Journée internationale des personnes handicapées: L’association El-Baraka tire la sonnette d’alarme

Journée internationale des personnes handicapées: L’association El-Baraka tire la sonnette d’alarme

L’inquiétude de l’association est que l’on oublie le “handicapé” à l’instant même où s’éteignent les guirlandes sur des discours, certes de bonne intention, mais sans lendemains prometteurs.

Peut-être bien qu’il y a du bon à se rappeler de la Journée internationale des personnes handicapées, mais le mieux est de se rappeler de cette frange de la population tout au long de l’année, a-t-on su de Mme Boubergout Flora, la présidente de l’association El-Baraka, qui soutient à bout de bras les personnes défavorisées par la nature ou les victimes du “terrorisme” routier qui alimente de sinistres statistiques.

“Beaucoup de ces personnes handicapées menaient une vie paisible et prospère avant de basculer dans l’angoissant chiffre de ces 4 000 victimes qui viennent s’ajouter ainsi chaque année dans l’existence pas du tout tranquille des personnes invalides”, s’inquiète la présidente de l’association El-Baraka.

L’inquiétude de notre interlocutrice est d’autant évidente du fait que l’on oubli le handicapé à l’instant même où s’éteignent les guirlandes sur des discours, certes de bonne intention, mais sans lendemains prometteurs.

Et quand bien même la commémoration en ce 3 décembre reste une expression affectueuse et de bonne foi, le mieux est de s’éloigner de ces manifestations conjoncturelles et ronflantes. “Donc, autant que les pouvoirs publics gardent la main tendue vers le handicapé pour s’en occuper au jour le jour en ayant à cœur de l’alléger de la cascade d’obstacles qu’il rencontre dans son quotidien”, a ajouté notre interlocutrice.

Et des difficultés, il y en a à foison. À commencer par l’effrayant aspect urbain d’une cité qui ne se prête pas à la liberté de se mouvoir en fauteuil roulant, eu égard à l’état tout déglingué du pavage de nos trottoirs, dont la hauteur dissuade même les personnes valides.

Pour s’en convaincre, une visite s’impose du côté du boulevard Aïssat-Idir contigu au Foyer Civique et à proximité de la place de l’hôpital Mustapha-Pacha et de la place du 1er-Mai, où le peu de voies réservées à la personne handicapée aboutissent hélas vers des marches de trottoirs d’une hauteur vertigineuse.

“D’où l’exigence d’inclure dans les cahiers de charges de l’urbanisme l’obligation de prévoir des voies de servitude à même de favoriser l’autonomie de la personne handicapée au niveau des infrastructures publiques”, a tenu à préciser notre interlocutrice.

Et au sujet de l’usure du fauteuil roulant, l’allocation de cet accessoire se doit d’être annuelle au lieu qu’elle soit bisannuelle, particulièrement pour les enfants scolarisés et la communauté estudiantine, dont la plupart sont issus de milieux défavorisés, a souhaité notre interlocutrice.

Autre souhait : l’inspection du travail se doit de contrôler la stricte application des dispositions de la loi 09-02 du 8 mai 2002 portant protection des personnes handicapées et leur promotion en Algérie, qui stipule en son article 27. “Les opérateurs économiques sont tenus de réserver un quota d’emplois d’au moins 1% pour les personnes handicapées, sous peine de sanctions pécuniaires.

D’où l’exigence qu’il y ait une réelle planification en matière de création de l’emploi, voire une synchronisation entre la chaîne des directions de l’action sociale et le réseau des structures d’inspection du travail auquel se doit d’être intégrée également l’Agence nationale de l’emploi. Ce n’est qu’à cette condition que l’on parviendra à extraire les personnes handicapées des rets de l’emploi temporaire, source de précarité sociale”, a tenu à expliquer notre interlocutrice.

Et pour étayer ses propos, il est utile de rappeler le cri d’alarme d’Abderrahmani Saïd, le président de l’Union des aveugles de la wilaya d’Alger, dont le siège est situé au 10, rue Hadj-Omar (ex-Bruce) à Zoudj Ayoun : “Beaucoup de nos jeunes licenciés en droit, soit une centaine environ, sont éconduits de la fonction publique au motif qu’ils sont non voyants et se contentent de la profession qui leur est traditionnellement proposée, à savoir le poste de standardiste, et c’est tout.”

Du reste, le mieux est d’être à l’écoute de cette catégorie ô combien vulnérable et aux besoins spécifiques, qui ne peut se suffire d’une rachitique pension mensuelle de 4 000 DA pour la personne handicapée à 100% et 3 000 DA pour l’invalide à 99,99%. Une hérésie s’il en est qui pousse tant de personnes handicapées à la mendicité, a-t-on appris de notre interlocutrice.

Louhal N.