Transfert des patients pour des soins en Turquie: accord pour une convention entre la Cnas et le groupe hospitalier Acibadem

Transfert des patients pour des soins en Turquie: accord pour une convention entre la Cnas et le groupe hospitalier Acibadem

d-accord-pour-une-convention-entre-la-cnas-et-le-groupe-hospitalier-acibadem-54e9c.jpgUne convention est en cours de finalisation entre la Cnas et le groupe hospitalier turc Acibadem. L’accord de principe a été déjà conclu et des forfaits négociés pour des prises en charge en radiothérapie, cardiopathie pédiatrique, greffe hépatique et greffe de la moelle osseuse chez les enfants.

Une commission médicale de la Caisse nationale de la sécurité sociale (Cnas) s’est déplacée en Turquie pour visiter les infrastructures du groupe hospitalier Acibadem. À l’issue du séjour, les deux parties ont entamé les négociations relatives au transfert de patients algériens pour des soins en radiothérapie, cardiopathie pédiatrique, greffe hépatique et greffe de la moelle osseuses chez les enfants.

Ce sont les pathologies proposées par l’Algérie et pour lesquelles des arrangements financiers, sous forme de forfaits, ont été trouvés. “Des considérations financières différentes sont envisagées pour des personnes souffrant d’autres maladies, envoyées avec une prise en charge de la Cnas”, précise Maria Ines Kurtulus, superviseur des relations internationales Afrique du Nord et région francophone. Elle ajoute que le coût des soins pour des standards de qualité de stade A dans les hôpitaux turcs sont nettement inférieurs à ceux pratiqués par les structures sanitaires françaises avec lesquelles l’Algérie est liée par une convention.

Les infrastructures d’Acibadem, dont le CHU, sont dotées d’équipements de dernière génération en matière de scanners, IRM… et d’appareils de radiothérapie (cyberknife, true beam, Rapidarc, Pet-CT…). En fonction de l’état d’avancement des cancers, métastasés ou à leurs débuts, les patients sont soumis à des traitements en radiothérapie ciblée (destruction des cellules cancéreuses sans toucher celles qui sont saines) de une à deux séances de 5 minutes au plus ou de une à cinq séances de 20 minutes. La délégation de la caisse de sécurité sociale (des journalistes algériens qui ont séjourné à Istanbul du 25 au 29 janvier dernier ont suivi le même parcours et programmes), a visité les services d’oncologie et s’est enquise des protocoles médicaux suivis. “En 2014, nous avons traité plus de 100 000 cas d’oncologie et avons réussi 96 529 interventions de haut niveau dans d’autres spécialités. Chaque cas nous apporte de l’expérience”, certifie Ilyas Benveniste, directeur des relations internationales au niveau du groupe Acibadem.

La délégation a eu l’opportunité de s’informer sur la chirurgie robotique utilisée régulièrement pour les cancers localisés. “Elle est moins douloureuse, génère moins de séquelles et permet une récupération plus rapide avec un taux de guérison similaire à la chirurgie classique”, explique le Pr Saadettin Y. Eskiçorapci. “C’est une nouvelle technique chirurgicale, apparue en 2007 avec la création de Da Vinci, mais nous nous sommes vite adaptés”, poursuit-il. Son collègue, le Pr Cafer Tayyar Sarioglu, chef du service des urgences cardiologiques, participe également au projet Algérie, dès lors qu’il opère des bébés de petit poids, nés avec des malformations cardiaques.

Il intervient souvent in utero pour éviter, entre autres, au nouveau né l’anesthésie. Le Pr Tayyer s’est engagé à assurer la formation de chirurgiens algériens dans sa spécialité, soit la cardiovasculaire pédiatrique et à entreprendre une coopération dans le domaine de la recherche. “Nous sommes ouverts à la formation dans toutes les spécialités médicales. Nous n’avons pas besoin, pour cela, d’accords de nos ministères respectifs”, a-t-il souligné. Le Pr Remzi Emiroglu, présenté comme une référence dans la transplantation hépatique, est également disposé à partager son expérience avec des confrères d’Algérie, qu’il pourrait initier à la greffe des poumons dans laquelle il s’investira incessamment.

Les malades à greffer sont pris en charge avec leurs donneurs vivants, car la législation turque interdit le prélèvement d’organes sur cadavre au profit des étrangers. “D’ailleurs même pour les Turcs, la proportion est faible en raison de l’opposition des familles des personnes en mort encéphalique. La Turquie est un pays musulman et ça bloque un peu”, raconte-t-il en indiquant que la transplantation d’organes est régulée par le ministère de la Santé par le biais d’une agence nationale.

Si des centres de greffes enregistrent un taux de réussite inférieur à 18%, ils sont automatiquement fermés. D’où l’obligation de performance. La greffe de moelle osseuse sur des enfants atteints de maladies hématologiques a capté aussi l’intérêt des représentants de la Cnas de par les techniques utilisées et par les prix proposés, soit 15 000 à 80 000 dollars américains. “En Allemagne, les mêmes interventions sont facturées à 50 000 dollars et aux USA à 70 000 dollars. Nous avons eu ces indications auprès des malades qui ont obtenu des factures pro-forma dans des hôpitaux européens et américains”, signale Maria Ines Kurtulus.

Au terme de son séjour, la commission de la Cnas a donné son accord de principe pour le transfert des malades vers les infrastructures d’Acibadem. L’accord est validé, nous dit-on, par la direction de l’organisme puis le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. La convention finale devra être signée avant l’été 2016, le temps de régler ses détails. Elle entrera aussitôt en vigueur.

Actuellement, sur environ 50 000 patients étrangers qui se soignent dans l’un des 17 hôpitaux sous l’égide d’Acibadem (essentiellement de l’Europe de l’Est et de Russie), 1 500 viennent d’Algérie par leurs propres moyens. La perspective de pouvoir compter sur l’appui financier de la Cnas est de bon augure pour les cas compliqués. “Nous investirons certainement à terme en Algérie. Nous tâtons d’abord le terrain. Nous avons besoin de plus d’expérience dans ce pays, plus de contacts avec les autorités nationales et plus de patients”, conclut Ilyas Benveniste. Pour l’heure, Acibadem a ouvert un hôpital sous son label en Macédoine et en Irak.