Abdellah Mallek : « Le coworking space n’est pas un business de l’immobilier mais de création de valeur »

Abdellah Mallek : « Le coworking space n’est pas un business de l’immobilier mais de création de valeur »

Abdellah-Mallek.jpgAvec ses converses et son air décontracté, Abdellah Mallek ressemble à n’importe quel étudiant de la capitale. Et pourtant, derrière des lunettes et une barbe bien taillée se cache un chef d’entreprise. Version XXIe. Jeune diplômé en mathématique appliquée de l’Université de Bab Ezzouar (USTHB), l’entrepreneur de 25 ans dirige depuis bientôt deux ans une boîte de conseil en communication digitale, Talfact Consulting. Il s’apprête à ouvrir le premier espace de coworking, lieu de travail partagé, à Alger baptisé Sylabs. Entretien.

Comment est née l’idée de créer un coworking space ? 

Ce projet est d’abord venu d’un besoin, constaté chez tout ceux qui, comme moi, travaillent dans le numérique. Souvent installés en freelance, ces employés du digital ont rarement des bureaux fixes car les loyers coûtent très chers. L’alternative de travailler chez soi n’est pas idéale puisque bien souvent il s’agit du domicile familial. En même temps, les possibilités de lieux de travail à l’extérieur sont inexistantes. Alger ne possède pas d’espaces de travail collaboratif ou coworking space. Ce manque d’espace de travail est d’autant plus handicapant que dans le numérique la collaboration est essentielle. On ne peut pas bien travailler, si on ne peut pas se rencontrer. Or, se retrouver chaque trois mois lors des événements autour du numérique ne suffit pas. Les coworking space existent partout dans le monde, pourquoi pas à Alger ? C’est le problème que je me suis fixé de régler, pour moi-même et tous les autres travailleurs du 2.0. Et la solution commence par un lieu de travail.

Quelles ont été les différentes étapes de construction du projet ?

L’idée de création d’un espace de coworking est née en 2012 au moment où je me trouvais à l’incubateur de Sidi Abdellah comme porteur de projet, mais Sylabs n’a physiquement commencé à exister que depuis la rentrée de septembre avec le début des travaux. Pendant ces trois ans, je me suis immergé dans l’environnement du coworking. J’ai beaucoup lu sur le sujet, j’ai suivi des expériences de coworking space partout dans le monde, surtout au Maghreb et Moyen-Orient qui possèdent le même environnement économique et socio-culturel que l’Algérie, et j’ai même travaillé dans des coworking space au cours de mes déplacements à l’étranger. J’ai ainsi pu découvrir leur formidable utilité. Quand tu arrives dans une ville où tu ne connais personne, tu vas dans un coworking space et tu rencontres immédiatement la communauté numérique du pays. Tout cela m’a permis de bien comprendre le concept et de me l’approprier. De ces expériences, je retiens ainsi deux points importants : le premier, c’est la localisation, il est indispensable que l’espace coworking soit facilement accessible et se trouve au cœur de la ville ce qui est le cas de Sylabs situé à deux pas de la Grande Poste ; le second c’est la communauté, il ne s’agit pas simplement d’offrir une table, une chaise et une connexion internet mais un environnement propice à la naissance de projets. Et donc à la création de valeur. Le coworking space n’est pas un business de l’immobilier avec de la location d’espace, c’est un laboratoire d’idées et d’initiatives.

Comment fonctionne Sylabs ?

Sylabs se veut à la fois un bureau classique offrant toutes les commodités à ses souscripteurs – salle de travail calme, connexion internet, imprimante, espace détente, etc., – et un hub qui accueille toutes les personnes gravitant autour du numérique. Grâce aux 300 m2 de superficie, les possibilités sont grandes et les volontés de Sylabs nombreuses. En plus de l’espace de travail qui peut accueillir jusqu’à 40 personnes, Sylabs abrite une salle de conférence d’une capacité de 100 places, une salle de réunion, un espace cuisine – avec une machine à café qui prend du temps pour permettre aux présents d’échanger et créer du lien – et même un espace d’exposition pour les artistes. Riche de ces potentialités, Sylabs a vocation d’être un lieu de formation à travers l’organisation de « Sylabs académies » à savoir des workshops et mini-formations qui se tiendront tout au long de l’année autour de thèmes aussi variés que la création de process, le networking, la transformation digitale, etc. Des étudiants aux seniors, des journalistes aux artistes, des commerçants aux artisans, etc., ces formations s’adressent au plus grand nombre possible, qu’importe l’âge et le métier, car le numérique touche à présent tout le monde.

Comment va se dérouler l’ouverture ?

D’ici quelques jours, Sylabs va commencer à accueillir les premiers « beta-testeurs » à savoir des personnes qui vont expérimenter l’espace afin d’affiner au mieux l’aménagement et s’assurer que le produit final soit le plus adapté. Les intéressés par la location d’un bureau peuvent dès à présent se faire connaître auprès de Sylabs via la page Facebook de l’espace de coworking.  L’ouverture officielle au public aura lieu au début de l’année prochaine. Marhaba!

Les coworking space dans le monde arabe

Istanbul, Beyrouth mais aussi le Caire abritent de nombreux espaces de coworking. Au Maghreb, plusieurs lieux ont aussi vus le jour notamment « Le Cogite » à Tunis et le « New Work Lab » à Casablanca.