Ouverture hier du colloque international sur la Numidie de Massinissa : “Connaître son passé pour mieux avancer dans l’avenir”

Ouverture hier du colloque international sur la Numidie de Massinissa : “Connaître son passé pour mieux avancer dans l’avenir”

slide_1_140920110627.jpgCette manifestation ouverte hier matin au centre culturel M’hamed-Yazid, en présence des ministres de la Culture et de l’Éducation nationale, regroupe une vingtaine de chercheurs, d’historiens et d’archéologues algériens et étrangers représentant des universités de France, d’Italie, de Grèce, de Tunisie et des USA.

Pour mieux résister aux troubles géopolitiques qui secouent les pays d’Afrique du Nord et qui sont, selon plusieurs observateurs, inhérents aux intérêts des anciennes puissances coloniales, il est important de connaître son passé et son histoire. Sinon comment saurions-nous de quoi sommes-nous capables ? Massinissa, premier roi numide, est un des exemples édifiants de cette histoire, car il a régné sur un royaume puissant, aussi bien sur le plan économique que militaire, et ce, pendant plus d’un demi-siècle. Tout cela au moment où la région était marquée, comme aujourd’hui, par un contexte géopolitique qui frôle le chaos.

De ce fait, un colloque international sur le roi amazigh Massinissa s’est ouvert, hier, au centre culturel Mohamed-Yazid, à El-Khroub, à Constantine, capitale de la Numidie. Cette rencontre, première du genre, a été placée sous le thème “Massinissa, au cœur de la consécration d’un premier État numide”. Elle a été organisée par le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) et verra la participation d’une vingtaine d’historiens venus d’Algérie, mais également de plusieurs autres pays dont l’Italie, la Tunisie, ou encore les USA.

Tous s’accordent à dire que l’histoire est une nécessité et s’impose par son existence, il est donc essentiel de bien connaître son passé pour pouvoir avancer dans l’avenir. En effet, c’est l’une des réflexions qui a été mise en relief par les participants dont Mme la ministre de la Culture Nadia Labidi. Celle-ci a mis l’accent, dans son allocution inaugurale du colloque, sur l’importance de “toujours relier le passé et le présent afin d’aborder un futur plus serein”.

Pour Mme la ministre, il s’agit, en fait, d’un voyage historique et culturel pour rendre honneur aux anciens et par la même assurer un avenir meilleur à la génération future. À cet effet, Mme Labidi a rappelé que son département encourage toute production — qu’elle soit cinématographique, télévisuelle ou encore sous forme de bande dessinée — qui met en avant l’histoire, aussi lointaine soit-elle, de l’Algérie. Elle fera référence à deux productions retraçant la vie du chahid de la Révolution Ahmed Zabana ou celle consacrée à l’héroïne populaire Lala Fadhma N’soumer et qui seront projetées durant les journées dédiées au cinéma.

Ces projections vont essentiellement cibler les lycéens. Les rapports entre les langues amazighes selon Christopher Eherd et Andrew Kitchen ont été développés durant la journée d’hier par l’archéologue italienne, Elizabeth Fentress. Cette dernière s’est attardée sur le rapport de la linguistique avec son histoire, prenant pour exemple le cas des Gétules (ancien peuple établi en Afrique du Nord pendant la protohistoire, ndlr) et des Numides. L’intervenante a notamment fait état de la nécessité, pour les chercheurs d’appliquer les techniques spécifiques à la théorie de la classification phylogénétique qui est, a-t-elle précisé, un système de classification des êtres vivants ayant pour objectif de rendre compte des degrés de parenté entre les espèces afin de connaître leur histoire évolutive ou “phylogénie”.

De leur côté, les conférenciers américains Matthew M. Mc Carty et Joséphine Crawley ont fait état des “échos de la civilisation punique, de ses rites et de ses institutions, ou lois fondamentales régissant un État et de sa langue”. Les intervenants ont assuré qu’après la chute de Carthage, pire ennemi de Massinissa, les invasions culturelles puniques ont continué à faire écho et à s’infiltrer au sein du royaume des successeurs héritiers de Massinissa. Il faut savoir que les axes thématiques des travaux, qui se déroulent jusqu’au 22 du mois en cours, s’articulent autour de la situation géopolitique en Afrique du Nord avec l’avènement des royaumes berbères, de la deuxième guerre punique, de la bataille de Zama et du rôle joué par la cavalerie numide, de l’intronisation de Massinissa et la fondation de la Numidie, de l’organisation sociopolitique, économique et militaire de la Numidie et enfin de la place de la langue et de la culture amazighes sous le règne de Massinissa.

L N/APS