive sur iOS.

De multiples projets pour exploiter la puissance inutilisée de nos smartphones

En 1999, le projet SETI@home avait fait figure de pionnier dans le domaine du calcul distribué. Développé par l’université de Berkeley, en Californie, il met en commun la puissance de calcul de millions d’ordinateurs dans le monde afin d’aider à découvrir d’éventuels signaux de vie extraterrestre. Encore actif aujourd’hui, c’est sur la base de ce projet qu’a été créée le logiciel utilisé par le World Community Grid.

IBM n’est pas aujourd’hui le seul à avoir utilisé ce concept. Depuis 2013, le constructeur taiwanais HTC a lancé Power to give, une application qui permet aux utilisateurs de leurs smartphones de choisir un domaine de recherche parmi le cancer, le sida ou la maladie d’Alzheimer et de transmettre la puissance de calcul inutilisée. Quant à Samsung, avec Power Sleep, il veut faire travailler nos smartphones durant notre sommeil pour faire avancer la recherche dans les domaines de la biochimie, la biologie moléculaire ou le cancer.

Depuis 2004, plus de 720 000 volontaires ont prêté la puissance de calcul de leurs appareils pour faire avancer la recherche dans le cadre du projet d’IBM. Sur le site du projet, on constate que, depuis le lancement, 1 391 250 années de calcul ont déjà été effectuées à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Près d’un million d’années, c’est déjà bien mais on peut certainement mieux faire : en s’inscrivant ici pour donner votre smartphone à la science.