Béjaïa: Le CHU Khelil-Amrane en détresse

Béjaïa: Le CHU Khelil-Amrane en détresse

Le centre hospitalo-universitaire Khelil-Amrane de Béjaïa est au bord de l’implosion ou plutôt de l’explosion, c’est selon.

L’implosion pour son personnel qui n’arrive plus à faire face à la forte affluence des malades, et l’explosion pour les habitants de la wilaya de Béjaïa en général et la ville de Yemma Gouraya en particulier qui ne savent plus pas à quel saint se vouer pour la prise en charge de leurs malades, notamment ceux transférés aux urgences.

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Béjaïa, créé par décret exécutif n°09-319 du 6 octobre 2009, semble encore en être à ses débuts de création. Après plus de huit années d’existence, avec en prime le gel ou plutôt l’annulation du projet portant réalisation d’un nouveau CHU à Béjaïa, le CHU Khelil-Amrane est désormais au gouffre de l’oubli. il souffre énormément d’un sous-encadrement médical comparativement à d’autres centres hospitalo-universitaires.

Le staff médical actuel, dévoué et compétent à juste titre, fait face à une pression terrible due principalement au nombre de patients qui affluent à longueur de journée vers les différentes structures du CHU de Béjaïa (Khelil-Amrane, Frantz-Fanon et maternité Targa Ouzemour). «Tous les établissements de santé de la région orientent chaque jour des malades vers nos services. Outre les patients de la wilaya de Béjaïa, nous recevons aussi ceux de certaines localités des wilayas limitrophes Jijel, Bouira notamment», nous renseigne le surveillant général du CHU de garde le mercredi dernier. A titre d’exemple, on nous cite le cas de l’EHS mère-enfant de Targa Ouzemmour qui reçoit des parturientes de Ziama Mansouria, Jijel Tahir, de M’chedallah et Cheurfa wilaya de Bouira, etc…, qui viennent accoucher à Béjaïa.

Seul établissement au chef-lieu de wilaya à assurer le service des urgences pour une population croissante, sans compter l’influence record en saison estivale, le CHU Khelil-Amrane est dépassé. Une simple virée, le week-end dernier, au service des urgences médico-chirurgicales, nous renseigne, on ne peut mieux d’ailleurs, sur l’exiguïté de ce service, et l’incapacité du corps médical à faire face à la forte demande et une affluence sans précédent. Nous avons trouvé des malades à même le sol ou plutôt, pour le chanceux d’entre eux, allongé sur les bancs réservés à l’entrée de l’UMC. L’apport considérable des cliniques privées implantées au centre-ville, n’a pas atténué la pression qui s’exerce sur cet établissement.

Faute de place dans le bloc de réanimation, des malades sont gardés dans les salles d’observation pour une durée avoisinant un mois. Quant au rendez-vous pour intervention chirurgicale, c’est une autre paire de manches. Le rendez-vous pour une simple intervention de la «vésicule biliaire» est programmée à plus de six mois en moyenne. Le manque d’anesthésistes est une autre maladie chronique qui touche le CHU de Béjaïa. En effet, avec le départ en retraite des anesthésistes, «les blocs opératoires fonctionnent avec un seul par bloc et par jour», nous renseigne un paramédical.

Quant à son centre d’imagerie médicale, inauguré, en grande pompe, depuis plus de deux ans, ce dernier est atteint d’une «pathologie» chronique et rarissime. Ce centre qui a coûté la bagatelle de près de 40 milliards de centimes, n’est toujours pas fonctionnel au grand dam des patients qui se voient orientés vers les radiologues privés. À quoi sert-il donc d’ouvrir un centre d’imagerie médicale et d’acquérir des équipements sophistiqués, de dernière génération, si on n’arrive même pas à l’exploiter? Appelé, pourtant, à évoluer en centre d’explorations radiologiques (conventionnelles et interventionnelles) par résonnance magnétique (IRM), scannographiques, échographiques et endoscopiques, le CIM du CHU Khelil-Amrane reste toujours au point mort. Pour quelle raison?

Une partie l’incombe à une défaillance du système de radioprotection. Même si la direction du CHU réfute cet argument, il n’en demeure pas moins qu’une source fiable indique que le système de plombage des murs et des portes, qui reste une mesure préventive des risques des rayons X, laisse à désirer. Une situation qui a poussé le seul et unique médecin radiologue dont disposait le CHU, à jeter l’éponge. Il a été suivi par la suite par les autres manipulateurs des appareils radiologiques qui refusent de continuer à exercer dans des conditions jugées dangereuses pour leur santé.

L’autre partie, dont une source officielle, l’incombe au manque de personnel qualifié. Aujourd’hui, après plus de deux annnées de blocage, une source du CHU nous informe qu’un radiologue qualifié vient enfin d’être affecté au CHU…une bonne nouvelle et une note d’espoir à la grande joie des malades de la région…