Saeeda otmanetolba et sabrina challal signent leurs recueils de poésie : Poétiquement vôtre…

Saeeda otmanetolba et sabrina challal signent leurs recueils de poésie : Poétiquement vôtre…

P141022-05.jpgJe m’excuse pour le bonheur et Comme un souffle sur ma nuque sont tombés à point nommé afin de préserver nos âmes sensibles…

La librairie internationale Aurassi Omega a organisé samedi dernier une vente-dédicace avec deux poétesses de talents ayant étrenné fraîchement la sortie de leur recueil de poésie. Il s’agissait de Sabrina Challal pour son recueil Comme un souffle sur ma nuque et Saeeda Otmanetolba pour son recueil Je m’excuse pour le bonheur parus tous deux aux Editions Lazhari Labter. La vente-dédicace a été suivie d’une lecture de poésie au grand bonheur des présents.

Sensualité du mot, de la pensée charnelle est la caractéristique de Sabrina, une poésie qui, soliloque, déverse son trop-plein d’émotion à un destinataire, imaginaire ou non. Mais cependant salvateur pour que cesse enfin sa folie et s’apaise son ivresse, sa fièvre… Amant du dimanche ou rêve exalté, Sabrina Challal réinvente le fantasme qui coule entre ses doigts au gré de son clavier du haut de ses 24 printemps et pourtant, des mots si forts, sans point d’hésitation, ni d’égarement, juste cette soif de liberté effleurée, au coeur au contact de l’Autre et ses divagations.

«Il déchaîne dans mes vers une frénésie d’amant» pourrait bien résumer l’état d’esprit de sa poésie diaphane qui prend souvent des allures d’incandescent appel à l’éros. Une poésie si légère qui rappelle la suavité de la poésie romantique classique, amarrée à un siècle révolu mais que la poètesse parvient à réinventer ici avec délice. Une bienséance qui souvent la dispute à la morale et que la poètesse combat avec force en apposant un trait majestueux fait de grâce et volupté.

Tout n’est que mouvement et frémissement dans cette littérature qui se confond avec la peinture des sentiments naissants et des passions inavouées ou concomitantes. Les poèmes de Sabrina n’ont point de titres, seules se suit une succession de poèmes où l’on devine où ça commence et quand cela se termine. La femme est omniprésente tandis que se célèbre souvent l’abandon de celle-ci au bien-aimé.

Une écriture à la Rimbaud et Verlaine, sorte de confessions intimes d’un amour pas si maudit que ça, mais expiré ou bien tant redouté, mais marqué indubitablement du saut de désir jamais résolu, ni dompté. L’amant dans tout son éclat fuyant, Sabrina n’en fait qu’une bouchée. Et elle vole au-dessus de sa tête comme un papillon fragile qui trace ses pas. Car semble-t-il elle sait de quoi est elle capable à la fin… dans un autre registre poétique relève le recueil de Saeeda Otmanetolba qui contrairement à Sabrina ne fait pas de fixation sur un seul sujet mais brasse une multitude de directions, comme peuvent être divers les chemins du possible qui puissent l’entraîner sur la route inlassable du bonheur.

Pas d’obsession, mais des digressions savantes et éblouissantes comme son écrit imagé. Une sorte de nectar généreux de cassure et de réinvention de soi. Un fil ténu auquel s’accroche la poétesse pour exister et larguer ses amarres d’artistes. Ses mots se font parfois espérance, rire, parfois douleur et peur. Son écriture est une réelle catharsis où elle épanche son moi sombre, fait de haut et des bas, entre le noir et le gris, le banc et le rose sans disconvenir.

Saeeda crache ses mots, exulte, expurge sa peine comme d’autres leur venin, néanmoins avec classe et émotion à toute épreuve et nous fait partager ainsi ses épreuves de la vie, avec élégance. Car elle respire, se lamente parfois, mais se donne en vers, se vide, se dépense, glisse, se fait violence. Son écriture se fait tantôt feu sacré, tantôt balbutiements fragiles, mais souvent se clôturant par un point d’exclamation.

Façon de dire sa colère en augmentant l’emphase de sa phrase, accentuer l’intonation, puis revenir au calme. Lire ses vers c’est aussi respirer et sentir chaque mot. La mère, le père, la femme et même à Djamel Amrani auquel le poème «ne t’endors pas» est dédié, sont invoqués par Saeeda qui vide son sac et creuse les sillons jusqu’à ses cauchemars susurrés à demi-mot, ses songes inavoués pour se soulager enfin et réapprendre à vivre.

Entre une vie professionnelle remplie et un monde parallèle fait d’art et de littérature, dans lequel elle s’y baigne allégrement, l’artiste Saeeda Otmnanetolba est une femme comblée qui, loin de la grisaille de la vie sait goûter au bonheur et le faire propager autour d’elle. La preuve, ce recueil de poésie, née de son amour pour la vie. Inlassablement…