Relance du cinéma : Mihoubi présente son scénario devant le Sénat

Relance du cinéma : Mihoubi présente son scénario devant le Sénat

Devant les membres du Conseil de la nation, hier, qui l’interrogeaient sur la politique culturelle du pays, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, est longuement revenu sur la stratégie de relance de l’industrie cinématographique. L’occasion d’annoncer qu’un projet de loi devant régir cette industrie était actuellement à l’étude.

L’objectif attendu est de définir les modalités des coproductions cinématographiques avec les partenaires étrangers, des collaborations, dira-il, qui devront obéir « à des cahiers des charges clairs ». Il s’agira, par ailleurs, selon M. Mihoubi, de permettre aux cinéastes étrangers de travailler en Algérie, et de citer comme exemple les studios de cinéma qui prolifèrent chez nos voisins tunisien et marocain.

Il souligne que l’Algérie recèle d’immenses possibilités dans ce domaine par la richesse et la diversité de ses paysages. Le but principal est d’intégrer l’industrie cinématographique dans l’économie du pays, ce qu’il avait déjà évoqué en octobre dernier lors de l’inauguration du premier studio de tournage du Centre algérien de développement du cinéma (CADC).

Revenant par ailleurs sur la question des salles de cinéma, M. Mihoubi, qui avait regretté, dès son arrivée à la tête du ministère, que 95% des quelque 400 salles du pays étaient soit inutilisables, soit détournées de leur vocation, a indiqué hier qu’à l’heure actuelle, seules 70% des salles restent inexploitables. Il explique qu’il est difficile pour le ministère de récupérer les salles qui dépendent des communes, mais l’objectif reste que « chaque wilaya dispose de 2 à 3 salles obscures ».

A ce titre, M. Mihoubi fait savoir que «plusieurs opérateurs privés ont déposé des demandes d’autorisation pour la construction de multiplex», de même que la collaboration enclenchée avec l’Iran depuis décembre 2016 allait déboucher sur la construction d’un laboratoire de restauration de bandes.

Il a toutefois expliqué que l’absence de salles, et par conséquent l’impossibilité d’exploiter pleinement les films financés par l’Etat, était à l’origine de la décision du ministère de limiter les subventions publiques accordées aux projets cinématographiques : «Nous aurions dû commencer par œuvrer à la restitution des salles au lieu de financer la production de nouveaux films (…) Actuellement, nous commençons seulement à exploiter certaines salles de façon commerciale ».

Des aides pour les associations dans les zones reculées

Le ministre de la Culture a par ailleurs déclaré que le rôle de l’Etat dans le domaine culturel doit être modifié de telle sorte à « donner plus d’importance à l’enfant et surtout faire en sorte de réaliser les besoins culturels des personnes souffrant de handicap ».

« Nous devons aussi faire parvenir le produit culturel dans des zones isolées et cela à travers l’organisation d’événements et aider financièrement les associations culturelles dans ces zones», a-t-il souhaité, et de rappeler la «responsabilité de l’Etat dans la restauration des monuments culturels et historiques car ces derniers nécessitent des moyens financiers et surtout humains, ce que nous pouvons réaliser progressivement dans les années à venir».

Selon le ministre de la Culture, il est important de « promouvoir le rôle de la culture dans la réalisation de la sécurité nationale et ce, grâce à la sécurité culturelle, qui est liée à l’identité mais aussi à la sécurité et à la stabilité du pays », a-t-il précisé.

« Il faut aussi promouvoir la diplomatie culturelle, en ouvrant des bibliothèques dans les ambassades algériennes qui se trouvent à l’étranger », recommande-t-il.

Sur le plan fonctionnel et financier de son ministère, M. Mihoubi a révélé que le nombre de sociétés sous tutelle est de 177, employant 17 000 fonctionnaires.

Ce qui lui fait dire que « l’Etat gaspille trop d’argent dans ces entreprises qu’il serait possible de fusionner et structurer afin d’améliorer leur gestion en valorisant la dimension économique de la culture », a-t-il estimé.