Commerce sur le Net : shopping à risque ?

Commerce sur le Net : shopping à risque ?

Des sites nationaux spécialisés dans les annonces commerciales sont devenus de véritables marchés virtuels où tout se vend et s’achète mais qui réservent parfois de désagréables surprises pour ne pas dire d’arnaques dont sont parfois victimes les clients.

Internet foisonne de sites spécialisés, de pages face book et de groupes versés dans le commerce proposent à longueur de journée toutes sortes de marchandises à acheter. La gamme des produits est très large et très riche. Cela va des téléphones portables aux vêtements en passant par les cosmétiques, les produits électroménagers, les services, les produits informatiques et même les animaux domestiques comme les oiseaux, les poissons, les chats et les chiens.

Cette nouvelle forme de «vente et achat», a pris de grandes proportions avec le développement fulgurant d’Internet dans la société algérienne et des nouvelles technologies de communication, notamment la banalisation de l’utilisation des téléphones mobiles intelligents.

Toutefois, ce commerce virtuel encore à l’état embryonnaire pose de multiples questions et suscite les préoccupations des usagers notamment en ce qui concerne la fiabilité des systèmes mis en place, les garanties offertes par les vendeurs, les moyens d’acheminement des produits vers le client ou encore les risques d’escroquerie auxquels sont exposés les acheteurs.

Pour avoir acquis plusieurs produits sur Internet, Amel, jeune fonctionnaire d’Oran, exprime sa satisfaction. Elle s’intéresse surtout aux sites et aux groupes qui proposent en ligne des vêtements et produits de grandes marques mondiales, trop souvent indisponibles sur le marché.

Tout se vend, tout s’achète

«Je commande en ligne mes achats. On me les fait parvenir chez moi et je paye la facture après livraison et vérification du contenu du colis», explique-t-elle, ajoutant que cette méthode lui convient et lui épargne de longues recherches dans les magasins et autres boutiques de la ville.

Mohammed est passionné par les animaux domestiques. Sa préférence va surtout pour les chiens et les oiseaux. C’est pour cela qu’il est constamment «plongé» dans les réseaux sociaux et la toile à la recherche de la bonne occasion.

Ce genre de loisirs est très fréquent chez les jeunes qui,  en absence de magasins spécialisés dans la vente d’animaux, recourent aux annonces diffusées sur le Net pour  faire leur «shopping».

«Je viens d’acquérir un chiot, mis en vente par une personne qui a mis en ligne son annonce. Je l’ai contacté par téléphone, on s’est fixé rendez-vous dans un café du centre-ville. Je suis allé avec un ami, un étudiant vétérinaire qui a ausculté soigneusement le chiot. J’ai marchandé le prix évidemment avant de régler la somme convenue. Je suis reparti avec ma petite bête. C’est une transaction très facile»,  raconte-t-il avec fierté.

Par contre, Asma garde un mauvais souvenir de sa mésaventure avec le représentant d’une grande marque de parfum qu’elle voulait acheter à la veille de son mariage.

Elle a suivi scrupuleusement les consignes en procédant à un virement de 22 000 DA sur un compte postal avec la garantie de recevoir chez elle sa commande sous huitaine.

Le parfum n’est jamais arrivé à destination. La page a été fermée et l’argent s’est envolé. «Je ne referai plus la même bêtise», assure-t-elle, avec dépit.

Dans ce contexte, le chef du service des pratiques commerciales et de lutte contre la fraude à la direction du commerce de la wilaya a souligné qu’il est difficile de réagir en de pareils cas. «Aucun texte ne régit ce genre de transactions commerciales», explique-t-il.

Absence de cadre juridique

«Nous ne pouvons prendre aucune disposition ou entamer une enquête sur des cas de mésaventures ou de tromperies. La pratique de chaque activité est liée à la possession d’un registre de commerce. Ceux qui pratiquent ces activités le font d’une manière informelle et c’est aux risques et périls de l’acheteur», dit-t-il.

Cette question a été déjà soumise au ministère du Commerce pour mettre en place un cadre juridique devant régir cette activité, tout en mettant en avant ses avantages et ses inconvénients.

Le président de l’Union des commerçants et artisans algériens d’Oran (Ugcaa), Abed Moad, a mis l’accent sur l’absence de tout texte juridique régissant cette activité, situation qui ouvre le champ aux arnaques et aux tromperies dont sont souvent victimes les acheteurs.

Pour lui, seuls les commerçants détenteurs d’un registre de commerce et facilement identifiables peuvent assurer ce genre de transactions en faisant la publicité et la promotion de leurs produits. Dans ce sens, des dispositions doivent être contenues dans la loi sur la publicité.

Abed Moad  a souligné l’importance d’une vision future sur ce genre de commerce qui commence à émerger et à prendre forme. «Il est nécessaire de prendre d’ores et déjà les dispositions nécessaires pour baliser cette activité et préserver à la fois les droits du vendeur et l’acheteur», a-t-il conclu.