Les aires marines protégées atténuent les effets du changement climatique

Les aires marines protégées atténuent les effets du changement climatique

Les aires marines protégées peuvent contribuer  à atténuer l’impact du changement climatique en aidant les écosystèmes et les populations à s’adapter aux effets les plus néfastes  du réchauffement, conclut une équipe scientifique internationale.

Selon cette recherche –une synthèse de plus de 140 études–, publiée lundi dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS),  ces réserves naturelles peuvent minimiser l’acidification des océans, la  montée du niveaux des eaux océaniques, la diminution de l’oxygène et l’intensité accrue des tempêtes et autres phénomènes météorologiques  extrêmes ainsi qu’un bouleversement des espèces animales. Ces aires protégées peuvent aussi accroître et préserver les capacités des  océans à stocker le dioxyde de carbone (CO2) provenant des activités humaines, surtout dans les régions côtières où se trouvent des mangroves,  des herbiers marins, des vasières ou des marais salants.

Ces écosystèmes stockent le carbone organique avec la photosynthèse. En agissant comme un puits de carbone, les océans jouent un rôle clé dans la régulation du climat terrestre, soulignent ces chercheurs. Actuellement, seulement 3,5% de la superficie des mers et océans sont  protégées dont 1,6% de toute forme d’exploitation.

Les groupes de protection de l’environnement cherchent à étendre ces  sanctuaires marins à au moins 10% de la superficie totale des océans d’ici  2020 tandis que les délégués de l’Union internationale pour la conservation  de la nature (UICN), se sont accordés lors de leur Congrès mondial en 2016, sur la nécessité d’étendre ces aires sanctuarisées à au moins 30% des océans d’ici 2030.

« De nombreuses études montrent que des réserves marines bien gérées peuvent protéger la faune et la flore sauvage et préserver des activités de pêche productives », relève le professeur Callum Roberts, un biologiste du département de l’environnement de l’Université d’York au Royaume Uni qui a mené cette recherche.

« Mais nous voulions aussi explorer ce corps de recherches dans la perspective du changement climatique et voir si ces bienfaits pourraient  aussi contribuer à améliorer les choses ou à minimiser ses impacts »,  explique-t-il.

« Et nous avons rapidement vu que ces sanctuaires procuraient des effets  protecteurs importants pour les écosystèmes et les populations contre  l’impact du changement climatique rapide », ajoute le professeur Roberts.

De précédentes recherches ont montré que ces réserves marines peuvent  promouvoir un rétablissement rapide des espèces sur-exploitées et des  habitats dégradés tout en préservant les écosystèmes. Ces bienfaits sont plus grands dans des réserves marines établies de  longue date, bien gérées et offrant une protection totale contre des  activités humaines comme la pêche et l’exploitation pétrolière et minière,  soulignent ces scientifiques.

La capacité de ces sanctuaires marins à offrir de solides amortisseurs  aux effets du changement climatique dépend probablement de ces  caractéristiques, font-ils valoir.

Cela conforte l’argument selon lequel les Nations Unies devraient étendre  leur objectif d’étendue des zones protégées des océans de 10 à 30%, ce qui  nécessitera de nombreux autres sanctuaires marins et des zones protégées  au-delà des juridictions nationales.

« Notre analyse montre que ces réserves marines représentent une stratégie  low-tech et peu coûteuse d’adaptation au changement climatique et procurent de multiples autres bienfaits à l’échelle locale et mondiale tout en  améliorant les perspectives pour l’environnement et les populations à  l’avenir », souligne Beth O’Leary, un chercheur à l’Université d’York.

« Ces aires marines protégées pourraient faire partie des engagements  nationaux et internationaux d’atténuation du changement climatique », fait  valoir Philippe Cury, un biologiste marin de l’Institut français de recherche pour le développement, un des co-auteurs de ces travaux.

Cette recherche sera l’objet d’une présentation à la conférence de l’ONU  sur les océans qui s’ouvre lundi à New York.