Mohcine Belabbas, président du RCD: “L’intégration maghrébine est notre salut”

Mohcine Belabbas, président du RCD: “L’intégration maghrébine est notre salut”

P160502-11.jpgFace à la crise que traverse l’Algérie depuis quelque temps, le RCD ne «mise pas sur le chaos économique et social», mais propose une alternative: construire une économie nord-africaine intégrée.

Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Mohcine Belabbas, a déployé hier, tous ses talents d’orateur pour plaider la cause de l’intégration économique nord-africaine qui constitue, depuis quelque temps, le cheval de bataille du RCD.

«L’avenir de notre pays est inséparable de lespace nord-africain», a-t-il déclaré à l’ouverture d’un Colloque international sur l’économie et le coût de la non-intégration nord-africaine organisé par son parti.

«Malgré des malentendus et des insuffisances, nos aînés ont compris que la solidarité entre nos pays était l’une des conditions qui allait mener à la libération de nos nations», a ajouté M.Belabbas. Ce qui avait été souhaité durant l’occupation coloniale devient aujourd’hui une condition essentielle de notre développement, de la sécurité de notre région, de l’émancipation de nos peuples; nos peuples doivent apprendre à se reconnaître, s’apprécier, s’aider», a-t-il déclaré devant une foule de cadres, d’économistes, d’experts et de chefs d’entreprise, dont des Marocains et des Tunisiens.

Déclinant par la suite l’ambition du parti qu’il manage à travers l’organisation de cette rencontre, Mohcine Belabbas a souligné que, au-delà des nombreuses études qui chiffrent le blocage du projet de l’intégration économique nord-africaine, «le RCD inscrit son action dans une régionalisation qui redonne du sens au territoire à travers l’institution d’une Fédération des Etats d’Afrique du Nord». Néanmoins, M.Belabbas a insisté sur le fait que «l’intégration régionale est avant tout une stratégie pour la croissance économique, le développement des marchés, la création d’emplois, l’améliorations des conditions de vie», ce qui laisse entendre que même si les pays du sous-continent nord-africain peinent à s’entendre politiquement, ils sont stratégiquement tenus de mettre leurs différends politiques de côté et laisser les intérêts économiques des uns et des autres imposer leur loi.»

En plus d’être pragmatique, cette perspective est, pour le président du RCD, possible car, «la proximité géographique, l’identité commune et l’histoire partagée facilitent l’intégration d’autant plus que la conjoncture et les tendances lourdes sont à la construction d’ensembles humains administrés dans une décentralisation libératrice des compétences face aux impératifs de la mondialisation». Le président du RCD a fait savoir que «la stabilité est avant tout un projet crédible aux yeux de la population, un projet économique et social, une assise financière saine, davantage encore un déploiement stratégique et politique intégrant toutes les opportunités et prévenant les contraintes de notre environnement».

De plus, a-t-il ajouté, «la stabilité se nourrit de la diversification de la production, de l’investissement dans l’industrie et les infrastructures, d’un secteur bancaire encourageant le financement de la production nationale, d’une agriculture intensive». Abdelhak Lamiri, P-DG de l’Insim et expert en management a, par la suite, souligné, dans un exposé qu’il a présenté sur la transition vers une économique de production, que les principaux problèmes qui se posent pour l’économie algérienne s’articulent autour du management et de la gestion. «Il existe une corrélation étroite entre la qualité du système éducatif et la croissance économie. Sans système de formation performant, sans gestion et management de qualité, aucune croissance économique n’est possible. Or, chez nous, alors que nous avons une économie sous-gérée, nous lui injectons des sommes colossales. C’est comme si on donnait de l’argent à un alcoolique. Il ne peut l’utiliser que pour s’enivrer. L’argent qu’on injecte dans l’économie algérienne ne peut qu’alimenter les circuits informels et de corruption», a-t-il analysé en plaidant pour une réforme structurelle profonde à la base avant de penser aux financements de l’économie.

Dans son intervention sur les solutions à court terme à la crise actuelle Ali Benouari a, lui aussi, plaidé pour une rupture totale avec le modèle actuel de croissance en recommandant la mise en oeuvre de réforme de tout l’appareil économique national, en commençant par son centre de pilotage: la décision politique. Néanmoins, il a formulé, dans la foulée, quelques pistes susceptibles d’être explorées à court terme, notamment l’abolition de l’Accord d’association avec l’Union européenne, la dévaluation du dinar, l’augmentation des taxes douanières, la révision des transferts sociaux, etc.

Dans l’après-midi, le coordinateur d’Ibtikar, Sammy Oussedik, MM.Arab et Belhadh, respectivement économistes marocain et tunisien, ont animé une table ronde sur le «coût de la non-intégration nord-africaine» et, à travers des échanges très riches sur tous les enjeux qui entourent cette perspective fédératrice, une opinion unanime a été dégagée: l’intégration économique nord-africaine profite pour l’ensemble des pays de la région.