«Rahmet Rabbi» Interdit par le ministère de la santé: Les leçons d’un fâcheux épisode

«Rahmet Rabbi» Interdit par le ministère de la santé: Les leçons d’un fâcheux épisode

Le scandale du Médiator en France, est beaucoup plus important car il y a eu des morts!

Sursaut de dernière minute. Le ministère de la Santé, qui nous a habitués à plus de lucidité, a finalement réagi pour mettre fin à une polémique stérile entretenue au sujet d’un complément alimentaire qui ne nécessitait pas autant de débats publics et de déballages médiatiques.

Le département de Abdelmalek Boudiaf a alerté avant-hier en fin d’après-midi toutes les directions au niveau des wilayas, signifiant que le produit portant dénomination «Rahmet Rabbi (RHB)», doit être impérativement et rapidement retiré. Ainsi, le ministère de la Santé vient de signifier que les analyses effectuées par les laboratoires de contrôle de qualité se sont révélées négatives, d’où cette décision de retirer le produit sur le marché.

Après le doute et le flou sur son CV, «l’inventeur» de ce produit a reconnu publiquement qu’il n’est pas médecin et qu’il n’a jamais été dans une université suisse. Auparavant, le ministère du Commerce a été plus ferme et plus tranchant. Le département de Bakhti Belaïb a,dans un communiqué, été clair et direct.

«Par mesure de précaution, les services du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes du ministère du Commerce ont procédé au retrait de ce produit avec des prélèvements aux fins d’analyses et de vérification de sa conformité», indique le communiqué.

En outre, les services du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes «avisent les pharmacies d’officines et les commerçants que la commercialisation ou l’utilisation de ce produit avant l’obtention des résultats des analyses les exposent à des sanctions administratives et pénales», précise le communiqué. Six jours se sont écoulés entre l’avertissement du ministère du Commerce et la décision du ministère de la Santé. Pourquoi ce décalage? Les observateurs se demandent si le ministre (Boudiaf) n’a pas été fourvoyé, lui qui nous a habitués à plus de réactivité.

Il n’ y a pas eu mort d’homme, mais le drame sera de ne pas tirer la leçon de ce fâcheux épisode. Le prétendu «inventeur»,Toufik Aaibet, n’est pas le seul fautif présumé dans cette affaire. Il convient d’abord de pousser l’enquête et d’apporter des réponses à certaines questions: est-ce que des médecins l’ont prescrit comme antidiabétique?

Est-ce que des pharmaciens l’ont vendu comme antidiabétique sans ordonnance et sans inciter leurs patients à aller voir un diabétologue pour une vraie prise en charge? le but étant de déterminer les responsabilités. «Pour déterminer les responsabilités, il faut à chaque étage savoir comment le produit est présenté aux patients. Si ce produit qui n’a pas d’agrément comme médicament, ce qui est le cas, n’est pas prescrit par les médecins pour le substituer aux vrais antidiabétiques, les pharmaciens ne l’ont pas vendu comme médicament, il est où le problème alors?», s’est interrogé un docteur en pharmacie activant à Paris.

Ce pharmacien chercheur rappelle par ailleurs que le scandale du Médiator en France, est beaucoup plus important, car il y a eu des morts! «C’est un scandale sanitaire car le Médiator n’était pas présenté comme un complément alimentaire, mais comme médicament et plusieurs ministres de la Santé ont été floués.»