Lutte contre le VIH en Algérie Sida : une maladie tabou à briser

Lutte contre le VIH en Algérie Sida : une maladie tabou à briser

Le sida, outre sa dangerosité, reste largement un grand tabou dans la société algérienne. Ainsi, d’après certains spécialistes, l’Algérie compterait au minimum 30 000 personnes vivant avec le VIH, et non pas 7 000 cas comme soutiennent officiellement les autorités.

A l’approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida, une campagne de sensibilisation pour mieux combattre la maladie a été organisée, hier à Alger, par la Radio nationale. Initiée pour la septième année consécutive par la Chaîne III, l’événement intitulé «El yed fel yed», voulant dire «main dans la main», s’était constitué d’une chaîne humanitaire symbolique impliquant des acteurs nationaux et des agences onusiennes. Une manière solidaire de dire non à la maladie, qui, rappelle-t-on, outre sa dangerosité, reste largement un grand tabou dans la société algérienne. De ce fait, le rassemblement de la population qui eu lieu à l’esplanade de l’Office de Riadh El Feth a réussi à mobiliser pas moins d’une trentaine d’associations représentant essentiellement la jeunesse. Le Croissant-Rouge algérien (CRA), l’Onusida Algérie, le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef), le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) … etc., tous n’ont pas manqué d’être présents pour marquer leur engagement qui nécessite de plus en plus l’implication de la société civile. Pour cause, la pathologie du virus de l’immunodéficience humaine est plus répandu à l’intérieur de la société qu’on ne le croit. A l’origine faisant partie des maladies sexuellement transmissibles, le sida reste fortement nié de la part de ses victimes, vu qu’il demeure une maladie tabou. A ce propos, plusieurs citoyens refusent même de se faire dépister rien qu’à l’idée d’être soumis au regard des autres et la société. De surcroît, l’absence presque totale d’informations et de connaissances chez les individus sur la maladie et les modes de soins prodigués pour son traitement sont également pour beaucoup.

Ainsi, devant l’impératif de changer les mentalités suite à la maladie et en vue d’une meilleure prise en charge, pour la première fois, cette campagne de sensibilisation a suscité également l’engagement du programme ONU-Femmes en Algérie, et ce, en représentant la boucle rouge identifiant le virus VIH dans la foule humanitaire. «L’engouement de la population est cette fois-ci beaucoup plus important et les participants ont été si nombreux que la largeur de la chaîne a triplé», a déclaré un journaliste, initiateur de l’événement. Il a relevé la forte présence d’étudiants et de lycéens venus appuyer l’action de la Radio nationale, aux côtés de familles visiblement interpellées par la question. Par ailleurs, il est à noter qu’en plus de la capitale, les wilayas de Tizi-Ouzou, Boumerdès, Annaba et Guelma ont initié des actions similaires. Un bon signe pour faire mieux connaître aux citoyens les racines de la maladie et la rendre plus assujettie au dialogue public. En parler peut constituer un grand pas à l’avenir pour ces milliers d’Algériens condamnés au silence plus pesant encore que la maladie du sida elle-même.