Pupille de Riadh Hadir: Une réflexin sur la foi et ses dérives

Pupille de Riadh Hadir: Une réflexin sur la foi et ses dérives

En présentant le roman «Pupille» de Riadh Hadir avant-hier à la librairie Chaib Dzair à Alger, Sid Ali Sekhri, modérateur des rencontres littéraires de l’Anep, a frappé très fort pour la première rencontre de l’année.

Autour de l’ambiance habituelle où fusent convivialité exigeante et débat fructueux, Sid Ali Sekhri a tenté tant bien que mal de présenter le roman de Riadh Hadir, et ce, sans trop spolier l’intrigue de ce livre. Pupille, premier roman de Riadh Hadir, est ce qu’on appel le un roman d’anticipation, de fiction, une satyre sociale ou une œuvre dystopique. Le livre dépeint différents sujets et plonge le lecteur dans le monde post-guerre, post-grande guerre où chaque sujet, aliéné et sans libre-arbitre, chemine entre deux univers qu’il a imaginés, le Nouveau Maghreb et l’Union occidentale.

«Il existe très peut d’auteurs dans le monde et encore moins en Algérie à s’être frottés au roman d’anticipation. Et Riadh Hadir le fait avec brio et dans une langue magnifique», dira d’emblée Sekhri. Ainsi, Riadh a choisi de parler du vécu actuel comme prétexte pour évoquer un futur incertain qui l’angoisse et qu’il appréhende.

Il décortique dans son livre le sens de la foi, ses valeurs et ses exigences qui peuvent mener selon lui à des formes d’extrémisme. «Cela dit, je ne parle pas que de foi religieuse dans le livre. Les personnages ont différentes formes de foi. Ce qui pose des soucis, ce sont les dérives de la foi, l’extrémisme. Comme c’est le cas pour certains personnages qui aiment leur travail et en font leur raison de vivre et ainsi basculent dans des dérives extrémistes».

«La foi est l’ardent carburant de notre espèce. La foi divine, idéelle, scientifique, matérialiste, amoureuse ou amicale guide l’humain sur le chemin de la conquête.

Comme tout carburant, la foi est instable lorsqu’elle est maniée sans discernement. Le dévot devient extrémiste, l’ami ennemi et le savant guerrier. Il est raisonnable de supposer que toute mutation historico-sociale, indépendamment de ses conséquences souvent désastreuses, est le fruit d’un idéal fort et intense porté par une foi inébranlable.

Pupille, à travers les différentes facettes de ses personnages, conduit le lecteur sur un chemin maculé de fois brisées, mauvaises ou dévoyées. Une foi saine, fraîche et intacte peut mener vers un salut que l’on croit perdu», peut-on lire par ailleurs en quatrième de couverture. Une couverture, un titre, des couleurs et des images choisis par l’auteur lui-même.

Authenticité contre modernité

Par ailleurs, l’auteur évoque aussi dans son livre les médias et les formes de manipulation qu’ils peuvent avoir. Aussi, il pose la problématique de l’authenticité et de la modernité qui ne reflètent pas forcement le modèle occidental «mais qui est plus un état d’esprit».

Il évoque entre autres l’individu et sa subjectivité qui peut vite devenir un danger dans l’univers de Pupille… Riadh Hadir, graphiste de formation, pose ainsi dans son livre moult problèmes sans pour autant les solutionner.  « La fin du livre est libre à toute les interprétations… même si je ne compte pas pour autant en faite en suite… » A-t-il indiqué.

Avec un pessimisme éclairé, l’auteur âgé de 35 ans donne l’impression d’avoir vécu plusieurs vies, et avant tout, pousse les lecteurs à dévorer Pupille.

«J’écris depuis tout petit même si j’ai jamais pensé à publier jusqu’au jour où une amie m’a conseillé de le faire en participant au prix Mohamed Dib (qu’il obtient).

Ce jour-là, j’ai sorti du terroir des écrits qui me parlaient le plus, et c’était Pupille, a-t-il déclaré.

Disponible en librairie depuis début septembre, Pupille de Riadh Hadir, Roman, 216 pages. Editions Anep, Alger, 2e semestre 2017.  Prix : 800 DA

Sara Boualem