Autisme : A l’écoute du… silence

Autisme : A l’écoute du… silence

L’Autisme est une entité méconnue en Algérie. La société, la culture algérienne acceptent difficilement ce trouble qualifié de lourd.

Les parents d’enfants autistes sont dans la plus part du temps culpabilisés d’être à l’origine de cette pathologie. Ce sujet vaste, nous incite à poser plusieurs questions, à savoir : Quel est la définition de l’autisme ? Comment est t-il traité en Algérie ? Les enfants autistes sont-ils nombreux ? Rencontrent- t-ils des difficultés au cours de leur scolarité ? Comment ses enfants autistes sont-ils pris en charge ? Y a t-il suffisamment d’établissements spécialisés pour aider ces enfants.

L’autisme est un trouble envahissant du développement (TED), la personne ayant cette pathologie présente un désordre neurologique caractérisé par une distorsion de son développement global dans trois aspects du fonctionnement : les interactions sociales, la communication verbale et non verbale, les comportements et intérêts qui sont répétitifs, stéréotypés et restreints. L’enfant autiste a eu toujours du mal à communiquer avec les autres.

Tout le temps dans son coin, il a des difficultés à faire des contacts visuels. Il ne répond pas lorsqu’on l’appelle par son nom. De plus, il a des crises de colères et des gestes agressifs dirigés contre soi et même vers autrui. Pour en savoir davantage, nous avons visité un établissement chargé de la prise en charge des enfants autistes. Il s’agit de l’office la porte du bien pour l’autisme sis à Birkhadem.

L’office la porte du bien pour l’autisme

Fondé en 2012 par M.mme Benkheniche Asma et M. Tabari Mouhamed, l’office la porte du bien pour l’autisme accueille les enfants atteints d’autisme, de tous les niveaux pour qu’ils puissent bénéficier d’une prise en charge globale et spécifique. Des spécialistes dont 3 psychologues, 3 orthophonistes plus 9 éducatrices et 5 aides éducatrices, s’occupent de 60 autistes âgés de 3 ans jusqu’à 12 ans.

Le psychologue et le directeur de l’office M.Tabari Mouhamed a mis en relief les objectifs tracés, pour mener à bien sa mission qui est de s’occuper et prendre en charge les enfants autistes. Plusieurs séances de psychologie notamment en orthophonie, en psychomotricité sont animées. L’établissement organise également des sorties à l’extérieur. Les enfants atteints d’autisme bénéficient de séances de natation, d’équitation.

L’office assure la formation des parents et des spécialistes et toutes les personnes ayant relation avec l’autisme. Pour le gramme de la semaine, le directeur de l’établissement a fait savoir que Chaque classe a un programme spécial en fonction de l’âge réel de l’enfant, son âge mental et son degré d’autisme. « Chaque autiste a deux séances d’orthophonie et une séance de psychologie, ainsi que deux sorties organisées deux fois par semaine » a-t-il ajouté. M.Tabari a noté que son office met à la disposition des enfants autistes 27 livres de 6 niveaux, introuvables sur le marché, réalisés par Mme Benkheniche.

Mme Benkheniche, orthophoniste au sein de l’établissement s’attarde sur cette pathologie

Arrivée sur les lieux, nous avons eu le droit à une visite guidée par la fondatrice de l’établissement en question Mme Bebkheniche Asma. Cette dernière qui est au même temps une orthophoniste a laissé entendre que le diagnostic de TED se fait avant l’âge de 3 ans, et qu’à partir de 18 mois, cette maladie peut être soupçonnée mais pas encore détectée. S’exprimant sur les causes qui sont à l’origine de cette pathologie, l’interlocutrice a indiqué : «Les causes de l’autisme restent mystérieuses et méconnues. 90 % des spécialistes disent que l’autisme pourrait être lié à un ensemble de facteurs génétiques. Les 10 % qui restent estiment que ce trouble est causé par des facteurs environnementaux ».

En outre, elle a mis l’accent sur les manques d’interactions sociales, de dialogue, de l’enchainement et de la répétition des programmes de télévision, qui sont des éléments renforçateurs de l’autisme. L’orthophoniste a mis en exergue l’existence de 5 symptômes annonciateurs de cette maladie à savoir le renfermement des enfants, l’absence totale de la parole, les gestes répétitifs, le refus du changement, ainsi que les troubles de la communication.

L’autisme touche les garçons plus que les filles. D’un autre côté Mme Benkheniche, a indiqué que les parents n’arrivent pas à accepter ce trouble chez leurs progénitures et ce malgré l’amour qu’ils leur portent. « Il y des parents qui sont agressifs en vers leurs enfants atteints de cette maladie, ils voient que l’amélioration de guérison tarde, alors cette impatience se transforme en agressivité. L’enfant n’est pour rien » a-t-elle ajouté.

Le cas des jumeaux El Hacen

Et El Hocine, âgés de 14 ans victimes de troubles légers Les enfants autistes peuvent avoir des capacités intellectuelles et de l’intelligence. La spécialiste en orthophonie a cité le cas des jumeaux El Hacene et El Hocine qui souffrent de troubles légers. « Ces enfants ne sont pas des handicapés mentaux. Ils sont très calmes, obéissants. Ces jumeaux ont la capacité de parler la langue française couramment sachant qu’ils ne l’on pas apprise dans aucun établissement, ni au sein de leur famille » a-t-elle déclaré.

Scolarité perturbée pour les autistes

La scolarité de cette tranche de la société, est très perturbée. Les enfants autistes trouvent plusieurs difficultés, vu qu’ils sont considérés comme des enfants handicapés par la société. La scolarité est un droit constitutionnel, il permet de garantir la continuité d’un parcours scolaire adapté aux compétences et aux besoins de l’enfant au sein d’une école.

L’interlocutrice a estimé que ces enfants atteints de l’autisme doivent suivre les mêmes cours dans les mêmes établissements scolaires que les autres enfants, sauf pour les cas lourds qui nécessitent d’êtres scolarisés dans des établissements spécialisés. Dans cette lancée, Mme Benkheniche et Mr Tabari , directeur de l’office la porte du bien pour l’autisme ,ont interpellé madame la ministre de l’Education nationale donner suite à leur demande qui consiste à l’adoption de leur projet relatif à la mise à leur disposition 27 livres destinés aux enfants autistes à partir de l’âge de 18 mois jusqu’ âge de passer l’examen de la 5ème. Pour les non scolarisés, ils veulent les intégrer dans des centres de formations.

Une prise en charge très insuffisante

L’oratrice a fait savoir que la prise en charge en Algérie est actuellement très insuffisante. « La situation est désolante, il y’a un manque de structures adaptées à la prise en charge scolaire, éducative, sociale et thérapeutique de ces enfants ».a-t-elle martelé.

Elle a noté également le manque de trainement efficace de ce trouble, tout en insistant sur la nécessité d’un suivi parental dès les premières années et autre éducatif et comportemental, afin d’affiner le comportement de l’autisme. Revenant sur les parents, l’orthophoniste a estimé que les parents doivent être encadrés par des spécialistes. Dans le même sillage Mme Benkheniche s’est adressé aux parents d’enfants autistes en les conseillant, tout d’abord d’accepter la maladie de leurs enfants, communiquer avec eux en utilisant des supports pour ceux qui ne parlent pas et surtout de les traiter comme des enfants normaux.

Il est vrai que ces enfants sont atteints d’un trouble, mais cela ne signifie pas qu’ils doivent être considérés autrement. Il faut que les parents comprennent que leurs progénitures ont besoin d’eux pour les soutenir et les aider à dépasser ensemble cette épreuve. Il faut que la société et les autorités concernées travaillent davantage sur cette question pour le bien être de ces enfants.