« La pénurie de pétrole annoncée par l’AIE devrait pousser l’Algérie à aller plus loin dans l’exploration » (économiste) »

« La pénurie de pétrole annoncée par l’AIE devrait pousser l’Algérie à aller plus loin dans l’exploration » (économiste) »

Khaled Menna, chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, rappelle que le domaine minier algérien demeure sous-exploré et que la demande intérieure est en constante progression.

Les prévisions faites récemment par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport « Pétrole 2017 » et selon lesquelles le monde connaîtra une pénurie de pétrole au-delà de l’année 2020 devraient inciter l’Algérie à investir davantage dans l’exploration pétrolière, estime, dans une déclaration à Maghreb Emergent, Khaled Menna, économiste au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD).

« Le domaine minier algérien est encore largement sous-exploré. Nous avons encore beaucoup de pétrole à découvrir au sud du pays mais aussi au nord et au large de nos côtes. Notre pays aura toujours la possibilité de répondre à la demande si, bien sûr, nous continuons nos travaux d’exploration », explique Khaled Menna, qui rappelle, dans e même contexte, que la demande intérieure est en constante progression.

D’après ce chercheur au CREAD, il est tout aussi important de développer le secteur des énergies renouvelables mais les énergies fossiles resteront pour encore longtemps la carte gagnante de l’Algérie : « Pour que le modèle économique basé sur les énergies renouvelables soit viable, il faudrait investir 300 milliards de dollars et beaucoup de temps. »

Khaled Menna constate que le marché pétrolier est revenu à « sa réalité, celle de l’offre et de la demande », rappelant que le déséquilibre qu’il avait connu en 2014 était lié à des facteurs exogènes. « La chute des prix entamée en 2014 était principalement liée au ralentissement de la croissance de l’économie chinoise, à la manœuvre engagée par l’Arabie Saoudite pour faire baisser les prix du pétrole afin de barrer la route au schiste américain et, enfin, l’augmentation de la valeur du dollar. »

Dans son rapport, l’AIE explique l’augmentation future de l’offre pétrolière par la contraction des dépenses d’investissement dans le secteur durant ces deux dernières années, sous l’effet justement de la baisse des prix du pétrole. « Il n’est pas trop tard pour éviter une pénurie d’offre, à condition que les entreprises commencent sans délai à approuver des travaux de développement », indique-t-elle également.

« Les Etats-Unis seront à l’origine de l’augmentation de l’offre » (AIE)

Ce sont les Etats-Unis qui seront à l’origine de la croissance de l’offre avec une augmentation de la production de pétrole de schiste de 1,4 million de barils par jour (bpj) d’ici 2022 même si les prix restent autour de 60 dollars le baril, estime l’AIE : « Les Etats-Unis réagissent plus rapidement que les autres producteurs aux signaux de prix. Si les prix grimpent à 80 dollars le baril, la production américaine (de schiste) pourrait augmenter de 3 millions de bpj en cinq ans. ». Si les cours se rapprochent de 50 dollars, la production de schiste pourrait baisser à partir du début de la prochaine décennie.