Une ville, une histoire : Sfisef, du vignoble à la betterave

Une ville, une histoire : Sfisef, du vignoble à la betterave

Sfisef était la plus importante bourgade du pays où la viticulture dominait, ses vignobles comptaient des milliers d’hectares, en passant de 700 à 3800 hectares, et produisaient 170. 554 hectolitres de vin, soit en moyenne 44 hectolitres par hectare. La betterave était également cultivée et a été à l’origine de la construction de l’unique sucrerie d’Afrique en 1953 !

Pendant la période coloniale, en 1874, sur l’emplacement du village traditionnel de Sfisef, fut fondé en 1872 un village, chef-lieu de commune, qui reçut le nom de Mercier-Lacombe en l’honneur d’un ancien administrateur civil de l’Algérie, Gustave Mercier-Lacombe.  Ce dernier était spécialisé dans la viticulture et disposait de 3800 ha de vigne en 1956, il connut en 1937, l’une des plus importantes manifestations d’ouvriers agricoles revendiquant l’égalité salariale. A sa mort, en 1874, son nom est donné au village par le conseil général d’Oran sur proposition de son neveu Jean Baptiste Nouvion, préfet d’Oran, et depuis Sfisef est devenu Mercier-Lacombe. Cependant, il faut signaler que la localité existait déjà avant la colonisation et ne concernait pas le Sfisef actuel, mais plutôt la région s’étalant entre les actuels « M’cid-Tiliouin-Mostefa Ben Brahim- Boudjebha ». Deux décrets en date des 8 juillet 1885 et 2 novembre 1905 l’ont érigé en commune de plein exercice, alors qu’elle faisait partie de la commune mixte de la Mekerra. Cette commune de plein exercice de l’arrondissement de Sidi-Bel-Abbès et son hameau de Moulay Abdelkader devenu Boulet (Mostefa Ben Brahim), fut créée en 1874 avec un territoire de 2 130 ha, agrandi par la suite sur 2 332 ha en plaines et montagnes. Avec une altitude de 550 m, le village est situé dans une cuvette à l’est du djebel Ouled Slimane et au sud du djebel Guétarnia sur la route de Relizane au Maroc en passant par Mascara et Sidi-Bel-Abbès. Des sources abondantes donnaient une eau d’excellente qualité. Températures de 10 °C au-dessus de zéro en hiver avec, en été, une chaleur étouffante atteignant 38 °C. En 1887, quelques années après sa création, Mercier-Lacombe était déjà une grosse bourgade de la commune mixte de la Mekerra, qui s’étendait jusqu’à Ténira et réunissait une population de 14 325 habitants des douars environnants. Au début du siècle, Mercier-Lacombe avait déjà un vignoble de 700 ha donnant 12 000 hectolitres d’un vin rouge très apprécié pour sa forte coloration et une teneur alcoolique voisine de 13° à 14° apportées par des cépages comme le carignan, le mourvèdre, le morastel et l’alicante-bouschet. Du fait de leur évolution vers la viticulture, ces agriculteurs employaient une nombreuse main-d’œuvre autochtone venue des douars environnants. Ce nouveau vignoble de 3 800 ha était alors partagé entre 64 viticulteurs parmi lesquels de nombreux descendants de ceux qui étaient déjà à Mercier-Lacombe à la fin du XIXe siècle. Cultivant en moyenne, selon leurs traditions et leurs conceptions, une soixantaine d’hectares, chacun de ces agriculteurs vivaient et faisaient vivre de la vigne  une grande majorité de la population locale à laquelle ils distribuaient des salaires, certes toujours insuffisants. En 1956, sur ses 3 800 ha de vignes, Mercier-Lacombe produisait 170 554 hectolitres de vin dont 8 856 de vin blanc, soit en moyenne 44 hectolitres par hectare. En 1946, 10 ha de betteraves sucrières étaient cultivés à titre expérimental. En 1953, l’unique sucrerie d’Afrique du Nord était construite à Mercier-Lacombe. Ce projet répondait à divers besoins mis en évidence par le souvenir de la grande pénurie de sucre qui affecta l’Algérie durant la Seconde Guerre mondiale.  Le bilan économique de trois campagnes se soldait par la culture de 8500 hectares de betteraves avec la production de 7000 tonnes de sucre et le versement de salaires agricoles et industriels. La sucrerie Bruguier et Cie, comme toutes les autres activités agricoles avait sa place à Mercier-Lacombe. Mercier-Lacombe, durant la campagne 1955-1956, il y eut 78 agriculteurs dont 50 propriétaires musulmans qui investirent dans la betterave à sucre cultivée sans recourir à l’irrigation. La betterave offrait alors des perspectives de diversification et d’industrialisation tout en répondant à une importante demande en sucre de la population. Dans la commune de Sfisef se trouve un ancien cimetière romain et des tombes berbères. Sfisef comprend plusieurs douars dont le plus important est celui de Souabria sur le flanc de la colline qui domine Sfisef et qui servit de point d’appuis logistique et de renseignement durant la guerre de libération nationale. À l’indépendance, la commune reprend le nom ancien de Sfisef, elle possède plusieurs écoles dont la plus importante est l’ex école indigène de la gare qui a formé beaucoup de spécialiste dans divers domaines. En 1997, entre la commune d’Ain est devenu Adden et Sfisef, 11 institutrices et 1 instituteur furent égorgés par des terroristes8. Sur les lieux même de ce crime, une importante stèle a été dressée à leur mémoire.