Femmes algériennes, 50 ans après l’indépendance “L’égalité en marche”

Femmes algériennes, 50 ans après l’indépendance “L’égalité en marche”

7_200_150 (1).jpgL’Algérie vient de se doter d’un annuaire statistique portant sur l’évaluation des progrès accomplis en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Intitulé : “L’égalité en marche”.

“Femmes algériennes en chiffres, 2013”, ce document d’une quarantaine de pages a été réalisé par l’Ardef (ex-Ciddef) avec le soutien de l’Aecid, dans le cadre de la mise en place de l’Observatoire algérien des droits des femmes.

Chiffres, tableaux et graphismes à l’appui, l’annuaire informe sur les avancées constatées depuis l’Indépendance, dans différents domaines : affirmation (dans les textes législatifs et les politiques publiques) de l’égalité en tant que “valeur universelle et constitutionnelle”, pratique de la contraception consolidée, recul de l’âge au mariage, réduction du taux de mortalité générale, évolution du taux de scolarisation, amélioration des conditions de vie des familles, baisse du taux d’illettrisme, croissance du niveau d’instruction, de l’espérance de vie et de l’indice sexospécifique de développement humain, etc. Seulement, les études et enquêtes menées pendant ce demi-siècle sur les violences faites aux femmes, en particulier l’enquête de l’INSP de 2005, l’enquête nationale de prévalence de la violence envers les femmes algériennes réalisée en 2006 par le ministère chargé de la Condition féminine et les résultats obtenus en 2008 par le réseau Balsam des centres associatifs d’écoute des femmes victimes de violence, avec analyse annuelle en 2010, 2011 et 2012, montrent qu’il reste beaucoup à faire pour faire barrage à ce fléau qui touche à la santé et à la dignité de la femme, et qui s’exprime le plus dans l’espace familial, mais également dans les espaces publics et sur les lieux de travail. Pour avancer vers l’égalité des sexes, “il faudra éliminer tous les obstacles à la pleine utilisation des compétences des femmes et des hommes”, suggère Me Nadia Aït Zaï, la directrice de l’Ardef, dans l’éditorial de l’annuaire statistique. À ce sujet, l’avocate rappelle, entre autres, les difficultés rencontrées par les femmes pour “concilier vie professionnelle et vie familiale” et l’impact des pratiques sociales qui, contradictoires à la Constitution, “entravent l’évolution des rapports égalitaires”, entre les enfants de sexe différent d’une même nation.

Pour Me Aït Zaï, des mesures “volontaristes” doivent être mises en place, des mesures devant être accompagnées d’un changement de mentalités et de l’élimination des “stéréotypes dépassés sur les rôles et capacités des femmes et des hommes”.

Jeudi, lors du séminaire d’Alger, la même responsable s’est exprimée sur la contradiction entre la société qui pourtant “a évolué” et le code de la famille qui maintient toujours la femme dans un statut inférieur. Selon elle, il faut aller vers “la déconstruction du droit musulman, qui est une œuvre humaine” et l’ouverture de “l’Ijtihad”, pour asseoir des règles plus égalitaires. Nadia Aït Zaï a aussi parlé du projet de loi relatif à la lutte contre les violences, réalisé par le mouvement associatif et des personnalités féminines, et transmis l’an dernier au Parlement. “Nous attendons que le nouveau Parlement se réapproprie ce projet de loi et l’envoie au gouvernement pour adoption”, a-t-elle annoncé.

H A