Serment d’Hippocrate ou business d’hypocrites ?

Serment d’Hippocrate ou business d’hypocrites ?

Cupidité, incurie, multiplication d’erreurs médicales… arnaque, etc., voilà ce à quoi se confrontent nombre de nos citoyens dans certains établissements de santé privés!

En vérité, se soigner en Algérie pose de gros problèmes, aussi bien pour les petites bourses que pour les fortunés. Un constat amer qui se confirme, au fil des années, vu d’un côté, la dégradation de la performance médicale, à tous les niveaux, dans nos structures sanitaires (prise en charge des malades, compétence professionnelle du personnel soignant, matériel, hygiène, etc.), et de l’autre, les pratiques immorales de «mâarifa», pots-de-vin et favoritisme y sont devenues monnaie courante, bureaucratie et absence de contrôle obligent! Si les nôtres ont déjà la peur au ventre dès qu’ils mettent le pied dans un hôpital public, ce qui en dit long sur le climat de suspicion généralisée qui ronge, en aval, toute la société, cette peur-là augmente davantage quand ils ont affaire à des médecins qui les réorientent vers des cliniques privées dont ils sont, la plupart des fois, les propriétaires pour les mêmes soins, mais avec des coûts exorbitants. S’y ajoute là, le risque de voir leur situation aggravée en raison de probables erreurs médicales et… négligences.

Le récit de ce jeune ayant emmené, récemment, son épouse, enceinte de son état, à l’une des cliniques d’une banlieue algéroise pour accoucher, fend vraiment le cœur. Au bord de la déprime, celui-ci n’a, malheureusement, pas digéré le fait que sa femme, pourtant bien portante juste avant, soit subitement décédée, aussitôt après. Indigné devant le peu de transparence et le black-out des responsables de ladite clinique, l’homme aurait dénoncé dans la foulée leur perte d’éthique médicale, dans un émouvant article publié sur les réseaux sociaux et dans la presse électronique.

Des cas malheureux pareils sont loin d’être uniques dans notre pays, hélas! Mais pourquoi en est-on arrivé-là? C’est-à-dire à telle enseigne que des cliniques privées, censées être des lieux inspirant la confiance et compensant par leurs prestations exemplaires (confort, matériel sophistiqué, accueil, etc.,) les failles d’un service public quasiment « hors-service », deviennent des labyrinthes d’incertitude et des couloirs de mort qui ne profitent qu’à des «toubibs» affairistes et sans scrupules? A vrai dire, le manque de lois rigoureuses à même de mieux encadrer les activités dans le secteur sanitaire privé ou, sinon, leur non-application (si elles existent) et le culte de l’argent-roi y sont pour beaucoup de choses. Ce qui trouve, du reste, un écho défavorable chez nos masses, déjà travaillées par une profonde crise de confiance et excédées du fait que leurs officiels, eux, partent, tous, tranquillement à l’étranger pour se soigner aux frais de la princesse. Bêtise ordinaire, indifférence ou mépris insultant pour le peuple, l’essentiel est que ce luxe-là n’est, certainement, pas le leur. Comment peut-il l’être d’ailleurs quand on sait la valeur trop faible du dinar et les soins très onéreux à l’étranger? Voilà, enfin, qui restera, peut-être pour longtemps, la véritable frustration pour tout Algérien et un défi, autrement plus urgent, pour nos responsables : garantir un meilleur système de soins performant, peu bureaucratique et égalitaire!