Rencontre-dédicace à béjaïa : Arezki tahar nous fait découvrir sa ville, sa pupille

Rencontre-dédicace à béjaïa : Arezki tahar nous fait découvrir sa ville, sa pupille

bjaya.jpgLe beau livre que Kiki est venu présenter pour la première fois dans sa ville natale est une balade obligée pour ceux qui veulent immerger dans une ville méditerranéenne, plusieurs fois millénaires et assurément ensorceleuse.

Arezki Tahar a présenté, dans la soirée de mercredi passé, Béjaïa ma ville, ma pupille…, son livre d’art, qu’il vient de publier à compte d’auteur. Mais la vente-dédicace était inhabituelle. Le public, nombreux, n’est pas venu seulement acheter l’album photo, préfacé par le grand écrivain Rachid Boudjedra, se photographier avec l’auteur – Kiki, pour les intimes, c’est-à-dire en gros tout le monde. En effet, Arezki Tahar, l’ami des artistes, des journalistes, des militants sociopolitiques, a innové en louant un espace dans l’hôtel Cristal 2 et fait appel à la troupe du conservatoire, l’association Ahbab Cheikh Saddek Lebdjaoui, pour y animer une soirée, comme il a toujours su y faire, lui, l’ancien directeur du théâtre de la ville.

Et pour la soirée de Kiki, il y avait quasiment tout le monde. Même le wali, qui était convié à la rencontre organisée par la Société de distribution de gaz et de l’électricité de Béjaïa, n’a pu résister à l’envie de se rendre à la fête d’à côté où étaient présents le président de l’APW de Béjaïa, le DG du port, des patrons, des militants associatifs, politiques, des journalistes, des artistes et des citoyens lambda. Le livre d’art, que Kiki est venu présenter pour la première fois dans sa ville natale, est une balade, obligée pour ceux qui veulent immerger dans une ville, méditerranéenne, plusieurs fois millénaires et assurément ensorceleuse.

Beaucoup de marins ayant fait escale dans cette ville d’histoire n’ont jamais validé le ticket retour ; rares sont les cadres de la wilaya, voire les walis qui ont quitté Bgayet… allez savoir pourquoi !? Les marins, qui y avaient fait escale, étaient de toutes les nationalités.

Même le légendaire Ibn Battuta avait choisi l’antique Saldae pour y traverser la Méditerranée, après avoir parcouru plusieurs villes depuis son Tanger natal. Forcément, le livre d’Arezki Tahar ne peut laisser indifférent. En photographiant durant des années – en gros depuis que Kiki a pu s’acheter un appareil photo – des gens ordinaires, des personnages, parfois pittoresques, que Rachid Oussada, Dadi Zaïdi ou Hamid Tighidet appelleraient des “meubles” de Béjaïa, il a réussi à nous faire replonger dans les années 1970, 1980, et débordé même jusqu’aux années 1990 ; il a su capter au fil des décennies ce sourire, ce regard particulier, “bougiote” dira un nostalgique, qu’on croyait à jamais perdu jusqu’à ce que Kiki nous surprenne par ce beau livre qu’il faut absolument avoir à la maison et surtout offrir.

Car il n’y a pas meilleure invite pour celui qui découvre pour la première fois l’ancienne capitale des Hammadites, il n’y a pas plus beau livre d’histoire que cet album de photos. Ce sont des photographies d’art, il est très important de le rappeler ; ce n’est franchement pas un travail d’amateur. Le livre est décliné par Kiki, qui en a profité pour dire que Rachid Boudjedra, retenu ailleurs, aurait souhaité être des nôtres ; il fait défiler le diaporama avec un support musical, une mandoline superbement produite par l’une des filles du conservatoire de Béjaïa.

Mais le dénominateur commun de ces dizaines de photos à couper le souffre : la mer. On comprend aisément le rapport du Béjaoui, du Bougiote, à la mer. Pour ceux, qui connaissent Kiki, c’est-à-dire quasiment tout le monde, il n’y a pas de discussion possible avec lui sans qu’il n’évoque la mer, les Aiguades, Tamelaht, Pertouz, l’île des Pisans, Djerba – Kiki ne dira jamais Boulimat comme on l’appelle aujourd’hui. Arezki Tahar a dédié son ouvrage à son défunt père, d’où l’emprunt d’une citation de François Cheng : “La beauté est partout et elle mérite d’être vue par tous.

” C’est ce qu’il a réussi à restituer en photographiant, plus exactement en immortalisant des séquences de vie au quartier de l’ancienne ville Bab Louze, avec les intérieurs des maisons datant parfois de l’époque ottomane, El-Houma Oucherchour, le port de pêche et ses pêcheurs, mais aussi des sites féeriques : la corniche, cap Carbon, etc. Les photos de l’intérieur des maisons de l’ancienne ville, de la Casbah, sont à couper le souffle. Il y a la patte d’un artiste, un vrai, d’un poète et même d’un soufi qui s’ignore.

M. O.