A travers sa nouvelle politique de confidentialité : Ce que Facebook vous cache

A travers sa nouvelle politique de confidentialité : Ce que Facebook vous cache

2012_facebook_601375149.jpgLe réseau social met à jour ses conditions d’utilisation. Ces changements entreront en vigueur au 1er janvier 2015, mais ont-ils vocation à vous rendre le contrôle, comme Facebook le prétend?

Depuis quelques jours et jusqu’à la fin de l’année, Facebook diffuse, par email à ses abonnés, une notice avertissant ses utilisateurs de la mise à jour prochaine de ses conditions d’utilisation et de sa politique de confidentialité. Car lorsque Facebook vous parle de confidentialité, le réseau social omet de préciser que, sur son site et autour, votre ami de très loin le plus intrusif, c’est lui. C’est surtout dans la forme que Facebook a choisi de revoir ses conditions générales d’utilisation (CGU) et sa politique de confidentialité. A ce titre, l’email envoyé comme la page qui s’y rapporte ressemble à s’y méprendre à une diversion. Ou disons en tout cas qu’elle offre différents niveaux de lecture. Pour entrer dans le vif du sujet, il faudra suivre les liens, plus discrets, contenus dans l’email.

$Le premier d’entre eux propose une expérience quelque peu infantilisante et pointe vers un « tuto » interactif baptisé « Privacy Basics », soit en français « Les bases de la confidentialité ». Mais au moins a-t-il le mérite de la clarté. Les utilisateurs confirmés n’y apprendront rien mais il sera d’un grand secours pour les débutants. Par ce biais, Facebook entend vous montrer comment contrôler ce que vous montrez aux autres, la façon dont les autres interagissent avec vous, et ce qui apparaît dans votre fil d’actualités. Bref, voilà toutes les clés pour maîtriser votre image vis à vis de vos amis et tenir à l’écart les importuns.

En plus de ce tutoriel vidéo en trois étapes, Facebook vous présente un nouvel assistant de confidentialité, sous les traits d’un petit dinosaure, qui reprend les grands principes exposés dans « Privacy Basics » et vous aide à les mettre en oeuvre directement sur votre page. Pour y accéder, cliquez sur le cadenas en haut à droite de votre page, suivez le lien « Vérification de la confidentialité », et laissez-vous guider. Désormais, vous contrôlez ce que « les autres » voient de vous et ce qu’ils vous infligent en retour. Mais ce qui vaut pour « les autres » ne vaut pas pour Facebook et certainement pas non plus pour ses partenaires commerciaux. Pour en apprendre davantage à ce sujet, épargnez-vous les CGU elles-mêmes qui n’ont pas grand-chose à envier à celles d’Apple. Comprenez par là qu’elles sont longues, moches et difficilement compréhensibles pour le commun des mortels. Sauf à vouloir vous faire peur, évitez également la politique de Facebook en matière de cookies. Le lien qui vous intéresse est intitulé « politiques d’utilisation des données ». Et s’il a lui aussi le mérite d’une certaine clarté -au moins dans sa présentation, cette fois, pas d’animation ou de gentil dinosaure pour vous prendre par la main. Soyez prêts à avaler quelque 3500 mots d’une novlangue qui ne poursuit qu’un seul but: vous convaincre que la curiosité -souvent mal placée- de Facebook n’a d’autre objet que de satisfaire votre exigence d’un service de qualité. Pour prendre pleinement conscience de votre nudité, il faudra savoir lire entre les lignes. Facebook connaît « vos activités et les informations que vous fournissez » en mettant à jour votre profil, mais il en va de même de vos contacts qui, à l’occasion, fournissent eux-mêmes de nombreuses informations à votre sujet. Mais Facebook continue à vous pister bien au-delà de son joli cadre bleu. A moins d’être dûment déconnecté du service (fermer la fenêtre ne suffit pas), le bouton like le plus anodin, sur n’importe quelle page web, contribue à vous pister. C’est ce que Facebook appelle des « informations provenant des sites web et des applications qui ont recours à nos Services ». Oui, avec une majuscule. Il va sans dire que les infos collectées par les sites vassaux de Facebook, que sont par exemple WhatsApp pour vos textos ou Instagram pour vos Photos, font également partie du package. Mais leur nom n’est jamais mentionné dans la charte politique de Facebook. A la question « comment utilisons-nous ces informations », Facebook répond, sans rire: « Nous aspirons à créer une expérience utilisatrice attrayante et personnalisée. Nous tirons parti de toutes les informations à notre disposition pour fournir nos Services et maintenir leur qualité ». L’attention est louable, elle consiste à « fournir, améliorer et développer [ses] Services » majuscules (25 lignes), « communiquer avec vous », « diffuser et évaluer les publicités et les services » (7 lignes), mais surtout « favoriser » votre « sécurité »… Et accessoirement, mais ce n’est pas dans le document, réaliser quelque huit milliards de dollars de chiffre d’affaires en vendant vos données à ses partenaires. Or c’est là que réside tout le problème: Facebook semble jouer la transparence et n’avoir que le mot « confidentialité » à la bouche. Pourtant, à aucun moment il ne vous autorise à vous affranchir, au moins partiellement, de son oeil omniscient. Avec Facebook, désormais coté en bourse et valorisé près de 200 milliards de dollars, en 2015 plus que jamais, si c’est gratuit, c’est bien parce que vous êtes le produit.