Rétrospective d’Akacha Talbi à la galerie Racim: «La peinture, ma passion et mon îlot d’évasion»

Rétrospective d’Akacha Talbi à la galerie Racim: «La peinture, ma passion et mon îlot d’évasion»

L’artiste peintre Akacha Talbi, qui fête ses cinquante ans de pratique artistique, expose ses œuvres du 5 au 26 août courant à la galerie Mohamed-Racim à Alger.

 

Lorsqu’il parle de sa peinture, Akacha Talbi a les yeux brillants d’étoiles et la tête pleine de gazouillis d’oiseaux. Il est comme un enfant toujours émerveillé par tout et par ces petits riens qui font ces instants de bonheur. En cela, Akacha n’a-t-il pas trouvé le bonheur ? Sa passion le titille et le booste et lui, il s’en abreuve goulument et à satiété comme une sorte d’élixir. L’artiste cherche à découvrir l’inédit et il va toujours de l’avant. Adepte du changement, il ne se cantonne pas dans un style ou une technique. Sa nouvelle exposition «Rétrospective» qui se tient à la galerie Mohamed-Racim témoigne de son indéniable talent et de sa grande maîtrise picturale. Ses 60 toiles et 110 peintures sur papier rappellent sa longue expérience dans le domaine, lui qui a fait son cursus à l’Ecole nationale des beaux-arts. De visu, ses innombrables et superbes compositions dévoilent une peinture sereine empreinte de douceur et de bien-être. Ses thématiques diversifiées se circonscrivent dans l’admiration à Dame nature, avec ses marines et ses magnifiques paysages bucoliques. A cet effet, il précise : «J’aime la nature mais je ne reste pas esclave de celle-ci».

L’autre registre qu’il semble affectionner, c’est celui des portraits de femmes. Femmes, belles, silencieuses, énigmatiques dont seul Akacha en connaît le secret. Il en a toute une série. Ouvert à toutes propositions qui vont dans le sens de la découverte, l’artiste s’engage résolument et pleinement. Dans son art, il n’hésite pas à tenter diverses techniques. Dans ce large panel de toiles, plusieurs techniques ont été utilisées, entre autres, la peinture à l’huile, pastel, aquarelle, crayon, levis (encre et eau) et linographie. Dans toutes, le plasticien émérite excelle.

Paisible palette

Pour les supports, il les a tous essayés notamment papier, toile et papier marouflé sur couche de contreplaqué. A ce sujet, il avoue : «Je suis très à l’aise dans toutes ces techniques».

En outre, pour peindre, le pinceau, les doigts, et le couteau sont ses outils de prédilection. Il n’hésite pas à utiliser ses doigts. D’ailleurs pour cette exposition, de nombreuses et admirables marines exécutées au doigt se trouvent sur les cimaises de cette galerie. La palette d’ Akacha Talbi est paisible, exquise et radieuse.

Ses couleurs sont tantôt éthérées, aériennes et vaporeuses. De ces toiles, émanent la délicatesse, la finesse et l’élégance. Elles traduisent ce bonheur qui est en lui. D’autres, sur papier, ont des tons plus vifs montrant une force et une robustesse dans le dessin. Il a cette ingéniosité de savoir conjuguer avec harmonie les chromatiques. Dans les teintes ardentes, c’est cette vigueur que l’on retrouve et dans les nuances légères, la délicatesse et l’élégance sont omniprésentes. Une dualité que l’on ressent parfois et qui sort comme un geyser. Le style d’Akacha ? Il est quasiment interdit de le cantonner dans une tendance. «Je refuse de me cloisonner dans un genre. Invariablement, je me vois mal faire la même chose. L’artiste c’est la création et il représente le dynamisme et le changement. Témoin de son temps, il exprime sa douleur, ses humeurs, ses préoccupations et ses états d’âme», dit-il. Pour ses états d’âme, l’artiste chevronné en a, mais la peinture les adoucit et ils se reflètent dans ses compositions agréables. Ses paysages buccoliques d’une grande authenticité suscitent beaucoup d’émotions agréables et une sensation d’apaisement. Les silhouettes de couleurs noires, rouges et orange suggèrent les ombres chinoises ou celles du test psychologique.

Eternel insatisfait

Par son art pictural, le plasticien s’abreuve à cette source et se ressource. Cette passion est son baume qui le booste pour faire d’extraordinaires compositions. Eternel insatisfait, le plasticien talentueux ne cesse de se ressourcer. Ce professeur de dessin à la retraite ne vit pas de son art. «Je ne veux pas être tributaire de cet argent, c’est indécent, mon devoir est de le répandre dans des collections. Aussi, je fais des restaurations de tableaux, de la brocante et j’entretiens ma peinture», explique-t-il quelque peu outré, d’être taxé de vivre de sa peinture. Pour l’artiste, cette exposition est une mini rétrospective de ses cinquante années (collections de 1967/ 2017) dans ce secteur. Il compte préparer prochainement une autre exposition plus élaborée et plus étoffée. Il est à relever que l’artiste a à son actif de multiples expositions individuelles et collectives au niveau national et international. Ses prémices picturaux remontent à sa participation au premier festival panafricain de 1969. Il fait partie de la génération des années 1960 avec Hioun, Hakkar, Nedjar , Chegrane, Samson et Bencheikh etc. Artiste consacré, empreint d’humilité et de détermination, Akacha Talbi ne cesse de débusquer de nouveaux horizons pour sa peinture. Indéniablement, cet habile plasticien a pour credo le changement comme ressourcement à sa créativité et à son imaginaire. L’ensemble de sa sublime œuvre est à découvrir.

Kheira Attouche