Pourquoi on en parle ?

C’est une avancée scientifique qui ouvre de nouvelles perspectives de recherches médicales. La revue scientifique britannique Lancet Gastroenterology & Heptalogy a récemment publié une étude qualifiant le mésentère comme étant un nouvel organe du corps humain.

Cette nouvelle terminologie est la conclusion du travail réalisé par le professeur J. Calvin Coffey et de son équipe de l’University Hospital Limerick (Irlande) depuis 2012. Quatre années de recherches qui ont permis aux scientifiques irlandais d’accumuler les preuves nécessaires pour reclasser dans la catégorie « organe » un bout de notre système intestinal, déjà connu, mais peu étudié.

C’est quoi ?

Le mésentère fait partie du système digestif. C’est une double couche du péritoine, une membrane présente dans la cavité abdominale. « Ce n’est pas un organe plein comme le cœur ou les poumons. C’est une sorte de gainage de vaisseaux veineux qui fait notamment le lien avec les artères principales de l’abdomen et les intestins », explique Laurent Beaugerie, chef du service de gastro-entérologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris.

À quoi ça sert ?

Le mésentère lie les intestins à la paroi de l’abdomen. Ce « rôle d’arrimage » participe au maintien de tous les éléments du système intestinal à leur place. Le mésentère a également « un rôle nourricier », précise Laurent Beaugerie. Il assure la vascularisation de l’intestin grêle et d’une partie du gros intestin par l’artère mésentérique qui circule dans le mésentère. Enfin, l’organe a un rôle de stockage : « C’est une membrane qui participe à l’accumulation de graisse abdominale dans le corps. »

Découvert à la Renaissance

C’est Léonard de Vinci qui, le premier, a découvert la présence de cet organe dans le corps humain à la Renaissance. Considéré comme ayant une structure fragmentée et multiple, cet organe a longtemps été ignoré par les spécialistes.

Cette présentation est désormais réfutée par les recherches du professeur J. Calvin Coffey : « La description anatomique qui en a été faite pendant une centaine d’années est incorrecte. Cet organe est loin d’être fragmenté et complexe. Il s’agit d’une seule structure organique d’un seul tenant », écrit le professeur irlandais dans son étude.

Quelles répercussions pour la médecine et les patients ?

Désormais considéré comme un organe, le mésentère peut être étudié comme tel. Première conséquence, la « Bible » de l’anatomie humaine, le livre Grays Anatomy (qui a notamment inspiré le titre de la célèbre série américaine hospitalière Grey’s Anatomy), a été mise à jour peu après la « découverte ». Le mésentère est désormais inclus dans la liste des organes. « Quand on comprend la fonction d’un organe, on peut identifier des dérèglements, des maladies. Nous avons établi son anatomie et sa structure. La prochaine étape, c’est sa fonction », explique le professeur J. Calvin Coffey.

« Quand on comprend la fonction, on peut identifier des dérèglements, des maladies. Tout ça ensemble, c’est la science mésentérique… Soit la base pour une toute nouvelle catégorie scientifique et médicale. » Jusqu’à pouvoir de guérir de nombreuses maladies intestinales aux causes encore méconnues ? Le professeur Laurent Beaugerie, chef du service de gastro-entérologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris en est convaincu. « Le mésentère était sous estimé comme environnement favorable à l’apparition de maladie telle que le diabète ou la maladie de Crohn [une maladie inflammatoire chronique du système digestif, NdlR] et plus généralement toutes les maladies métaboliques. » Un petit pas pour les scientifiques, un grand pas pour les patients ?